Sommes-nous à un virage inquiétant de l’évolution technologique ? La question ne divise actuellement, ni la société, ni les politiques, mais des personnalités internationales de la science et des nouvelles technologies. Au coeur de ce débat, l’intelligence artificielle et les robots qui pourraient, si ce n’est dominer le monde, au moins redéfinir la place de l’humain dans la société.
Après le physicien Stephen Hawking pour qui « l’intelligence artificielle pourrait mettre fin à la race humaine », et Elon Musk, le patron de Tesla et SpaceX, qui la voit comme « la plus grande menace pour l’humanité », c’est au tour de Bill Gates d’attaquer l’avenir que nous prépare Google.
Bill Gates d’accord avec Musk, mais moins avec « certaines personnes »
C’est au cours d’une discussion en ligne organisée par le site Reddit, que le co-fondateur de Microsoft a donné sa vision de cette superintelligence. Aussi surprenant que cela puisse paraître, ce visionnaire de l’informatique se dit « inquiet » d’un avenir où l’homme deviendra la cinquième roue du carrosse. « Ça ne sera positif que si on le gère bien », a-t-il lancé en sous-entendant que cette tâche ne sera pas facile.
« Dans quelques décennies, la puissance [de cette intelligence, ndlr] sera assez puissante pour devenir préoccupante. Je suis d’accord avec Elon Musk et quelques autres à ce sujet et je ne comprends pas pourquoi certaines personnes ne s’inquiètent pas. »
Ces « certaines personnes » que Gates ne nomme pas ne sont autres que les dirigeants de Google, Larry Page, Sergei Brin et Eric Schmidt, qui préparent les fondations d’un nouveau modèle économique et sociétal. Avec un ton plein d’humour et de condescendance, le président de Google propose à ses contradicteurs de se « détendre un peu sur le sujet ». Estimant tout de même que la crainte est compréhensible, il lance un message particulièrement destiné à Bill Gates en qualifiant ses inquiétudes de »malavisées ».
Dans un entretien donné au magazine Wired, il compare l’ère des robots à celle de l’informatique en rappelant qu’à l’époque, les mêmes critiques étaient lancées. »Beaucoup d’éléments prouvent que les salaires ont continué d’augmenter avec l’arrivée des ordinateurs. Cela démontre ceux qui travaillent avec des ordinateurs sont mieux rémunérés que les autres. »
L’ombre du transhumanisme plane sur la Silicon Valley
Cette orientation est une priorité pour Google qui doit penser à son avenir en adoptant un nouveau modèle économique. Et pour bâtir ce nouvel empire, le groupe a énormément investi ces dernières années dans des entreprises spécialisées dans la robotique, les objets connectés, la maison intelligente ou les drones. Mais c’est surtout dans la robotique et l’intelligence artificielle que l’offensive a été la plus remarquée.
Google est ainsi devenu le leader incontesté de la robotique mondiale avec le rachat de Schaft, Industrial Perception, Redwood Robotics, Meka Robotics, Holomni, Bot and Dolly, Autofuss et Boston Dynamics qui a des liens étroits avec la Darpa, l’unité militaire de recherche (voir vidéo ci-dessous).
Dans l’intelligence artificielle, DeepMind Technologies a été racheté en janvier 2014 pour 400 millions de dollars ou Wavii, qui a développé un système de compréhension du langage naturel, pour 30 millions de dollars. Google mène également des travaux dans le séquençage ADN avec 23andMe, une filiale de Google dirigée par l’épouse de Sergei Brin.
Actuellement, beaucoup d’observateurs voient dans ces acquisitions l’ombre des transhumanistes. Cette mouvance technicophilosophique que certains comparent à une secte veut rapprocher l’humain et les sciences pour aboutir à un homme augmenté qui pourrait vivre des centaines d’années. Le groupe californien a d’ailleurs recruté Ray Kurzweil, considéré comme le gourou mondial des transhumanistes, pour lui confier la mission de donner à son moteur de recherche la première intelligence artificielle de l’histoire.
Google est-il seul à croire dans ce futur ? Pas vraiment, Facebook s’y intéresse également de près. Il y a un an, Mark Zuckerberg a recruté un spécialiste français de l’IA, Yann LeCunn. Il a aussi investi 40 millions de dollars dans la startup Vicarious. Dans ce projet, il n’était pas seul. Il était accompagné de l’acteur Aschton Kutcher, mais aussi d’Elon Musk, celui-là même qui, lors d’une conférence au MIT (Massachusetts Instiute of Technology), affirmait que l’IA est un « démon » qu’il faut éviter d’invoquer.
source : Pascal Samama
http://pro.01net.com/imgv6/structure/dot.gifhttp://pro.01net.com/editorial/643827/bill-gates-s-inquiete-des-projets-de-google-dans-l-intelligence-artificielle/