PARIS, 4 fév 2008 (AFP) – La ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie,
veut s’inspirer de la « méthode des GIR », les groupes d’intervention régionaux
qui luttent contre les trafics de drogue et l’économie souterraine des cités,
pour combattre les dérives sectaires, a-t-on appris lundi à l’Intérieur.
Il s’agira de « faire travailler ensemble les services (de sécurité
intérieure) et des fonctionnaires venant d’autres ministères », notamment ceux
du fisc, de l’Education nationale, du travail et de l’emploi, a précisé la
ministre dans l’après-midi devant des journalistes.
Elle avait annoncé cette décision lundi matin lors d’une réunion des
principaux responsables de son ministère en charge de la lutte contre les
dérives sectaires (police, gendarmerie, préfecture de police, secrétariat
général et direction juridique).
« Pour renforcer notre capacité d’action », a-t-elle commenté ensuite Place
Beauvau devant des journalistes, la ministre entend utiliser « le modèle et les
méthodes des GIR pour lutter contre ces dérives, en particulier pour obtenir
davantage de renseignements ou pour pouvoir agir sur des indications,
notamment financières, qui peuvent ensuite nous permettre de remonter à
certains types d’action ».
« En surveillant les avoirs financiers de certains groupes, on peut remonter
(jusqu’à) l’origine des fonds et s’ils ont été obtenus par escroquerie dans le
cadre d’une dérive sectaire, cela nous permet d’avoir une action », a poursuivi
Mme Alliot-Marie.
Elle n’a accepté de s’exprimer que sur « les dérives sectaires », et non sur
les sectes: « le droit français ne définit pas les sectes, c’est un mot qui ne
constitue pas une base juridique d’action », a-t-elle en effet expliqué.
« Ce qui m’intéresse, c’est ce qu’on appelle les dérives sectaires,
c’est-à-dire les actes qui sont contraires à la loi ou qui risquent de porter
atteinte à l’intégrité physique ou psychologique de personnes fragiles, (qu’)
il me revient de poursuivre », a-t-elle souligné.
Elle a en revanche assuré qu’il n’était question « en rien d’une remise en
cause » de la MIVILUDES (Mission interministérielle de vigilance et de lutte
contre les dérives sectaires), qui « a son rôle de réflexion, voire de
propositions ».
« Je laisse chacun faire son travail, toutes les études peuvent être
intéressantes, mais l’action relève de moi, c’est à moi d’agir, cela entre
dans ma mission qui est de protéger les Français », a-t-elle fait valoir.
Elle a enfin rappelé avoir « toujours dit » qu’elle ne « toucherait pas à la
loi de 1905 » (sur la séparation des Eglises et de l’Etat), en se prononçant
pour « une laïcité fondée sur le respect et sur la tolérance ».