Après avoir reçu des signalements de “faux remèdes” contre le coronavirus et “des conseils dangereux”, la Mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) craint l’existence de dérives.

Organe d’État, la Miviludes affiche d’entrée de jeu la couleur. Elle assure avoir reçu “une trentaine de signalements” liés à la crise sanitaire du Covid-19, qui a poussé le gouvernement à opter pour un confinement strict de la majorité des Français depuis le mardi 17 mars. Il s’agit de “discours dangereux émanant de charlatans qui prodiguant de faux remèdes et des conseils dangereux”, a expliqué à l’AFP la Miviludes.

Ses représentants n’hésitent pas non plus à parler “de religieux extrémistes et de leaders qui entendent démontrer que la crise sanitaire actuelle, qu’ils avaient prévue, valide leur théorie”. “La situation exceptionnelle que nous connaissons et l’exploitation habile de la peur ou des angoisses qu’elle suscite sont propices au développement des rumeurs et des théories complotistes”, détaillent-ils.

“Punition divine”

La mission s’inquiète particulièrement pour “les personnes fragiles”, ou “déjà séduites” par des sectes. Dans ces deux cas, la Miviludes estime que “le risque de déstabilisation et de comportements irrationnels et préjudiciables augmente”. Parmi les discours dangereux, elle observe ceux qui développent “le thème de la punition divine et des signes de l’éminence de l’apocalypse développés par des prédicateurs ou des religieux dans toutes les obédiences”.

Elle pointe aussi du doigt “les explications scientistes et les conseils parfois dangereux” de certains leaders, dont les vidéos totalisent des centaines de milliers de vues. Pour résister au coronavirus, certains conseillent de boire un jus de légumes, le jeûne ou des bains froids pour s’endurcir et résister au virus.

2 500 signalements annuels

Créé en 2002 en remplacement de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes, la Miviludes reçoit et traite en moyenne 2 500 signalements par an. Depuis le 1er janvier 2020, elle a intégré le ministère de l’Intérieur. Une décision jugée catastrophique par Georges Fenech, qui a présidé la Miviludes de 2008 à 2012. En octobre 2019, il déclarait sur France Inter : “C’est une catastrophe. Cette décision est d’une conséquence terrible. Cette institution nous était enviée par le monde entier”.

Pour lui, la lutte contre les sectes et contre la radicalisation sont deux combats distincts. “Certes, les sectes se retrouvent dans le monde religieux, mais aussi dans la santé, l’éducation, la culture ou le monde sportif”. Pour preuve, la Miviludes a révélé, en septembre 2019, la commercialisation des patchs censés “soigner” la maladie d’Alzheimer. Ils étaient vendus 1 500 euros à l’unité.

le 19 mars 2020

Reforme

Par Cathy Gérig

https://www.reforme.net/actualite/2020/03/19/coronavirus-charlatanisme-extremisme-religieuxla-crainte-des-derives-sectaire/

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