En septembre dernier, le maire de la Salvetat-sur-Agoût, un village de l’Hérault comptant un peu plus de 1.000 habitants, adresse une lettre à ses administrés. Son courrier se veut un appel à la tolérance. Car la petite localité est divisée autour des « Brigandes », qui se présentent comme un groupe de musique, dont il précise ne pas partager les idées.
Sa particularité? Des clips bucoliques et ensoleillés dans lesquels sont entonnés des textes identitaires, complotistes, xénophobes, pro-russes et antisémites. Un registre multiforme et assumé, avec des titres comme « Foutez le camp », « Le grand remplacement », « Laissez vivre la Russie » ou encore « On vous emmerde ».
« Il est hors de question de faire la chasse aux sorcières à des habitants de notre commune qui ne dérangent personne localement, en dehors de ceux qui ne partagent pas leur idéologie et font une fixation sur leur mode de vie », écrit Thibault Estadieu dans cette lettre consultée par BFMTV.
Une communauté d’une vingtaine de personnes
Les sept chanteuses, qui apparaissent masquées, forment avec leurs conjoints et enfants respectifs une communauté d’une vingtaine de personnes. Tous vivent ensemble dans grande une bâtisse en marge du village depuis 2015. L’autre particularité du groupe est de se tenir à l’écart des médias, à l’exception de quelques webtélés et radios comme la très réactionnaire TVLibertés.
Dans le village, où le Front national a fait 45% aux dernières élections, la présence de cette communauté dérange une partie des habitants. Les Brigandes sont notamment accusées de dérive sectaire, puisque comme l’explique son site internet, le groupe est dirigé par Joël Labruyère, soupçonné d’être un gourou à la tête de plusieurs sectes.
Plainte déposée
Un habitant en particulier est révolté par les thèses véhiculées par Les Brigandes, et a tenu à le faire savoir en créant un blog pour protester. Depuis, il dit avoir été agressé et a porté plainte.
« On sortait de la banque avec ma femme, ils ont essayé de nous coincer contre la barrière, ça a été un flot d’injures », explique Thierry Canals, rencontré par BFMTV à La Salvetat.
Glorification de Vladimir Poutine
Le groupe dispose dans le village d’un magasin à la vitrine lugubre, avec tête de mort et candélabre, et d’un studio d’enregistrement. Dans une interview diffusée sur internet, Marianne, présentée comme la chanteuse lead, explique que le groupe se situe « en dehors du jeu politique » et a vocation à « taper sur l’ordre établi, avec humour et une certaine classe ».
Sur son site, le groupe propose des brochures à la vente, dont l’une qui dénonce « le triomphe de la décadence, la mafia des pédomanes », illustrée d’une photo prise pendant une gay pride. « Si on est homophobe c’est grâce à Taubira (…) facho c’est le Français qui aime son pays, nazi si tu en sais plus que c’est permis », entend-t-on aussi dans l’une de leurs chansons. Il est aussi question de « flics de la pensée casher » ou de glorification de Vladimir Poutine. Quant à leur nom, « Les Brigandes », il fait référence aux insurgés royalistes vendéens, qui étaient surnommés ainsi par les républicains.