Une cellule de déradicalisation a été créée dans chaque département depuis 2015. En Charente-Maritime, une quinzaine de jeunes est prise en charge.
Daech utilise internet comme un outil d’embrigadement de masse. Ses vidéos, entièrement mises en scène, font apparaître ses combattants comme des héros de l’islam. © Capture d’écran Youtube
© Capture d’écran Youtube Daech utilise internet comme un outil d’embrigadement de masse. Ses vidéos, entièrement mises en scène, font apparaître ses combattants comme des héros de l’islam.
Les « cas » sont toujours esquissés de façon abstraite, sans détail. Impossible de recueillir des informations sur les personnes prises en charge par la cellule de déradicalisation, créée sous l’autorité du préfet de Charente-Maritime en 2015. Il faudra se contenter d’un chiffre : une quinzaine de jeunes, la plupart mineurs, est suivie par les équipes réunies autour de la directrice de cabinet de la préfet, Véronique Isart. « Le maintien de la confidentialité est notre unique chance d’agir », déclare sans ambages l’ex-juge des enfants.
« Notre cellule a vocation de suivre et soutenir les familles confrontées à la dérive de leur enfant », poursuit-elle. « Notre objectif est d’aider ces jeunes à rebondir et à se réinsérer dans la société ».
Les dossiers de ces jeunes radicalisés arrivent sur son bureau de deux façons : soit grâce au numéro vert mis en place au niveau national (0800 005 696), soit par l’intermédiaire d’institutions comme l’éducation nationale, les services sociaux ou le renseignement territorial. La majeure partie des signalements provient de familles totalement dépassées.
Chaque profil est ensuite étudié par une équipe pluridisciplinaire. Autour de la table, un psychologue, des représentants de l’académie, du CFA, de la police, de la gendarmerie, du renseignement territorial, du conseil départemental, de la mairie de La Rochelle et du{{ CCMM, l’association choisie pour le suivi des familles.}}
Contrairement à son prédécesseur qui recevait personnellement les familles, Véronique Isart ne voit jamais les personnes suivies par la cellule. « C’est l’intérêt d’être entourée par des spécialistes : je ne suis ni psychologue, ni experte de l’embrigadement ».
L’Etat avance à tâtons
Si le cas est jugé sérieux, il est alors pris en charge par l’équipe du Centre contre les manipulations mentales (CCMM). Pourtant, rien ne prédisposait cette association à prendre sous son aile des jeunes tentés par un départ en Syrie. Spécialiste des sectes et de l’emprise mentale, cette association s’est lancée il y a tout juste un an dans la déradicalisation.
La concurrence pour remporter l’appel à projet émis par la préfecture n’a pas été rude : le CCMM était le seul organisme à se porter candidat. « C’est une problématique nouvelle : on n’a pas 50 000 spécialistes sur notre territoire », reconnaît Véronique Isart.
Depuis, les membres de l’association ont reçu une formation : 13 heures de cours magistraux dans les locaux du Centre interministériel pour la prévention de la délinquance (CIPD). Deux jours pour se familiariser avec l’un des enjeux cruciaux de ces dix dernières années, voilà qui paraît peu.
source :
Par Hugo LemonierPublié le 20 juin 2016 à 11:49, mis à jour le 20 juin 2016 à 11:50
http://france3-regions.francetvinfo.fr/poitou-charentes/charente-maritime/charente-maritime-une-quinzaine-de-personnes-suivie-par-la-cellule-de-deradicalisation-1028433.html