Cette secte islamiste nigériane vise à créer un Etat appliquant la charia, un Etat islamique qui serait “pur”, avec toujours cette obsession de la pureté. C’est eux qui ont enlevé, dans l’internat de leur collège, 276 très jeunes filles et promis de les “vendre” comme “esclaves” ou de les “marier” de force. Dans une vidéo revendiquant le rapt de masse, le chef de la secte Boko Haram a prononcé ces mots terribles : “Les femmes sont des esclaves. Allah a dit que les esclaves étaient autorisés par l’islam.” On peut d’autant plus s’inquiéter du sort des jeunes filles que celui qui a prononcé cette phrase proclame aussi “prendre plaisir à tuer tous ceux qu’Allah #CRD#lui#CRF# demande de tuer”.

Que reproche Boko Haram à ses victimes, sinon d’être des femmes et, dans ce cas, de très jeunes filles ? Elles étaient à l’école ! C’est que Boko Haram ne fait pas mystère de son programme aussi mince que totalitaire. En langue haoussa, Boko Haram signifie “l’éducation occidentale est un péché” ! En dehors de quelques massacres, dont le dernier a fait près de 300 morts dans un village où les habitants s’étaient organisés en milices contre les islamistes, Boko Haram reprend la vieille antienne de talibans afghans et pakistanais selon laquelle l’école doit être interdite aux femmes. On se souvient de la jeune Pakistanaise Malala qui, pour s’être insurgée contre le refus des talibans d’accepter les filles à l’école, a été, à 15 ans, la cible d’un tireur qui l’a défigurée. Un an plus tard, à l’ONU, elle lançait un vibrant appel à “l’éducation pour tous les enfants” : “Nos livres et nos stylos sont nos armes les plus puissantes. Un enseignant, un livre, un stylo peuvent changer le monde.”

Cette misogynie et cette obsession des fondamentalistes sur la sexualité, sur la “pureté”, sur la chasteté disent beaucoup de choses sur le puritanisme de ces sectes. Comme si la différence sexuelle était une maladie honteuse, comme si la féminité recelait un mystérieux danger auquel les intégristes purs et durs préfèrent la mort et la promesse des 72 vierges qui les attendent au paradis ! Sans doute est-ce pour cela que les talibans non seulement voilent les femmes, mais les emprisonnent dans cette prison de tissu nommée burqa. Les femmes représentent à leurs yeux la voie d’une émancipation qui remet en cause leur pouvoir de misogynes obscurantistes, étrangement obsédés par la sexualité et par la “pureté”. Ce fantasme de la pureté est le fondement inconscient de toutes les idéologies totalitaires. Est-ce un hasard si le mot d’ordre qui appelle aux massacres et à la barbarie est “la purification” ?

Par Jean-Marcel Bouguereau, La République des Pyrénées.fr

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