Après le rapport de la commission d’enquête parlementaire de 1997 et ses suivis légaux et pratiques, peut-on toujours considérer les Témoins comme une secte ?
Le terme « secte » étant devenu péjoratif, on parle depuis 2006 de groupe à pratiques et à dérives sectaires, où l’on se situe par rapport à des comportements à risques en fonction de l’âge, de l’état de santé, de la fragilité personnelle. Elles sont toujours bien présentes : depuis que notre centre existe, soit depuis 10 ans, nous continuons à recevoir des demandes d’informations de manière récurrente et constante.
Avec, parmi celles-ci, un grand nombre de questions autour de l’abus sexuel sur les enfants…
Il y a en fait une controverse sur la cohérence entre les règles internes et externes des Témoins par rapport à cette question. Sur base de ce que la Watchtower nous déclare, on peut se demander dans quelle mesure les enfants sont protégés contre les délits sexuels. En effet, la WS donne une liste de pédophiles condamnés ou reconnus coupables, mais cela, sur base d’un ou de deux témoins internes. Il y a donc déjà une appréciation des faits selon ce qu’ils appellent la loi de César; en outre, il y a une exception gênante : un servant ministériel, comme ils appellent leur « ministre du culte », qui mène une vie exemplaire après avoir reconnu son péché sera couvert. Nous nous demandons dès lors si ces directives protègent les enfants ou plutôt la « pureté », comme ils disent, de leur organisation.
Depuis 1997 et tout ce qui a suivi, peut-on parler d’une évolution positive en Belgique pour ce qui est des Témoins de Jéhovah ?
Je ne parlerai en tout cas pas d’une ouverture à la société. On assiste, au contraire, à une évolution inverse qui devrait faire réfléchir. Quand on examine par exemple la loi sur les droits des patients, l’on se rend compte que le législateur a fini par rencontrer le droit de refuser une transfusion sanguine. Une évolution qui n’est cependant ni unique, ni récente, si l’on veut bien se rappeler comment on en est arrivé aussi à admettre un certain refus du service militaire.
La Libre Belgique
http://www.lalibre.be/actu/belgique/article/517825/3-questions-a-henri-de-cordes.html