Delphine Chayet

21/02/2008 | Mise à jour : 22:11 |

{{La secte, qui compte près de 5 000 membres dans l’Hexagone, est implantée dans une dizaine de grandes villes.}}
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Un mouvement créé aux États-Unis en 1954}}. L’Église de scientologie a été fondée en 1954 aux États-Unis par Ron Hubbard, un auteur de science-fiction mort en 1986. Le mouvement existe en France depuis 1959 sous le statut d’association loi de 1901. Il est implanté dans une dizaine de grandes villes dont Angers, Clermont-Ferrand, Saint-Étienne ou Lyon. Environ 45 000 personnes sont inscrites dans le fichier de l’association, mais seuls 10 % d’entre elles seraient des fidèles actifs, selon Danièle Gounord, porte-parole de la Scientologie en France. Son audience, vieillissante, est en perte de vitesse. L’organisation, soupçonnée de dérives sectaires depuis 1983, règne sur une nébuleuse d’associations qui défendent les droits de l’homme ou les victimes de catastrophes, luttent contre l’exclusion ou dispensent des cours de soutien scolaire. Elle s’autofinance par le biais de la vente de livres au grand public Hubbard est l’auteur de quelque 400 ouvrages et 4 000 conférences et les enseignements proposés aux fidèles. Un séminaire coûte «entre 50 et 400 euros », selon la porte-parole de l’«Église», qui refuse de dévoiler le budget annuel.

Un objectif : «la purification». Son action est fondée sur la «dianétique» terme signifiant «à travers l’âme» -, méthode qui permettrait d’accéder au bonheur en se purifiant des éléments mentaux négatifs. Cette philosophie appliquée prétend résoudre les problèmes de l’esprit, de la vie et de la pensée. Les futurs adeptes sont intronisés lors de séances de «purification», souvent à l’aide d’un électromètre, appareil utilisé pour détecter les «zones de détresse spirituelle». Les scientologues prônent la monogamie et la sainteté du mariage. Les ministres de Scientologie, considérée comme une religion aux États-Unis depuis 1973, célèbrent aussi des baptêmes, des mariages et des funérailles.

{{Opération séduction}}. Longtemps privilégié par la Scientologie, le prosélytisme sauvage cède de plus en plus la place aux méthodes de communication modernes (mailings, réalisation de DVD, publicités éditoriales déguisées, etc.). Sur le terrain, les scientologues se déplacent ­physiquement au moindre évé­nement attisant la polémique (manifes­tations, émeutes, mouvements sociaux). Toujours motivée par l’envie de «faire un monde meilleur» , l’Église de scientologie se trouve lancée dans une savante «opération séduction», désireuse de ne plus apparaître comme un groupe d’«empêcheurs de tourner en rond» et de séduire un public plus jeune.

{{Démêlés judiciaires.}} Défendue par une escouade d’avocats internationaux, l’Église de scientologie régulièrement poursuivie parvient généralement à passer à travers les mailles du filet. Elle a ainsi été condamnée pour la dernière fois en France en 2001, pour violation des lois relatives aux fichiers informatiques et libertés. En 1996, l’ancien président de l’Église de scientologie de Lyon avait été déclaré coupable d’homicide involontaire, d’escroquerie et de tentative d’escroquerie. À l’automne dernier, un non-lieu a été prononcé en faveur d’une vingtaine de scientologues, poursuivi notamment pour «escroquerie» par un jeune couple d’adeptes.
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Une implantation européenne}}. Répertoriée comme association religieuse dans de nombreux pays européens, où elle rencontre un succès relatif, la Scientologie a récemment connu plusieurs revers de fortune. Menacée en Espagne et en Autriche par plusieurs procédures judiciaires, elle a ainsi remboursé sans mot dire des dizaines d’adeptes déçus. En Italie, un fait divers impliquant un haut responsable du Celebrity Center parisien a également fait grand bruit mi-janvier, tandis que la Belgique se prépare à accueillir, en 2009, un procès-fleuve impliquant douze membres soupçonnés d’extorsion, escroquerie et non-assistance à personne en danger. En Allemagne, enfin, la disgrâce est totale : voyant en elle une secte qui se fait passer pour religion afin d’obtenir des fonds, le gouvernement vient de déclarer l’Église de scientologie «inconstitutionnelle».

{{Des projets immobiliers ambitieux}}. En matière de foncier, la Scientologie frôle parfois la folie des grandeurs. À Berlin, elle a ainsi inauguré en janvier son nouveau siège pour l’Allemagne et l’Europe de l’Est, sis dans un immeuble de 4 000 m2 face au palais de Charlottenburg. À Boston, le building entier qu’elle compte occuper demeure vide. Tout comme celui de Bruxelles, où les 8 000 mètres carrés de locaux récemment acquis près du palais de justice attendent encore leurs fidèles .

http://www.lefigaro.fr/actualites/2008/02/22/01001-20080222ARTFIG00011-comment-lascientologie-cherche-a-recruter-en-france.php

Le Figaro.