{{PROCÈS | Devant le Tribunal correctionnel, la secte passe un mauvais moment.}}

JEAN-NOËL CUÉNOD PARIS | 28.05.2009 | 00:01

Fête «patronale» au procès de la secte scientologue! Hier, la douzième Chambre correctionnelle du Tribunal de Paris a évoqué deux cas fort différents de chefs d’entreprise, liés par une passion commune pour l’Eglise de scientologie qui – en tant que personne morale et avec sept de ses dirigeants – est accusée, notamment, d’escroquerie en bande organisée.

Le premier patron est aujourd’hui décédé. Mais Régine, son ancienne employée, a maintenu sa constitution de partie civile contre la secte. Cette blonde mère de famille rondelette est l’une des rares plaignantes qui dispose des forces morales nécessaires pour affronter l’épreuve du procès.

«Trompez-vous votre mari?»

Du caractère, cette quinquagénaire à l’allure effacée n’en manque pas. Un peu mal à l’aise dans son tailleur noir, Régine détaille les pressions qu’elle a subies: «Deux mois après avoir été engagée comme collaboratrice de vente dans l’agence immobilière appartenant à B., je me suis étonnée du fait que le salaire qui m’avait été promis ne correspondait pas à la somme qui m’était versée. Je m’en suis ouverte auprès de mon patron qui m’a répondu que cela venait de moi, qu’il y avait des problèmes. Mais que je pouvais les résoudre en prenant un cours de communication. Sans me parler de scientologie. J’ai appris que ce cours était dispensé par la secte lorsque je me suis rendue à l’adresse que mon patron m’avait indiquée.»

Régine constate que la batterie de questions qu’on lui donne à remplir ressemble à son test d’embauche. Un test que la plaignante qualifie à l’audience de «tartignolle». Et inconvenant: on lui demande si elle trompe son mari! Régine refuse d’aller plus loin. Son patron est furieux. Il lui explique tout le bien qu’elle pourra retirer de la secte. B. se fait pressant, insultant, menaçant. De guerre lasse, elle suit deux autres cours. Mais renonce définitivement à entrer dans la secte. Sa vie professionnelle devient un enfer. Son patron ne la lâche pas d’une semelle, la harcèle même hors du travail. Puis, voyant que Régine ne deviendra jamais scientologue, il la licencie, puis l’expulse de son logement.

Le cas du second patron A. est particulièrement spectaculaire. Convoqué comme témoin, il a préféré ne pas venir. C’est son entourage familial qui a déposé plainte contre la scientologie. A. dirigeait une entreprise prospère en Bretagne, spécialisée dans les prototypes en matière synthétique. Scientologue, le président-directeur général a injecté des sommes considérables dans la secte, allant jusqu’à 12% de la masse salariale.

Finalement, la scientologie a remboursé 74 661 euros. Mais par la suite, A. a encore tiré de sa société 76 000 euros au profit de trois organismes dépendant de la secte. Les ouvriers de l’entreprise ont d’ailleurs fait grève contre leur patron. Aujourd’hui, cette société a été rachetée.

Ce n’est pas tout: A. a donné à la secte plus de 150 000 euros provenant du budget familial.

Tribune de Genève