[http://www.midilibre.com/articles/2010/06/03/PANIER-Les-petits-gagnants-mis-a-l-39-amende-1253228.php5-> http://www.midilibre.com/articles/2010/06/03/PANIER-Les-petits-gagnants-mis-a-l-39-amende-1253228.php5]

Ils ont commencé par être « rouge », puis « bleu » dans les « bulles » et leur aventure a fini hier devant le tribunal correctionnel de Montpellier. Six personnes étaient poursuivies pour avoir gagné des milliers d’euros dans ces chaînes d’argent qui ont déferlé dans la région et qui ont fait des milliers de victimes (notre édition d’hier). Tard, hier soir, le parquet a requis contre eux des peines avec sursis, jusqu’à 6 mois contre une thérapeute de Mireval (Hérault), soupçonnée d’être impliquée à un niveau supérieur. Les avocats de la défense, eux, ont plaidé la relaxe en renvoyant les plaignants, qui ont aussi participé au système – et qui ont donc perdu – dans les cordes. Au final, le tribunal s’est contenté
« de taper la où ça fait mal, au portefeuille » en condamnant les prévenus à des amendes de 1 000 à 2000 € ferme et à les obligeant à rembourser les victimes qui avaient investi 5 ou 10 000 €.

Hier, c’était une toute petite partie, la base de ce système qui était jugée. Des « monsieurs » et « madames » tout-le- monde qui ont cru à l’argent gratuit et qui ont certes « touché » des enveloppes garnies de billets mais bien moins que les grands organisateurs qui tiraient les ficelles.

« Ces bulles ça ressemble à du bourrage de crâne non ? Ça fait un peu secte », fait remarquer la présidente en évoquant les réunions de recrutement. Les prévenus n’ont pas contesté et ont expliqué comment ils se sont laissés embarquer tout en minimisant les gains. « Certains qui se plaignent n’ont pas joué le jeu, s’ils n’amènent pas d’invités c’est sûr que le système s’essouffle, ose cette infirmière sétoise. Je suis rentrée dedans pour améliorer le quotidien, j’en ai parlé à ma mère et à ma femme de ménage pour que chacun réalise son projet. J’ai touché 40 000 euros mais avec tous les remboursements, je ne suis pas devenue riche, j’ai juste acheté un téléviseur. » Un autre gagnant affirme même qu’il s’est retrouvé déficitaire. Deux dames parlent, les yeux brillants, de l’émotion qui régnait dans ces réunions : « l’ambiance était tellement joviale, c’était une liesse, un enthousiasme, c’était une aventure humaine, on parlait de solidarité », dit l’une d’elles. Ils affirment ne pas avoir été vraiment au courant de l’illégalité du système, ni s’être aperçus qu’il allait s’essouffler, logique mathématique oblige. De quoi faire ironiser M e Chabert, partie civile : « Ils viennent pleurer aujourd’hui, mais je n’en connais qu’un qui a multiplié les pains et il a fait une belle carrière. »

Yanick PHILIPPONNAT