PHÉNOMÈNE SECTAIRE

Merci d’avoir parlé du phénomène sectaire ainsi que du groupe catholique qui s’en préoccupe depuis une trentaine d’années ( La Croix du 8 mars). Votre article me pousse à émettre un point de vue qui est, depuis au moins vingt-cinq ans, celui des associations spécialisées dans ce problème. Ce point de vue me paraît absolument exact. La question sectaire, au sens français actuel du terme, ne relève d’abord ni du sociologue, ni du juriste, ni de l’homme politique, ni du responsable religieux. Elle relève d’abord et avant tout du psychologue. Le mot clé du fonctionnement sectaire est le suivant : manipulation. C’est une attitude redoutable, bien connue des psychologues, qui ont écrit plusieurs livres sur la question. Ils ont mis au point (c’est, du moins, ce que plusieurs m’ont affirmé) des critères de détection de cette mise en dépendance créatrice de « psychodétenus ». Porter le débat sectaire sur le terrain du religieux est le rêve de groupes problématiques qui se plaignent d’être des nouveaux mouvements religieux (ou spirituels) incompris. Ils veulent situer le débat à partir du couple secte-religion. Or il s’agit, en réalité, du couple manipulation-liberté. Ils souhaitent aussi ardemment maintenir l’impossibilité de toute définition de la dérive sectaire. Ce qui n’est pas le cas.

Yvon Le Mince

(Paris)