{{Vous avez été reçu par Emmanuelle Mignon cet après-midi. Quelle a été la nature de cet entretien ?}}

Roger Gonnet. J’ai demandé à la rencontrer à la suite de son interview dans « VSD ». J’ai pensé que, pour tenir de tels propos, elle devait méconnaître le problème. Comme Michèle Alliot-Marie d’ailleurs. Emmanuelle Mignon a reconnu qu’elle n’était pas très au fait des pratiques de la Scientologie. Je l’ai donc éclairée en décrivant les méthodes de manipulation, les suicides dont j’ai eu connaissance et que le seul but du mouvement consiste à amasser de l’argent. Bien informées, les personnes qui pensent que les sectes ne sont pas un problème changent forcément d’avis. Pas sur tout, mais au moins sur le principal.

« Elle a dû vouloir se rebeller »

{{Ce qui est arrivé à Martine Boublil vous étonne-t-il ?}}

La Scientologie a-t-elle souvent recours à ce type de pratique ? Ce n’est pas la première fois. J’ai recueilli il y a quelque temps le témoignage d’un adepte séquestré dans une maison aux Pays-Bas et privé de tout contact avec l’extérieur. Pour autant, les isolements à l’étranger ne sont pas si fréquents que cela. Tout simplement parce que cela coûte cher. Il faut trouver des personnes volontaires pour rester plusieurs semaines dans un pays qu’ils ne connaissent pas et dont ils ne parlent pas forcément la langue. La Scientologie n’a pas les moyens pour cela. Elle préfère se consacrer au financement de campagnes de communication, à la vente de ses produits et à l’organisation de sa défense. Comment expliquer ce qu’ils ont fait subir à cette adepte ? La Scientologie prétend qu’elle est folle, je suis convaincu qu’elle ne l’est pas du tout. Martine Boublil a dû vouloir se rebeller. Elle a dû piquer une crise de nerfs, peut-être même vouloir communiquer avec l’ennemi ou, pire, parler à la presse. Ils ont leur méthode pour cadrer les fous, les PTS type 3 comme ils les rebaptisent. Ils appellent cela Introspection Rundown. L’adepte est mis à l’abri, nourri et placé sous bonne garde avant qu’on lui fasse subir toute sorte d’auditions pseudo-psychanalytiques. J’imagine que c’était dans leurs intentions, mais ils n’ont pas eu le temps d’aller au bout du processus.

Propos recueillis par Emeline Cazi

http://www.leparisien.fr/home/info/faitsdivers/articles.htm?articleid=296097559

samedi 01 mars 2008 | Le Parisien