Après les attentats, la Sûreté de l’Etat et la police ont fait de la lutte contre le terrorisme leur priorité. Des associations se chargent, elles, d’apporter de l’aide aux victimes et à leurs proches.

Comment aider les victimes des sectes et des mouvements sectaires ? Comment leur permettre de revivre, de se resocialiser ? Telles sont les questions qui sont au centre d’un colloque organisé ce vendredi à la Chambre par la Fecris, la Fédération européenne des centres de recherche et d’information sur le sectarisme, et par l’association belge Aviso.

« La principale difficulté dans l’aide aux victimes est de les identifier », pose d’emblée André Frédéric, président de la Fécris. « Il y a un désintérêt total des pouvoirs publics pour un phénomène qui a changé de forme. Il est plus pernicieux car il est virtuel alors qu’avant il était dans le contact direct. En même temps, on vit dans un état de droit qui reconnaît le droit de s’associer, le droit de choisir son option religieuse et philosophique. Notre boulot n’est pas de nous occuper de l’opinion philosophique des gens mais d’aider les victimes et les dérives de ces organisations. »

Les aider, mais comment ? « On va surtout soutenir les proches car ce sont eux qui nous contactent », précise Eric Brasseur, ancien directeur du Ciaosn, le centre d’information et d’avis sur les organisations sectaires nuisibles. « Comment réagir face au groupe ? Faut-il saisir un avocat ? Faut-il lui dire de cesser de critiquer le groupe devant la personne ? Faut-il porter plainte car ça peut créer un conflit avec la personne ? Les proches des victimes ont besoin de soutien. Leur souffrance est souvent morale car les adeptes ne veulent plus être en contact avec eux et leurs proches en général. C’est parfois également financier avec des appropriations d’héritages. »

Peu de plaintes

Pénalement, par contre, ces mouvements semblent avoir le champ libre. La Sûreté de l’Etat a reconnu ne plus faire de la lutte contre les sectes une priorité. A la police, c’est un peu pareil. « On peut aussi comprendre car la problématique sectaire est que statistiquement, il y a très peu de plaintes et encore moins de condamnations », commente Daniel Lesciauskas, ancien commissaire et référent sectes à la police fédérale pendant plus de 20 ans. « Judiciairement, c’est donc un nano-phénomène. Donc, la police se dit qu’elle ne va pas investir pour suivre le problème. *

Donc, il n’y a pas de problème de sectes en Belgique. » Mais l’ancien policier tempère. « La répression, c’est zéro. Attaquer ces grands groupes en espérant qu’un jour ils soient dissous, on oublie. De toute façon, c’est contre-productif. »

source : Pénalement, les mouvements sectaires ont le champ libre – Le Soir

par

Journaliste au service Société

Par Frédéric Delepierre