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20.06.2010
PAR AGNÈS BOURAHLA-FARINE
Ceux qui la connaissent soulignent « sa force, son allant, son dynamisme ». Elle a reçu, vendredi, la médaille de chevalier de la Légion d’honneur. Charline Delporte, présidente de l’Association de défense des familles et des individus (ADFI) Nord – Pas-de-Calais – Picardie, est engagée depuis vingt ans dans l’aide aux victimes des sectes et à leurs proches.
« C’est encore un sujet tabou… Elles démolissent les gens ! » Dès qu’elle évoque les sectes, Charline Delporte prend un air grave. Et si elle se disait, vendredi soir, « ravie d’être distinguée pour son combat », c’était avant tout « pour avoir l’occasion de parler de l’association » à laquelle elle se consacre presque chaque jour, l’ADFI Nord – Pas-de-Calais – Picardie, basée à Lille. D’où vient à ce petit bout de femme l’énergie d’aider, sans relâche, les victimes des sectes, de les écouter ? C’est qu’elle-même a connu la souffrance de voir sa fille privée de sa libre pensée. Celle-ci, aujourd’hui âgée de 40 ans, est sortie il y a trois ans de l’emprise du mouvement auquel elle appartenait, les Témoins de Jéhovah (*). « Je suis fière qu’elle ait réussi à s’en sortir et qu’elle soit désormais insérée dans la vie professionnelle », affirme Charline Delporte.
Elle est l’aînée d’une famille de dix enfants, et sa jeunesse sera illuminée par les valeurs inculquées par ses grands-parents. Celle qui se décrit comme une « autodidacte, avec mon bac moins six » devra abandonner ses études très tôt pour se consacrer à ses frères et soeurs. Sa rencontre avec son époux se fera en jetant des pavés, en 68… Elle tiendra durant quelques années un magasin de fromages, dans le Vieux-Lille. Avant de tout abandonner, de revendre son commerce il y a quelque vingt ans, pour se consacrer en tant que bénévole à l’association d’aide aux victimes des sectes. Elle se souvient : « Lydwine Ovigneur (la fondatrice de l’association ADFI il y a trente-cinq ans), sachant que ma fille était sous l’emprise d’une secte, est venue dans mon magasin. Elle a dit à sa fille de l’attendre une minute. Elle est restée une heure… » Charline trouvera de l’écoute. Auprès de l’association. Auprès d’une psychiatre, Geneviève Loison, qui lui donne « non des réponses mais des pistes de réflexion ». Et elle-même se met aussi à l’écoute. Les personnes en souffrance, dans sa situation – les proches – ou directement touchées, viennent la rencontrer. Elle travaille, en lien avec les professionnels – médecins, institutions, juristes. Elle impulse des actions communes. Formule des exigences. Porte une grande attention à la prévention – ainsi de la BD à destination des adolescents sortie en 2010. « Tout individu de tout âge peut être un jour victime », prévient-elle. Le livre qu’elle a écrit en 1995 avec l’aide d’une journaliste, Gourous, rendez-lui sa liberté, devrait bientôt s’étoffer : elle compte y ajouter quelques chapitres, « concluant que notre fille a trouvé sa propre liberté ». • L
(*) Les Témoins de Jéhovah ont été mentionnés en France parmi les mouvements sectaires par la commission d’enquête parlementaire sur les sectes de 1995.
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{{L’association ADFI : en lien avec la Miviludes}}
dimanche 20.06.2010, 05:08 – La Voix du Nord
Un travail en réseau. Des liens avec des médecins, des juristes, des institutions. …
De l’écoute lorsqu’un proche est « piégé ». L’ADFI, Association de défense des familles et des individus, apporte réconfort et soutien aux victimes des sectes. Son siège est basé à Lille (19, place Sébastopol) et elle prend en charge des victimes de toute la région Nord – Pas-de-Calais et de la Picardie.
Elle travaille en lien étroit avec la Miviludes, Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. Ainsi, en 1998, Charline Delporte, présidente depuis un an de l’ADFI, a été auditionnée sur le problème crucial des sectes et de l’argent. En 2006, elle l’a été sur l’influence des sectes. Et elle a été à nouveau entendue en 2008 par George Fenech, en charge de la Miviludes, sur la question de la justice face aux dérives sectaires.
{{Compétences multiples}}
L’importance d’articuler les compétences des professionnels et des bénévoles – qui ont une pratique empathique et réfléchie – a été rappelée lors de la cérémonie de remise de médaille de chevalier de la Légion d’honneur, vendredi soir, à la salle du Gymnase de Lille.
Les approches psychologiques sont essentielles. De même que l’action législative et réglementaire. « Nous avons aussi des relais à la mairie de Lille », assure Charline Delporte. Qui n’hésite pas à aller sensibiliser à la question jusque dans les amphis de la fac de droit, à Lille II.
Risquant, même, d’être assignée en justice – assignation qu’elle a évitée cette fois-là – car, affirme-t-elle, « il y avait quelques personnes d’un mouvement sectaire qui ont voulu nous déstabiliser ». La présidente de l’ADFI a été confrontée à vingt-quatre décisions de justice.