Un bateau de croisière avec 300 scientologues à son bord est en quarantaine depuis une semaine dans les Caraïbes, à cause d’un cas de rougeole à bord. L’occasion de s’interroger sur les pratiques de santé au sein de la secte.

Le Freewinds, bateau de croisière de l’Église de Scientologie, placé en quarantaine depuis la détection d’un cas de rougeole.  Bradley Lacan/AP

Un bateau de croisière de l’Église de Scientologie, le Freewinds, est placé en quarantaine depuis le 30 avril dans les Caraïbes, à cause d’un cas de rougeole détecté chez l’un des membres de l’équipage. D’abord accosté à Sainte-Lucie, il a rejoint son port d’attache sur l’île de Curaçao samedi, sans qu’aucune des 300 personnes à bord ne puisse encore en descendre.

Le ministère de la santé de Sainte-Lucie a fourni 100 doses de vaccin contre la rougeole au personnel médical du bateau. Depuis, le Freewinds toujours en quarantaine attend les résultats des analyses sanguines prélevées sur l’ensemble des passagers pour les débarquer. Un fait divers qui permet d’interroger les pratiques de soin au sein de l’organisation reconnue comme une secte par plusieurs pays, dont la France, depuis 1995.

Un discours anti-sciences

« Les scientologues ont recours aux traitements médicaux conventionnels pour se soigner. [Ils] font appel aux médecins lorsqu’ils sont physiquement malades ; ils suivent leurs conseils et appliquent leurs prescriptions », peut-on lire sur le site officiel de la Scientologie. Fondée par l’auteur de science-fiction américain Lafayette Ron Hubbard dans les années 1950, la Scientologie est plutôt hostile à la médecine classique. « Elle fait partie des groupes à caractère sectaire dont les pratiques liées à la santé sont imposées par le dogme », explique Joséphine Cesbron, présidente de l’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes (UNADFI).

Même si aucun document officiel n’affirme que les scientologues sont opposés aux vaccins, la présidente de l’UNADFI estime que « le discours de la scientologie est teinté de notions anti-sciences, comme d’autres croyances qui découlent du courant New Age. Même si rien ne le prouve, ce ne serait pas très étonnant qu’il soit anti-vaccins. »

Alternatives douteuses

Les scientologues sont souvent encouragés à se soigner en recourant à des thérapies non-médicamenteuses. C’est par exemple le cas pour la toxicomanie, prise en charge dans cette organisation par des structures commeNarconon, ou Non à la drogue, oui à la vie. Pour Joséphine Cesbron, ces « associations écrans », qui diffusent les théories scientologues, sont particulièrement dangereuses. « Aux États-Unis la scientologie a fait face à de nombreux procès suite au décès d’adeptes. Des centres ont dû fermer car ce ne sont pas de réels centres de soins pour traiter correctement les toxicomanes. »

Les sectes, moins visibles mais bien présentes

Dans La Dianétique : la puissance de la pensée sur le corps, le livre dans lequel Hubbard a théorisé les grands principes de la Scientologie, la prise en charge de la santé mentale est pensée totalement en rejet de la psychiatrie conventionnelle. La Scientologie se fonde sur un concept de développement personnel « qui permettrait de délivrer l’homme de la cause de ses maladies mentales et physiques et de le rendre plus performant », explique Joséphine Cesbron. Ses adeptes suivent ainsi des cures de purification censées les guérir de tous leurs maux.

source ; lacroix.com

par

  • Emeline Paillasseur,
  • le 07/05/2019 à 15:28