La protection de l’enfance est sous tension. Les professionnels craignent une hausse des violences intrafamiliales en raison du confinement imposé par le Covid-19. Tous en appellent à la mobilisation collective.

Confiner les Français pour leur sauver la vie. L’objectif est clair et désormais acquis. Mais il a un effet pervers : faire bondir le risque de violences intrafamiliales. « Même si nous n’avons pas le choix, ce huis clos est une catastrophe sur le plan social », estime Nathalie Vabres, cheffe de l’unité d’accueil des enfants en danger au CHU de Nantes. « Avec le confinement, les tensions risquent d’être exacerbées, y compris dans les foyers où il n’y en a pas habituellement », confirme Valérie Tanguy, adjudante de gendarmerie, spécialiste de la question des violences intrafamiliales.

Pour les enfants, le changement de vie est radical. Privés d’école et d’activités extrascolaires, ils se retrouvent isolés dans leur famille. « Alors que l’école est une respiration pour ceux qui sont maltraités, souligne Agnès Gindt-Ducros, directrice de l’Observatoire national de la protection de l’enfance. C’est aussi le premier pourvoyeur de signalement de maltraitance. On se coupe d’une grande source d’information. »

Les enfants des éducateurs seront gardés

La société française de pédiatrie médico-légale a diffusé un communiqué dans lequel elle rappelle l’importance de rester en veille sur ce sujet. « Si on entend des cris suspects chez ses voisins, il faut appeler le 119 ou le 17 », exhorte Martine Balençon, la présidente.

Une action loin d’être un réflexe : seul un Français sur quatre appelle le 119 en cas de suspicion de violence sur un enfant. « Quand la vie d’un enfant est en balance, il n’y a pas d’hésitation à avoir », martèle Adrien Taquet, le secrétaire d’État à la protection de l’enfance, qui en appelle « à la mobilisation collective. » « On peut aller frapper à la porte des voisins pour demander si tout va bien, suggère Agnès Gindt-Ducros. Cela suffit parois à faire redescendre la pression. »

Pour les enfants qui étaient suivis par l’Aide sociale à l’enfance, en foyer ou dans les familles, la situation est tout aussi préoccupante. Les départements, très sollicités en début de pandémie dans les Ehpad, se mobilisent aussi vite qu’ils le peuvent. Pas tous au même rythme.

« Le secteur est sous tension, admet Adrien Taquet. Certains éducateurs sont atteints, d’autres doivent garder leurs enfants. » Première avancée : le secrétaire d’État a obtenu, samedi, que les professionnels de la protection de l’enfance bénéficient, comme le personnel médical, d’une garde d’enfants. Il pourrait également être fait appel aux éducateurs sportifs au chômage technique.

Facebook live, lundi 23 mars, à 18 h, sur les violences intrafamiliales en période de confinement avec Marlène Chiappa et Adrien Taquet. Un Guide des parents confinés est également disponible en ligne.

Le 119, numéro d’urgence pour signaler les maltraitances sur enfants, est accessible 24 heures/24, 7 jours/7 (appel gratuit).

« Les Parisiens ont peut-être sauvé des enfants »

L’analyse d’Agnès Gindt-Ducros, directrice de l’Observatoire national de la protection de l’enfance, sur l’exode des Parisiens :

 La maltraitance existe partout, mais des conditions de vie difficiles sont un facteur de dangerosité supplémentaire. Être confiné dans une maison avec jardin n’a forcément rien à voir avec un confinement à cinq dans 60 m2. Les Parisiens l’ont bien compris.

Tout le monde leur est tombé dessus à bras raccourcis mais je pense qu’ils avaient raison. Certains ont peut-être sauvé des enfants en faisant cela. Vivre à quatre dans 45 m2, comme c’est souvent le cas dans la capitale, sans pouvoir sortir, c’est infernal. Il y a probablement une irresponsabilité du point de vue de la contamination du coronavirus, mais leur réaction peut se comprendre».

source : https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/coronavirus-confinement-et-familles-attention-danger-6789091

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