La chambre du Conseil de la cour d’appel de Bruxelles a estimé qu’il y avait suffisamment d’éléments pour ouvrir le premier procès en Belgique contre deux personnes morales — la branche belge de l’Eglise de scientologie et le Bureau européen pour les droits de l’homme, une émanation à Bruxelles du siège américain de l’Eglise de scientologie –, et contre dix de leurs dirigeants.

La décision peut faire l’objet d’un appel dans les 15 jours devant une juridiction supérieure, la chambre des Mises en accusation, qui devrait alors statuer dans les prochains mois.

La branche belge de l’Eglise de scientologie a immédiatement laissé entendre qu’elle entendait faire usage de ce droit d’appel, indiquant dans un communiqué qu’elle était déterminée à se battre contre toute procédure pénale biaisée qui violerait ses droits fondamentaux, et cela jusqu’à obtention finale d’une vraie justice.

Si un procès a lieu, les scientologues belges devront répondre aux accusations du parquet fédéral, qui considère qu’ils ont mis sur pied une organisation criminelle s’étant rendue coupable notamment de fraude, de pratique illégale de la médecine, de violation de la vie privée et d’extorsion.

En principe, une organisation qualifiée de criminelle par la justice risque d’être interdite, selon la presse belge.

La première enquête en Belgique concernant l’Eglise de Scientologie avait été ouverte en 1997 sur la base de plaintes d’anciens adeptes qui avaient dénoncé les pratiques sectaire de l’Eglise.

Dix ans plus tard, le parquet avait réclamé le renvoi en correctionnelle des deux associations scientologues, ainsi que de douze de leurs dirigeants.

Mais avant qu’une décision soit prise, une seconde enquête avait été ouverte, cette fois à la suite d’une plainte en 2008 de l’Office bruxellois pour l’Emploi (Actiris), qui accusait les scientologues d’avoir publié de fausses offres d’emploi dans le but de recruter de nouveaux adeptes.

Finalement, les deux enquêtes ont été fusionnées et soumises à la chambre du Conseil, qui a donc décidé jeudi de renvoyer les deux associations scientologues et dix de leurs cadres devant le juge du fond. En revanche, les faits sont prescrits pour l’une des personnes visées et le dossier d’une autre, anglophone, doit être scindé du reste de l’affaire, selon la juridiction d’instruction.

– Inquisition –

Nous ne pouvons que constater que cette enquête interminable n’est rien de moins qu’une inquisition moderne et un affront à la liberté de religion et aux droits de la défense, indique le communiqué des scientologues belges.

La longueur de l’enquête montre que les faits sont inexistants et que le dossier est constitué de rumeurs, de procès d’intention et de mensonges sur ce qu’est réellement la religion de scientologie, qui ne devrait pas être traitée différemment des autres religions, poursuivent les scientologues.

Classée en France parmi les sectes par plusieurs rapports parlementaires, la scientologie est considérée comme une religion aux États-Unis et dans plusieurs pays européens. Fondée par l’écrivain américain de science-fiction Ron Hubbard, elle revendique 12 millions d’adeptes dans le monde.

(©AFP / 27 mars 2014 14h22)