Les nervis de l’institut d’extrême droite s’étaient alors déchaînés dans une violence incroyable aux cris d’un abbé les appelant à montrer à ces femmes leur virilité1. Non contents de s’en prendre aux activistes, ils s’étaient attaqués dans la foulée à des journalistes, dont Caroline Fourest.
Beaucoup de personnes s’étaient indignées à l’époque, et avaient réclamé, à juste titre, des sanctions, voire la dissolution de ce groupuscule fascisant. Nous avions alors fait l’analyse que le gouvernement, en pleine contestation de son projet de loi sur l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, n’irait pas jusque-là.

Nous avions lancé une pétition et écrit au ministre du Budget d’alors, Jérôme Cahuzac, pour proposer une alternative : puisque Civitas s’était auto-proclamé d’intérêt général, sans qu’aucune décision de l’administration fiscale n’intervienne, et qu’à ce titre, il fait des appels aux dons aux particuliers et aux entreprises en leur promettant des reçus afin de les défiscaliser, il suffit que l’administration fiscale fasse respecter la règle et sanctionne Civitas. Car c’est bien d’argent public qu’il s’agit, ce financement constituant une dépense fiscale pour l’Etat.

Las ! Malgré 12000 signataires, malgré le soutien de plusieurs députés, dont certains ont déposé des questions écrites à l’Assemblée Nationale2, le ministre du Budget n’a pris aucune décision pour faire cesser cet abus : considère-il qu’un groupuscule violent répond au critère d’intérêt général ?

Civitas continue donc ses méfaits avec nos impôts, pire, l’institut a osé porté plainte pour, « délit d’injures publiques envers une personne ou un groupe de personnes en raison de leur appartenance à une religion déterminée, en l’espèce, la religion catholique, en s’exposant dans un lieu public à l’occasion d’une manifestation organisée par et regroupant des associations catholiques, le dos et le torse nus sur lesquels étaient peintes les inscriptions « In gay we trust » et tenant à la main un aérosol sur lequel était inscrit « Holy Sperm » ; les dites inscriptions représentant des expressions outrageantes, termes de mépris ou invectives à l’encontre des catholiques et ne refermant l’imputation d’aucun fait ». Eloïse Bouton, une des deux Femen convoquées chez le juge, a rendu publique sa convocation qui est consultable en ligne. Cette plainte avait été déposée peu après la manifestation par le fameux Maître Triomphe3.

Qu’il y a-t-il d’injurieux à dire ou à écrire « En l’homosexualité nous croyons » ? « Sperme sacré » ? Détourner des expressions américaines qui l’ont été des millions de fois, est-ce un délit ? Est-ce parler d’homosexualité devant des catholiques qui serait injurieux ? Est-ce le retour du délit de blasphème ? N’est-ce pas plus insultant pour les catholiques de voir des personnes se réclamant de la même religion se comporter avec autant de violence et un abbé appeler au viol punitif ?

On fera observer d’ailleurs que les opposants au mariage pour tous ne faisaient nullement usage de leurs « libertés religieuses »4 , mais seulement de leur liberté d’expression et de manifestation politique, s’agissant de la contestation d’un projet de loi. Aucune injure en raison d’appartenance à une religion déterminée n’a donc lieu d’être retenue : il s’agissait, de la part des Femen, d’une simple “contre-manifestation”.

Les Femen n’ont fait que dénoncer une manifestation politique et idéologique à caractère homophobe, visant à empêcher une partie de la population d’accéder aux mêmes droits que les autres : la justice ferait mieux de se pencher sur le caractère d’injure publique grave, répétée et massive, qu’ont pu représenter les nombreuses “manifestations pour tous” et leurs débordements, envers des personnes, les homosexuels, non en raison de leur croyance ou de leur choix intimes, mais en raison de ce qu’ils sont !

On nage donc en plein brouillard, et la déclaration scandaleuse du Président de la République, lors de ses voeux, mettant sur le même plan l’antisémitisme, des actes anti-musulmans et les happenings des Femen, ne peut qu’encourager ces tenants d’un retour à l’interdiction du blasphème.

source : Union des FAmilles Laïques (UFAL) par Nicolas Gavrilenko
Jeudi 23 janvier 2014