CAEN, 28 nov 2012 (AFP) – “Vous avez instauré un système totalitaire”, a déclaré le procureur de la République de Lisieux (Calvados), Bruno Dieudonné, lors de l’audience, selon des déclarations rapportées par un avocat et confirmées par le procureur. .

Ancienne professeur d’anglais auprès de jeunes désocialisés pour la fondation catholique Les Apprentis d’Auteuil à Lisieux, la prévenue comparaissait libre depuis lundi pour “abus frauduleux de l’ignorance ou de la faiblesse d’un tiers”, dans le cadre de la loi About-Picard de 2001 contre les dérives sectaires.

Cette notion inclut des violences morales physiques ou sexuelles.

Des témoins ont raconté au tribunal que la prévenue organisait ce qu’elle appelait des “navigations”, réunions lors desquelles elle imposait différents partenaires sexuels à ses adeptes, voire parfois des relations incestueuses, selon le parquet.

Selon les témoignages, elle-même n’avait de relation qu’avec son amant d’alors devenu depuis son compagnon.

Selon ces témoignages toujours, “lorsqu’un adepte contestait son autorité, elle pouvait faire preuve de violence verbale comme physique avec des coups de pied ou coups de poing”, a précisé M. Dieudonné.

La prévenue est en outre accusée d’avoir volé près de 400.000 euros à ses adeptes présumés.

Mère de trois enfants aujourd’hui adultes, la prévenue est poursuivie pour des faits qui ont eu lieu entre 2002 et 2007. Mais des videos issues d’internet diffusées à l’audience laissent penser que ses agissements se sont poursuivis au-delà.

Pour un avocat de plusieurs parties civiles, Me Pascal Rouiller, la prévenue demeure une femme “dangereuse”.

“Votre défense aujourd’hui a fait pschitt”, a ajouté le procureur lors de l’audience, faisant allusion au fait qu’un avocat s’est présenté au côté de la prévenue au deuxième jour du procès, tout en précisant au tribunal qu’il ne plaiderait pas.

Selon Me Rouiller, la prévenue a notamment déclaré mardi au tribunal: “Oui, j’ai demandé à des mères d’avoir des rapports sexuels avec leurs fils, mais on était dans une vibration, on était dans une autre dimension, la cinquième…”

Une douzaine de personnes au maximum vivaient ensemble dans la communauté. A l’audience, un peu moins d’une vingtaine de parties civiles étaient représentées par douze avocats en incluant les personnes qui fréquentaient le groupe sans forcément vivre dans cette communauté, selon le parquet.

Une petite dizaine de personnes avaient au départ été mises en examen avant de bénéficier d’un non lieu et de se porter parties civiles comme victimes, selon le parquet.

source : AFP