Plus d’une trentaine de mineurs cloîtrés dans une concession. Une scène macabre pour les populations
I-Une scène macabre pour les populations
Selon une femme, membre de la famille du défunt qui a requis l’anonymat « tout ce que nous savons, c’est que notre frère Ngong Harrison Ndeh, nous a abandonnés depuis environ 11 ans et il est membre de cette secte. Nous avons tout fait pour le persuader de quitter cette secte. Quand nous venions le chercher pour qu’il rentre à la maison, on nous refusait l’accès dans cette concession. Nous savions tout simplement qu’il est dans une église ici à End of tare Longla. On est venu ce matin (Mardi Ndlr) nous dire qu’il est décédé de suite d’une courte maladie. Au moment où nous sommes arrivés, le corps était exposé dans leur salon. Quand nous avons demandé quand est-ce qu’il est décédé, on nous a dit qu’il a rendu l’âme vers 2h du matin. Mais selon les voisins, il est mort plutôt à 16 h Lundi et ils ont exposé le corps dehors avant de le ramener au salon aujourd’hui (mardi Ndlr) ».

Après ce constat, rapporte cette dame « nous sommes allés nous plaindre à la police afin qu’elle ouvre une enquête. C’est à l’arrivée des forces policières que nous avons découvert qu’il y avait plus de trente enfants ici ». A l’observation, l’âge de ces enfants varie de un à neuf ans. Tout comme y vivent cinq adultes (Chemuluh Peter Atanga, 72 ans, James Ndam Mbaku, 70 ans, Victor Fongam 68 ans, Fon Joseph 66 ans et Richard Taah 50 ans), deux jeunes garçons et neuf femmes. L’alerte est ainsi donné. Comme un parfum la nouvelle d’une supposée « découverte d’un niche de trafiquants ou kidnappeurs d’enfants avec à l’appui plus d’une trentaine d’enfants » fait le tour de Bamenda. Vrai ou faux ?

Toujours est-il qu’au fur et à mesure que le temps avance, la dite concession ne désemplit pas. La foule s’agrandit. Entre curiosité et consternation, la tension monte. La foule veut en découdre avec ces hommes. Même la présence du délégué régional de la Sûreté nationale, le divisionnaire Emile Gousmo, le chef de la division de la police judiciaire, le commissaire Abraham Nsom Mbende, le chairman du Sdf John Fru Ndi, le bâtonnier de l’Ordre des avocats, Me Sama Francis, ne baisse pas la colère de la foule. Elle est déterminée à refaire le portrait mieux lyncher les cinq vieillards présumés parents de ces enfants. Le commissaire Abraham Nsom Mbende , ses éléments, avec l’appui de John Fru Ndi réussissent à faire évacuer les femmes et leurs enfants. Ils sont conduits d’abord au commissariat, puis plus tard au centre social de l’hôpital régional de Bamenda.

II- Véhicule incendié et scène de pillage

Les enfants et leurs mamans mis à l’abri de toute violence, le plus difficile était de faire sortir saints et saufs, les hommes. Le doyen et propriétaire du local est le premier à être conduit jusque dans la pick-up de la police. Une escorte qui n’a pas été du tout facile car, à leur passage, des coups de poing pleuvent de toutes parts. Objectif, atteindre ce vieillard. Lorsqu’il parvient à monter à bord, le véhicule démarre en trombe. La tension est à son comble. Une pluie de cailloux se déverse sur la toiture. Les vitres et les naco n’échappent pas aux projectiles, même avec la présence des forces de l’ordre, des autorités et même des journalistes. On sollicite le renfort des éléments du groupement mobile d’intervention (Gmi N° 6). C’est autour de 18h qu’ils parviennent à extirper les trois autres vieillards de la maison pour le commissariat central de Bamenda.

Le véhicule Pajero des gourous est incendié. On assiste à des scènes de pillage. Quelques pilleurs seront interpellés et gardé à vue. La peur de voir la foule incendier la maison persiste. Les éléments de la légion de gendarmerie arrivent en renfort pour protéger la résidence-temple de cette secte. Plus de peur que de mal, la vie des enfants, femmes et hommes est préservée. Une enquête est ouverte. Il faut attendre les examens médicaux pour déterminer le lien de parenté entre les enfants et ces hommes et femmes, affirment les éléments du maintien de l’ordre. Jusqu’à hier mercredi matin, les enfants et leur présumés génitrices étaient au centre social de l’hôpital régional de Bamenda. L’issue de ces investigations déterminera la nature ou non du crime.

Toujours est-il que parmi les neuf femmes interpellées, 7 sont les épouses du gourou Richard Taah avec qui il a donné naissance à 30 enfants dont l’âge oscille entre un et 9 ans. Pire, ces femmes accouchent non pas dans un centre de santé, mais dans cette concession, renseigne le géniteur et gourou de cette secte. Bien plus, ils jouent également le rôle d’infirmier accoucheur. A la question de savoir si ces enfants fréquentent une quelconque école, Richard Taah répond par la négative « je les enseigne moi-même ici ». Bien que non détenteur d’un diplôme d’enseignant, non moins une formation d’infirmier. Les enfants en âge scolaire ne sont pas évalués dans une école et ne sont présentés à aucun examen officiel.

A en croire Fongam Etienne Sama, un des enfants âgé de 18 ans « j’avais des oncles qui pouvaient m’envoyer à l’école mais j’ai décidé de briser ce tabou en choisissant vivre ici avec mon père Victor Fongam. Je suis arrivé ici quand j’avais 8 ans. Je suis ici pour implanter la fondation de ce temple. Nous sommes ici pour servir le Bon Dieu » se contente-t-il de dire.

III-Misère endémique

A la question de savoir la dénomination de cette église, Richard Taah lâche « nous sommes une famille chrétienne. Nous croyons à l’évangile de Jésus et nous étudions la bible ». Il précise qu’il n’est pas pasteur mais un évangéliste qui peut prêcher l’évangile à tout le monde.

Un carton d’un livre qu’il a commis est saisi. Intitulé « Tell me : Focus on denominations. The end time revealed word » avec pour sigle : « révélation-obédience-immorality ». Richard Taah est l’auteur de cet ouvrage dont la première édition a paru en 1997 et la seconde en 2001. Sur la dernière page de la couverture se trouve une épée. Une chose est certaine, leur secte n’est pas légalement reconnue. Son existence date de l’an 2001, nous confie Chemuluh Peter Atanga , le doyen de ces hommes.

Parfois poursuit-il « nous allons à Kribi travailler dans des plantations d’hévéa et nous revenons à Bamenda. Présentement onze de ces enfants travaillent à Hevecam par Kribi ». Ngang Harrison Ndeh, n’est pas le premier à passer de vie à trépas ici. A en croire Chemuluh Peter Atanga « un de nos fils décédé récemment de suite de noyade à la rivière Mezam a été enterré dans notre concession ici ». A la question de savoir s’ils avaient fait établir un acte de décès pour ce fils qui s’était noyé, Chemuluh Peter Atanga a répondu par la négative « nous l’avons emmené à la morgue, on avait constaté qu’il est mort et nous l’avons ramené ici et procéder à son inhumation derrière cette concession ». Quel sort sera réservé à cette autre situation qui défraie la chronique ? Wait and See

http://cameroonvoice.com/news/news.rcv?id=10117 le 14 mars 2013