Six ans après la vague de perquisitions menées simultanément à Bruxelles et en l’église de Saint-Antoine de Padoue à Montignies-sur-Sambre, le père Samuel voit enfin son dossier aboutir devant la chambre du conseil de Charleroi. Ce lundi, l’audience servira uniquement à fixer un calendrier pour ce procès qui verra Charles Clément Boniface répondre d’une litanie d’inculpations. Le réquisitoire du parquet attribue en effet une série de méfaits au prêtre, à en faire pâlir les clients habituels du palais de justice. On lui reproche ainsi des faits de blanchiment d’argent et d’escroquerie portant sur 1,4 million d’euros. Dix-sept personnes se sont d’ailleurs constituées parties civiles contre le religieux qui se défendra également d’abus de confiance puisque le ministère public le soupçonne d’avoir utilisé des dons à des fins personnelles. Son ASBL Saint-Rita, basée à Bruxelles, est elle aussi pointée du doigt par la Justice qui l’accuse d’abus de biens sociaux, de faux et usages de faux et d’avoir déclaré de faux bilans comptables.

Mais la liste des inculpations ne s’arrête pas là. Cinq personnes ont en effet déposé plainte pour exercice illégal de la médecine. On sait que de nombreux fidèles du père Samuel lui attribuent des dons de guérisseur. Mais le seul fait d’imposer les mains sur un «patient» et de toucher ainsi au psychique en fait-il pour autant l’auteur d’une infraction? C’est ce que le parquet devra démontrer, lui qui accuse aussi le religieux d’avoir violé le secret professionnel, en l’espèce, celui de la confession. Le père Samuel est en outre poursuivi pour avoir célébré illégalement des mariages. En clair, d’avoir dirigé une union religieuse avant la civile, ce que seul le roi peut faire dans notre constitution. Enfin, et c’est sans doute la partie la plus sensible du procès, Charles Clément Boniface est soupçonné d’attentats à la pudeur et de viol par ruse. Les plaintes déposées par des ex-fidèles sont particulièrement anciennes et sans doute prescrites pour certaines d’entre elles. Encore faut-il qu’elles soient fondées. Cela avait en tout cas valu au prêtre de lever sa soutane chez le médecin légiste afin que ce dernier vérifie les détails anatomiques précisés par les plaignantes…

Le père Samuel, qui rassemble toujours autant de fidèles en son église, dément formellement toutes ces accusations. Quatre avocats le défendront d’ailleurs devant la chambre du conseil dans ce dossier qui a déjà épuisé trois juges d’instruction et deux magistrats du parquet.

Source: lavenir

par Frédéric Dubois

http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=dmf20141123_00562831