La scientologie ne séduit pas Belges, au contraire des églises pentecôtistes et des groupes misant sur la santé et le bien-être. Le centre d’information et d’avis sur les organisations sectaires nuisibles (CIAOSN) constate une augmentation du phénomène. Il nous livre en exclusivité les grandes tendances de son nouveau rapport à paraître prochainement.
S’il y a bien un terme que le directeur du CIAOSN utilise avec la grande prudence, c’est le mot « secte ». Préférant parler d’organismes sectaires nuisibles pour évoquer les nouvelles tendances en matière de groupements actifs chez nous, Eric Brasseur a accepté de nous livrer en primeur le principal du nouveau rapport du centre qui sortira dans les prochaines semaines.
Premier constat édifiant : plus de 1.200 groupements religieux ou philosophiques sont actuellement actifs chez nous. « Le phénomène augmente. Et ce ne sont pas ceux qu’on croit qui ont le plus d’adeptes », lance d’emblée le directeur du centre, faisant allusion à l’Église de scientologie.
Le poids de cette dernière ne serait, selon le spécialiste des sectes, que fiction chez nous. « Ils font croire qu’ils ont des milliers d’adeptes dans notre pays mais c’est faux. Ils n’en ont que 300 dont la moitié sont des gens qui travaillaient déjà pour eux ailleurs et qu’ils ont fait venir en Belgique. Côté politique, seuls quelques membres de l’extrême droite les ont soutenus, c’est tout », assure Eric Brasseur avant de nous parler d’un autre mouvement qui tend à stagner désormais, celui des témoins de Jéhovah. «On compte 25.000 membres dans cette communauté qui pourrait être amenée à s’éteindre avec le temps. »
Haro sur la médecine
En pleine expansion deux autres mouvements sectaires prennent par contre une ampleur considérable sur notre territoire. « Le phénomène des églises pentecôtistes et celui des groupes misant sur la santé et le bien-être, sont assez inquiétants.
Les églises pentecôtistes touchent toutes les catégories de la population. Elles ne visent pas uniquement les Africains contrairement aux idées reçues.
Tout est basé sur la théologie de la prospérité. Ils promettent la guérison en excluant les méthodes classiques de la médecine.
Ils demandent aux membres de verser 10 % de leurs revenus. Celui qui ne le fait pas est perçu comme quelqu’un qui vole Dieu. Du coup, la pression sur les membres est telle que certains n’hésitent pas à tout sacrifier pour donner de l’argent à l’église. Ils misent aussi sur la diabolisation de ceux qui ne sont pas des adeptes. Les ruptures familiales surviennent alors », commente l’analyste du centre, Anne-Sophie Lecomte.
L’autre phénomène sur lequel le CIAOSN attire l’attention dans son nouveau rapport, c’est celui des sectes utilisant le bien-être et la santé comme arme de séduction auprès de notre population. Et ça marche ! « Ils s’adressent à des personnes déçues par la médecine conventionnelle et tous ceux qui craignent de mourir. La biologie totale ou la médecine germanique font partie de ces groupements », poursuit Eric Brasseur avant de nous parler d’un phénomène inquiétant qui a pris récemment de l’importance chez nous, celui du respirianisme qui consiste à ne se nourrir que… d’air !.
Nawal Bensalem

Se nourrir… d’air !
Le respirianisme séduit des Belges
Parmi les groupes misant sur la santé et le bien-être pour attirer des adeptes, le CIAOSN s’inquiète d’un mouvement qui semble prendre de l’importance chez nous, celui du respirianisme.
Après un passage fructueux chez nous en juin dernier, la prêtresse australienne de ce mouvement, annonce son grand retour en juin prochain. A Durbuy cette fois, pour un stage de 4 jours à 440 euros par personne. Et la quinquagénaire Jasmuheen sait qu’elle n’aura pas de souci à afficher complet chez nous.
Misant sur un public de bobos, la gourou prétend « simplement », qu’on pourrait tous se nourrir d’air et de lumière.
Si si ! C’est d’ailleurs ce qu’elle affirme faire depuis 19 ans ! Elle assure que, toutes ces années, elle n’aurait avalé que quelques gouttes de thé par ci, par là. Le plus inquiétant dans toutes ces histoires, c’est qu’il existe des adeptes pour y croire. Et ils sont nombreux chez nous. « Il s’agit essentiellement de personnes issues d’un milieu bobo. Surtout des femmes, âgées entre 45 et 60 ans », nous précise le directeur du CIAOSN, Eric Brasseur.
La prêtresse du respirianisme compterait quelque 40.000 fidèles dans le monde. Pas moins de cinq adeptes de ce courant seraient déjà décédés en arrêtant définitivement de s’alimenter.
L’an dernier, Jasmuheen était parvenu à rassembler plus d’une centaine de personnes à la conférence qu’elle avait organisée à Bruxelles. Elle en remettra donc une couche en juin prochain.
L’Australienne, qui prétend avoir accédé à la lumière divine, assure à chacune de ses conférences avoir perdu l’appétit il y a 19 ans de cela. « Je n’avais plus faim et je me suis dit qu’il devait sûrement exister une source libre et gratuite pour que chacun puisse être libéré ». Une source qui n’a, en tout cas, et c’est ce qu’il faut retenir finalement, pas stoppé la famine dans le monde.
source :
N.Ben.
Sudpresse