BELGIQUE Alain Destexhe revient à la charge avec un texte destiné aux PO.
La charte de la laïcité à l’école, portée par le ministre de l’Education nationale François Peillon (PS) est affichée dans toutes les écoles françaises depuis le mois de septembre. Balisant l’attitude que les établissements scolaires doivent adopter face à un certain nombre de phénomènes liés au religieux, le texte a fait un relatif consensus politique. Considérant que « les problèmes rencontrés en France sont les mêmes qu’en Belgique » , le député MR Alain Destexhe espère que son adaptation belge de cette charte, qu’il soumettra ce vendredi au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, rencontrera le même succès. Rien n’est évidemment moins sûr, mais le libéral n’entend pas lâcher les rennes de l’un de ses chevaux de bataille favoris.
Ainsi, son projet de résolution est axé sur l’affirmation de la neutralité de l’Etat propre à la Belgique et distincte de la laïcité officielle de la république française. Ce concept vient ici soutenir quinze articles appelés a s’afficher clairement dans l’ensemble des établissements scolaires de l’enseignement officiel ainsi que du libre non confessionnel (adhérant au décret du 17 décembre 2003) et à intégrer leurs règlements d’ordre intérieur. Ils invitent les pouvoirs organisateurs à garantir leur propre neutralité et à transmettre celle-ci, l’égalité de chacun devant la loi, le respect de « la liberté de conscience » de chacun mais également à protéger les élèves « de tout prosélytisme et de toute pression qui les empêcheraient de faire leurs propres choix » .
Signes interdits
Plus avant, les PO assureraient « l’accès à une culture commune et partagée » tout en garantissant la liberté d’expression des élèves « dans la limite du bon fonctionnement de l’école » ainsi que la garantie de l’égalité entre les filles et les garçons. Enfin, la charte veillera à ce qu’aucun sujet ne soit « a priori exclu du questionnement scientifique » et interdira « le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse » .
Sur ce dernier point, Alain Destexhe constate que la plupart des écoles interdisent le port de signes convictionnels en leur sein, et déplore « l’hypocrisie » du PS sur cette question le mettant en porte-à-faux par rapport « à son combat historique et son homologue français » . Pour lui, le PS, bruxellois surtout, « s’interdit le geste symbolique de l’interdiction pour des raisons électoralistes » .
Le député MR n’est pas plus tendre avec le « communautarisme » du CDH dont les deux ministres de l’Enseignement successifs (Marie-Dominique Simonet et Marie-Martine Schyns) « n’ont rien fait pour objectiver de manière quantitative et qualitative » les problèmes rencontrés dans les écoles. Réclamant un audit sérieux sur la question, il cite l’absentéisme à l’occasion de la fête musulmane de l’Aïd, le refus de la théorie de Darwin sur l’évolution et la montée du créationnisme, l’absentéisme dans les cours de gym et de natation ou lors des excursions scolaires pour les filles ou encore « l’impasse faite dans certaines écoles sur l’enseignement de la Shoah par peur des réactions antisémites alors que celui-ci au programme officiel » . Il évoque aussi les pressions entre les élèves à l’occasion du ramadan.
Vise-t-il en particulier la religion musulmane ? « Non, ces problèmes peuvent se poser avec d’autres religions mais il y a au moins 250 000 musulmans à Bruxelles, le prosélytisme risque donc de devenir un problème susceptible de remettre en question l’enseignement » , répond Alain Destexhe. Cette charte « permettrait aux enseignants de se référer à un texte précis et non au concept de neutralité, soumis à de multiples interprétations » , argumente-t-il, espérant un débat enflammé au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
source : MATHIEU COLLEYN http://www.lalibre.be/actu/belgique/neutralite-a-l-ecole-une-charte-sur-le-modele-francais-52c63e3c3570105ef7e2f492