Les mormons le savent, mais ne se laissent pas décourager pour autant. Aujourd’hui, ils n’iront pas de maison en maison pour prêcher dans le désert ou risquer de se faire claquer la porte au nez.

Pour souligner l’ouverture de leur chapelle à Trois-Rivières, les membres de l’Église de Jésus-Christ des Saints des derniers jours invitent plutôt les gens «de tous âges, de toutes croyances et de tous antécédents socioculturels» à visiter leurs nouveaux locaux, ce qui leur permettra de «mieux connaître les croyances et valeurs de leurs voisins mormons».

Ne cherchez pas un clocher en empruntant le boulevard des Forges. L’église est située à l’extrémité droite d’un bâtiment commercial, entre une animalerie et le garage Auto-Pneu Paco.

On dit chapelle, mais en réalité, il s’agit d’un milieu de vie. On y trouve une grande salle de recueillement avec l’orgue dans un coin et des tableaux de Jésus entouré d’enfants ou des apôtres. Y sont annexés une garderie pour les bambins de moins de trois ans, une petite pièce pour les mamans qui allaitent, une classe pour les enfants qui fréquentent l’école du dimanche, une autre pour les «jeunes gens et les jeunes filles» âgés de 12 à 18 ans, une cuisine et un local pour les femmes qui se réunissent entre elles à la troisième heure de la rencontre dominicale qui débute à 9 h et se termine à… midi.

Claude Montminy sourit, conscient que pour les catholiques qui ne vont plus à la messe depuis – depuis quand déjà? -, trois heures à se pencher sur les enseignements tirés du Livre de mormon et de la Bible, ça peut sembler interminable.

M. Montminy est président de la branche régionale de l’Église de Jésus-Christ. Pour faire une comparaison boiteuse, le résident de Saint-Maurice est le curé, à l’exception qu’il est marié et père de cinq grands enfants âgés de 22 à 36 ans.

Retraité de l’enseignement, Claude Montminy, 61 ans, est devenu mormon à l’âge de 21 ans. Il poursuivait ses études à l’Université Laval lorsque deux missionnaires ont frappé à sa porte. Contrairement à la majorité d’entre nous, il les a fait entrer, les a écoutés et a eu envie d’en apprendre davantage sur les croyances des mormons.

«On croit que le Christ a fondé une église lorsqu’il était sur la terre, mais qu’au fil du temps, la vérité s’est perdue. Nous croyons que l’Église de Jésus-Christ des Saints des derniers jours a été rétablie par l’intermédiaire de notre prophète, Joseph Smith», explique M. Montminy avant d’ajouter qu’en 1820, le jeune Américain de 14 ans s’est vu confier la tâche de restaurer l’Église des origines avec l’aide du Livre de Mormon.

Il y a 40 ans, ils étaient trois mormons dans la région, incluant Claude Montminy. Aujourd’hui, on parle de 150 personnes, dont 80 membres actifs. M. Montminy pense que ce nombre augmentera avec l’aménagement au coût de 100 000 $ du nouveau centre trifluvien, plus près de potentiels fidèles. Cette chapelle s’ajoute à celle déjà existante à Notre-Dame-de-Mont-Carmel. Au moment de sa construction, en 1998, on parlait d’un investissement de l’ordre de 900 000 $.

C’est le siège social des mormons, à Salt Lake City, qui paient les factures, mais on devine que les membres de la Mauricie y contribuent aussi. Les mormons versent 10 % de leurs revenus à l’oeuvre de Dieu. Tout en faisant visiter les nouveaux locaux décorés au goût du jour, Claude Montminy soutient qu’il y gagne au change. Pour lui, il n’est aucunement question de sacrifices financiers.

Les mormons sont soumis à des règles de conduite strictes. Ils s’interdisent de consommer alcool, tabac, thé et café.

«C’est le code de santé qui a été transmis à Joseph Smith. Prendre soin de notre corps fait partie de nos valeurs», souligne l’ancien éducateur physique avant de confirmer que les mormons sont contre l’avortement («sauf en cas de viol ou si la vie de la mère est en danger») et le mariage homosexuel. Ils prônent également la chasteté avant le mariage.

«Personnellement, je vois les commandements de Dieu comme une bénédiction et non comme des restrictions», souligne M. Montminy dont deux des cinq enfants ne sont plus pratiquants. Il s’en désole tout en gardant espoir qu’un jour, les deux enfants en question reviendront à de meilleurs sentiments envers l’Église mormone qui est très axée sur la famille.

À l’inverse, ses deux filles se sont déjà portées volontaires pour prêcher l’Évangile aux États-Unis. Pendant près de deux ans, elles ont joint des milliers de missionnaires de par le monde. Ce sont eux qui cognent aux portes.

Claude Montminy a déjà accompagné des jeunes adultes dans leur tournée en Mauricie. L’homme avoue que «c’est dur à prendre», se faire claquer la porte au nez, surtout que le message à livrer, dit-il, peut aider les gens dans différentes facettes de leur vie.

source : http://www.lapresse.ca/le-nouvelliste/la-vie/201501/16/01-4836010-porte-ouverte-sur-les-mormons.php
par ISABELLE LÉGARÉ
Le Nouvelliste