Le jeu phénomène Fortnite est aujourd’hui présent dans toutes les consoles, sur tous les smartphones. Mais sous ses airs de dessin animé ludique, Fortnite n’est pas sans dangers pour les enfants, plus sensibles à ses mécanismes addictifs et peu protégés contre les rencontres qu’ils peuvent y faire.

 

Comment protéger ses enfants des risques de Fortnite ?

La violence d’Internet a débarqué dans Fortnite, qui est devenu bien plus qu’un simple jeu-vidéo. Phénomène de cour de récréation, réseau social ouvert et gratuit, sport de compétition aux primes de plusieurs millions de dollars : la pépite du studio américain Epic Games multiplie les casquettes et fait tourner la tête.

Les parents attentifs savent que le jeu est noté « PEGI 12 », système européen de classification qui émet un avis sur l’âge à partir duquel il est conseillé de rentrer dans le jeu. À partir de 12 ans pour Fortnite, donc. Et pourtant, un rapide coup d’œil dans les cours de récréation suffit à constater qu’une bonne partie de ses joueurs est plus jeune, même si aucune statistique officielle n’existe sur leur âge moyen.

Comment protéger ses enfants des risques de Fortnite ?

« S’il fallait comparer Fortnite à quelque chose de pré-existant, ce serait peut-être Tetris à son époque », avance Didier Calcei, professeur associé en innovation numérique, dont le fils de 11 ans est par ailleurs régulièrement collé devant le jeu : « C’est devenu pour lui un tiers lieu, un endroit où il retrouve ses copains. »

Une sorte de cour de récréation numérique, où n’importe qui peut s’inviter, sans autre surveillance que celle des parents. Car on peut jouer à Fortnite entre amis. Mais si l’on est seul, l’algorithme du jeu met le joueur en équipe avec de parfaits inconnus, sans distinction d’âge. « Je ne le laisse jamais jouer isolé dans sa chambre. Il faut garder un œil et discuter pour qu’il soit conscient des risques à éviter », explique ainsi l’universitaire.

Au malheur des mômes

Pédopsychiatre spécialiste de l’addiction aux jeux-vidéo, Olivier Phan n’hésite d’ailleurs pas à parler de « catastrophe ». La moitié des 500 adolescents originaires d’Île-de-France qu’il soigne chaque année au centre Pierre Nicole à Paris, viennent à cause d’une addiction au jeu et, sur ceux-ci, « environ 80 % à Fortnite, qui réunit tous les ingrédients : le multijoueur, la compétition, le phénomène dans les cours de récréation, plus une part d’inconnu. »

Si le phénomène d’addiction au jeu-vidéo n’est pas nouveau, la moyenne d’âge des patients d’Olivier Phan a baissé, passant d’une quinzaine d’années il y a dix ans, à l’époque des jeux comme League of Legends ou World Of Warcraft, à 11-12 ans. « Le cas typique est un adolescent un peu plus fragile, un peu phobique et dépressif, qui a tendance à se renfermer. Il internalise tout son mal-être et se soigne en fuyant dans le jeu », explique-t-il.

L’environnement familial reste alors la meilleure porte de sortie. Proposer des activités extrascolaires riches et entretenir une relation saine avec son enfant est un bon moyen d’éviter de telles dérives, recommande le spécialiste.

D’autant plus que, pour les adeptes de Fortnite, l’argent est plus souvent dépensé que gagné. Certains peuvent injecter des centaines, voire des milliers d’euros dans des « skins », ces éléments cosmétiques qui modifient l’apparence en ligne du joueur. Un déguisement qui n’influence en rien le jeu mais qui a permis à Fortnite d’engranger trois milliards de dollars en 2018. Les plus jeunes utilisent ainsi les skins comme des marqueurs sociaux dont ils parlent à la récréation.

Manque de self-control

Célia Hodent, psychologue cognitiviste qui a travaillé sur Fortnite avant le lancement du mode battle royale, qui a fait son succès, insiste quant à elle sur le bien-fondé du classement PEGI 12. Avant, les enfants n’ont pas forcément le recul nécessaire. Car Fortnite est un jeu diablement bien pensé, qui joue sur les frustrations et les joies du joueur pour le pousser à relancer indéfiniment les parties.

Passer un moment avec lui et essayer de jouer est ainsi un bonne porte d’entrée dans ce réel insoupçonné par bien des parents. C’est aussi l’occasion de se faire une idée des rencontres en ligne que le jeu permet, et de la toxicité qui peut régner lors des échanges entre les joueurs. « Autant de dangers inhérents à Internet, qui demandent une éducation de l’enfant », abonde Celia Hodent.

source :https://www.la-croix.com/Famille/Loisirs/Comment-proteger-enfants-risques-Fortnite-2019-08-13-1201040852?utm_source=Newsletter&utm_medium=e-mail&utm_content=20190813&utm_campaign=newsletter__crx_parents&utm_term=1723648&PMID=2297c7554f0dc2f0deed282f8953dea5

  • Théo Mercadier,