Ils vivaient dans un appartement situé boulevard Curie à Calais. Elle a 25 ans, lui 26. Le couple a trois enfants en bas âge. C’est l’école où est scolarisé l’aîné, âgé de 5 ans, qui, constatant une hygiène douteuse chez l’enfant, décide d’alerter les services sociaux. Le 3 octobre 2013, ces derniers se rendent à l’habitation du boulevard Curie. Ils sont accompagnés de policiers et doivent faire appel à un serrurier car la porte du logement est fermée à clé, et personne ne daigne l’ouvrir malgré leurs appels. La stupéfaction est énorme quand ils pénètrent enfin dans l’appartement : à l’intérieur s’accumulent les immondices.

Déchets, excréments, langes souillées et boîtes de conserve vides jonchent le sol. Au milieu des débris sont même découverts un chat et un chien morts. Il est impossible d’accéder à toutes les pièces de l’appartement, et même les points d’eau sont inaccessibles, cachés sous les détritus. Il faudra trois grandes bennes pour vider toutes les ordures de ce logement.

Une inertie totale régnait dans l’appartement

Les trois enfants qui vivaient là sont placés en foyer et les parents, interpellés dans un premier temps, rejoignent à leur tour un foyer d’accueil. Ils ont un droit de visite auprès de leurs bambins. Examinés par un médecin, les trois petits n’ont subi aucune violence. Ils ont été nourris convenablement et ne présentent aucun retard psychologique. Leur lien avec les parents est un lieu d’affection et d’amour fort. C’est l’hygiène qui pose problème dans cette famille. Et à l’audience, ce jeudi, les deux jeunes parents ont tenté de s’en expliquer. La mère a raconté que tout avait commencé quand elle a fait une fausse couche, puis qu’elle a mis au monde un bébé qui n’a pas vécu plus de trois heures. Ces deux épreuves successives lui ont été insupportables, si bien qu’elle s’est plongée dans un état dépressif profond où elle restait couchée, abattue, incapable de s’occuper de ses enfants. Le mari aurait pu prendre le relais ou la seconder dans ce quotidien difficile, mais il a été entraîné dans cette ambiance de laisser-aller : lui qui travaillait dans un restaurant explique qu’il a quitté son emploi pour venir en aide à son épouse. Et qu’il a sombré peu à peu, à son tour, dans l’inertie et l’inactivité, se contentant de conduire les enfants à l’école et de leur donner à manger.

Le tribunal, après en avoir délibéré, a condamné les deux Calaisiens à huit mois de prison avec sursis mise à l’épreuve pendant deux ans, avec obligation de travailler pour le père et de se soigner pour la mère. Le couple est en attente d’un nouvel appartement : une fois installé, il aura l’autorisation de reprendre ses trois enfants. Cette affaire n’est pas sans rappeler un autre dossier jugé il y a quinze jours à peine au tribunal de Boulogne-sur-Mer, et qui concernait là aussi un couple de Calaisiens coupable de négligence sur leurs trois enfants : les parents ont délaissé leur progéniture jusqu’à ne pas se présenter à la barre du tribunal de Boulogne-sur-Mer, mardi 21 janvier. Le tribunal avait finalement condamné la mère à huit mois de prison avec sursis et le père à douze mois de prison, dont quatre ferme

source : La Voix du Nord