Christiane Desjardins

La Presse

(Montréal) Daniel Cormier, ce pseudo pasteur de 57 ans trouvé coupable d’agression sexuelle sur une enfant de moins de 14 ans, a été condamné à une peine de cinq ans de prison ce matin au palais de justice de Montréal.

La juge Sylvie Durand a tenu compte de plusieurs facteurs aggravants mais d’un seul facteur atténuant au moment de fixer la sentence, soit le fait que Cormier n’a pas d’antécédents. Au nombre des facteurs aggravants, la juge a énuméré les éléments suivants : le crime commis constitue un mauvais traitement à l’endroit d’une mineure, qu’il s’agit d’un abus de confiance et d’autorité, les gestes étaient prémédités et planifiés, la victime était très jeune, soit entre 10 et 13 ans, les gestes posés sont graves et Cormier était en position d’autorité morale.

Cormier a connu la victime par l’entremise de l’Église du Centre-Ville, un mouvement évangélique qu’il avait fondé au cours des années 90, et qui s’était donné pour mission d’aider les sans-abri et les paumés du centre-ville. Parmi sa poignée de fidèles, le pasteur autoproclamé comptait une jeune mère de famille qui se consumait dans la drogue et la prostitution. Il l’a aidée à sortir de la rue, et à lui faire retrouver la garde de ses deux fillettes, que la DPJ lui avait enlevées.

Mais Cormier s’est incrusté, aidant la femme financièrement et en gardant régulièrement ses deux filles, qui avaient 6 ans et 8 ans à ce moment, en 1997. Il est «devenu amoureux» de la plus jeune, et a commencé à la faire coucher dans son lit. Les attouchements, qui ont débuté à l’âge de 9 ans ont augmenté, allant jusqu’à la pénétration, alors que l’enfant avait 10 ou 11 ans.

Deux femmes membres de son église s’étaient inquiétées de son attitude avec la fillette. Cormier avait réagi en disant que c’est «Satan» qui leur avait mis ces idées dans la tête. Un signalement à la DPJ et une enquête policière ont finalement mené à l’arrestation de Cormier, en juin 2003. La jeune victime avait alors 14 ans, et elle se considérait vaguement comme l’épouse de Cormier, puisque c’est ce qu’il lui avait dit.

Cormier a convenu qu’il avait eu des gestes sexuels avec l’enfant, mais il invoquait son fameux mariage, célébré supposément dans sa propre église en juin 1999.

En juin dernier, la juge Durand l’a avisé que ça ne constituait pas une défense. Il n’en avait pas d’autre à offrir.

En rendant sa décision, en octobre dernier, la juge a relevé le fait que Cormier s’était défendu en disant que la fillette était «très éveillée» dès l’âge de 8 ans, qu’elle était tombée amoureuse de lui à l’âge de 9 ans, et qu’il s’agissait d’une fille exceptionnelle et «extrêmement mature».

26/01/2009