Par Philippe Broussard, publié le 23/06/2009

Après le Gabon, le Congo-Brazzaville et la Guinée équatoriale, l’affaire des “biens mal acquis” pourrait aussi toucher le Cameroun de Paul Biya. Révélations.

Le Cameroun sera-t-il le prochain pays africain secoué par l’affaire des “biens mal acquis”? A ce jour, la procédure judiciaire qui vise à déterminer le patrimoine “français” de certains chefs d’Etat se limite au Gabon, au Congo-Brazzaville et à la Guinée équatoriale. Mais le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD), une ONG qui a joué un rôle déclencheur dans la première enquête, s’intéresse désormais au Cameroun de Paul Biya, au pouvoir depuis 1982.

Dans son rapport rendu public ce mercredi 24 juin, le comité évoque notamment la “magnifique Villa Isis”, à Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes), appartenant semble-t-il à Franck Biya, le fils du président. Interrogé par L’Express, l’entourage de ce dernier répond qu’il n’y a là “rien d’anormal pour un homme qui dirige une importante société forestière”. Plus surprenant: le CCFD s’interroge aussi sur l’aide du Cameroun à l’Osti, une organisation ésotérique dont le nom était apparu, en 1999, dans les investigations sur la secte de l’Ordre du temple solaire.

L’Osti (Ordre souverain du temple initiatique) a été fondé en 1988 par Raymond Bernard. Cet homme décédé en 2006 était connu pour ses ­activités rosicruciennes, templières et maçonniques, mais aussi pour ses liens financiers avec l’Afrique noire francophone. Se présentant comme un “conseiller” de Paul Biya, il affirmait, en 1998, que celui-ci était président d’honneur du Circes (l’une des branches de l’Osti) dans son pays et se ­montrait donc très “généreux” à son égard.

En 1990, il aurait même aidé l’organisation à acquérir son siège parisien, rue Beaunier (XIVe). Le montant du prêt? 40 millions de francs, remboursables en 99 ans et sans intérêts! Une partie de cette somme avait alors été versée par la Société nationale des hydrocarbures, un établissement public camerounais, sur le compte de Raymond Bernard au Crédit lyonnais.

Interrogée sur ce point, la présidence nie toute relation avec les templiers et assure n’avoir “jamais consenti un tel prêt”. Seul problème: l’Osti lui-même, sollicité par L’Express, ne conteste pas avoir reçu 40 millions de francs de Paul Biya. L’actuel responsable de l’association, Yves Jayet, nous indique même, par courriel, que ce prêt “fait l’objet de remboursements importants comptabilisés chaque année depuis 1999”!?Le grand maître ne précise pas qui est le destinataire des remboursements.

L’express