Depuis l’apparition du nouveau coronavirus en décembre 2019, les théories complotistes se sont multipliées sur les réseaux sociaux, et ont évolué au fil de la crise sanitaire. Retour, mois par mois, sur les plus notables de 2020.

 Facebook, YouTube, Twitter… en 2020, les réseaux sociaux ont été submergés par les fausses informations au sujet de la pandémie.
Facebook, YouTube, Twitter… en 2020, les réseaux sociaux ont été submergés par les fausses informations au sujet de la pandémie.

Jamais un événement n’avait suscité autant de désinformation sur les réseaux sociaux. Facebook, Twitter, YouTube… depuis l’apparition du nouveau coronavirus, ces plate-formes sont devenues autant de terreaux pour les théories complotistes. De son origine à ses prétendus traitements miraculeux, des tests PCR aux vaccins… face à cette situation inédite, la maladie a alimenté, chaque mois, de nouveaux fantasmes.

Janvier : une soupe de chauve-souris à l’origine de l’épidémie

Au début de l’année 2020, l’origine de ce mystérieux virus, apparu en décembre dans la ville de Wuhan, donne lieu à de nombreuses spéculations. Et alors que deux villes du centre de la Chine sont placées en quarantaine, plusieurs tweets, ainsi que des médias comme les quotidiens britanniques le Mirror et le Daily Star, suggèrent qu’une soupe de chauve-souris, présentée comme un plat prisé des Chinois de la ville de Wuhan, serait à l’origine de l’épidémie.

Pourtant, si les scientifiques s’accordent à dire que la chauve-souris a pu être un « réservoir » pour le virus, rien ne prouve formellement que cet animal soit à l’origine de l’épidémie. Aujourd’hui, l’espèce intermédiaire qui a causé le passage à l’homme reste encore inconnue. Et si le pangolin a longtemps été soupçonné d’être ce vecteur, rien ne permet encore de prouver qu’il soit le bon « coupable ».

Covid-19 : «Hold-up», 5G, eau de Javel, «grippette»... une folle année de fake news

En outre, des résidents de Wuhan réfutent dès l’apparition du virus la théorie selon laquelle cette soupe serait un plat régulièrement consommé dans la ville. « Nous, les gens de Wuhan, n’avons jamais entendu parler de cette soupe. Nous sommes aussi dégoûtés par cette vidéo », s’agace ainsi une habitante de la province dans un tweet en janvier.

PODCAST. D’où vient réellement le Covid-19 ? L’origine du virus et ses mystères

Février : le Covid-19, pas plus dangereux qu’une grippe

Les théories visant à minimiser la dangerosité de la maladie apparaissent très tôt sur les réseaux sociaux.

Elles sont même relayées par des scientifiques comme le médecin Michel Cymes ou par des leaders politiques. Le président brésilien Jair Bolsonaro a par exemple longtemps qualifié le virus de « grippette », refusant de porter le masque, jusqu’à être testé positif, en juillet. Donald Trump, a, lui aussi comparé le Covid-19 à la grippe saisonnière, affirmant pendant de long mois que l’épidémie disparaîtrait d’elle-même. Sur Facebook, de nombreux internautes avancent alors que les symptômes seraient les mêmes pour les deux maladies, et qu’elles pourraient être facilement confondues.

Depuis, près de 1,8 million de personnes sont décédées à cause de la pandémie dans le monde, et des personnes jeunes ou en pleine santé ont été sévèrement atteintes, contribuant à faire évoluer la vision de la maladie. Avec le recul, plusieurs études ont permis d’établir que le taux de létalité de la maladie était bien supérieur à celui de la grippe. L’une d’entre elles, publiée récemment dans la revue médicale The Lancet Respiratory Medicine, rapporte ainsi que le Covid-19 fait trois fois plus de morts à l’hôpital que la grippe saisonnière en France (16,9 % contre 5,8 %).

Mars : l’Institut Pasteur a créé et breveté le virus pour s’enrichir

En mars, l’origine toujours inconnue de la maladie donne lieu à de nouvelles rumeurs. Une vidéo complotiste, visionnée plus de 3 millions de fois, prétend notamment que l’institut Pasteur aurait créé le virus, afin de vendre ensuite un vaccin et s’enrichir.

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« On laisse rentrer cette saloperie pour qu’il y ait le plus de gens contaminés, et par la suite l’Institut Pasteur va sortir un vaccin. Et qui est-ce qui va l’acheter? Ceux qui auront de la thune », martèle l’auteur de la vidéo très partagée. Un brevet déposé par l’Institut Pasteur en 2004, nommé « EP 1 694 829 B1 », et accessible sur Internet, prouverait cette théorie.

En réalité, ce brevet, qui a fait l’objet d’une déclaration d’invention en 2004, concerne un candidat-vaccin développé par les chercheurs français pour soigner l’épidémie de SRAS, syndrome respiratoire aigu sévère. Provoquée par le virus SARS-CoV, cette maladie a fait 8 096 cas et 774 morts dans 28 pays entre novembre 2002 et juillet 2003, rapporte l’OMS. Rien à voir, donc, avec le SARS-CoV-2, apparu en décembre 2019.

Une étude également publiée en mars par l’Ifop révèle que plus d’un quart des Français (26 %) pensent que le nouveau coronavirus a été fabriqué en laboratoire, dont 17 % « intentionnellement ».

Avril : les boissons chaudes empêchent d’attraper le Covid-19

Face à la panique grandissante suscitée par la pandémie, les soi-disant « remèdes » pour se protéger contre le virus se multiplient, notamment par le biais des chaînes de messages WhatsApp. Sans citer de sources précises, ces textos assurent provenir de « médecins », d’« infirmières », ou encore d’« amis travaillant dans des ministères ». Au printemps, l’un d’eux, particulièrement viral, encourage la consommation de boissons chaudes, comme « le thé, la tisane, le bouillon, les soupes, ou simplement l’eau chaude » car « le virus ne résiste pas à la chaleur et il meurt s’il est exposé à des températures de 26, 27° ».

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Une affirmation complètement fausse puisque, si les virus peuvent bien être tués par des hautes températures, ce n’est le cas qu’à partir de 56° degrés, comme l’expliquent à l’époque plusieurs infectiologues. Et à une telle température, le corps humain meurt lui aussi s’il n’est pas en capacité de se rafraîchir.

Si ce prétendu « conseil » est sans conséquences, d’autres se révèlent beaucoup plus dangereux. Le même mois, Donald Trump incite par exemple les Américains à tester « des injections de désinfectant » dans le corps humain. Des propos qu’il qualifiera plus tard de sarcastiques, après les moqueries du monde entier.

VIDÉO. Coronavirus : Trump suggère une injection de désinfectants ou des UV

Pourtant, le nombre d’appels aux centres antipoison américains a bondi cette année pour des intoxications aux produits nettoyants et gels désinfectants, en particulier l’eau de Javel et les gels hydroalcooliques. Plusieurs Américains en sont même morts.

Mai : le masque est dangereux pour la santé

Après les revirements du gouvernement sur le port du masque, passé d’inutile au début de la crise à obligatoire dans les transports en commun et les collèges en mai, un important mouvement anti-masques se crée au printemps. Le principal argument avancé par ces contestataires est qu’il serait « liberticide » et « dangereux pour la santé ».

Et pour cause, de nombreux internautes avancent que celui-ci ferait drastiquement baisser notre taux d’oxygène, provoquant une carence appelée « l’hypoxie ». Pourtant, si les masques présentent de nombreux désagréments et peuvent faciliter l’essoufflement, notamment pour les asthmatiques, ils n’entravent pas l’oxygénation. L’INSERM rappelle que « si certaines personnes peuvent se sentir gênées par le fait de porter un masque, c’est par manque d’habitude », mais que « ces protections sont développées de manière à laisser passer l’oxygène dans l’organisme ». Ces risques sont donc infondés si l’on porte des masques homologués.

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Dans l’argumentaire des anti-masques, cette protection nous ferait aussi respirer le dioxyde de carbone que l’on rejette, conduisant à nous intoxiquer.

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Mais là encore, « le risque d’une intoxication au CO2 n’est aucunement avéré », assure l’INSERM. Rappelons qu’il est naturel de respirer de petites quantités de Co2, même sans masque.

Pour soutenir leur thèse, les opposants aux masques vont même jusqu’à partager de façon virale une vidéo assurant que cette protection serait à l’origine de la mort de trois enfants, en Allemagne. Une rumeur totalement infondée

Juin : l’hydroxychloroquine, remède miracle

Depuis le début de la crise, un « remède » en particulier, vanté par le directeur de l’IHU Méditerranée Infection à Marseille, Didier Raoult, suscite de vifs débats en France. L’hydroxychloroquine, médicament utilisé notamment contre le paludisme, est l’objet de discussions animées parmi les scientifiques, les politiques et sur les réseaux sociaux, afin de savoir si son utilisation devrait être autorisée contre le nouveau coronavirus. Sans preuve de son efficacité, le professeur Raoult en fait inlassablement la promotion. Cela lui vaut aujourd’hui d’être poursuivi par l’Ordre des médecins.

Mais dans le doute, l’armée française commande, « par précaution », des doses du médicament, alimentant les théories selon lesquelles le gouvernement voudrait garder ce « remède miracle » pour son usage personnel.

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Puis l’exécutif autorise temporairement la distribution de la molécule. De l’autre côté de l’Atlantique, Donald Trump, affirme prendre ce médicament à titre préventif et vante à plusieurs reprises ses mérites. Le président américain décide même d’envoyer, fin mai, 2 millions de doses d’hydroxychloroquine au Brésil, fortement touché par l’épidémie.

Mais en France, l’autorisation de distribuer la molécule est finalement abrogée, après la publication de deux études par les prestigieuses revues médicales The Lancet le 22 mai et le New England Journal of Medicine le 1er mai qui remettent en cause l’efficacité de la molécule. Sauf que les auteurs de ces études se rétracteront quelques semaines plus tard, amplifiant encore la méfiance de la population envers les pouvoirs publics. Sur les réseaux sociaux, les théories sont nombreuses : l’hydroxychloroquine serait par exemple interdite pour que les grandes entreprises pharmaceutiques puissent s’enrichir en vendant d’autres traitements plus cher.

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Pour le moment, aucune étude complète n’a permis d’établir un effet positif de l’hydroxychloroquine sur les patients infectés par le coronavirus. L’OMS, a, pour sa part, conclu à l’inefficacité du traitement et suspendu ses essais cliniques, en juillet. Mais cela n’a fait que nourrir davantage les théories des plus ardents défenseurs du professeur Raoult, qui le pensaient déjà victime d’un complot.

Juillet : les antennes 5G favorisent la propagation du virus

Dès le début de la pandémie, Thomas Cowan, un médecin américain très controversé et connu pour ses propos complotistes, affirme que les épidémies, comme la « grippe espagnole », sont toujours apparues après l’introduction d’une nouvelle technologie d’ondes, à l’image de la radio ou des radars.

Visionnée et partagée des millions de fois, une vidéo d’un prétendu ingénieur anglais en télécommunications vient conforter cette rumeur mi-mai. Il manipule ce qu’il présente comme un kit d’équipement de la 5G qui présente l’inscription COV-19. Soit, selon lui, une preuve que le virus se propage délibérément via les antennes. Les fantasmes se multiplient, y compris en France, où les débats contre la 5G sont extrêmement virulents avant son lancement. Une publication faisant un parallèle entre la répartition des antennes-relais 5G et celles des malades ou des morts du Covid-19 est partagée des dizaines de milliers de fois durant l’été.

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Malgré le démenti de l’OMS qui souligne que « les virus ne circulent pas sur les ondes radio ou par les réseaux mobiles » en avançant pour preuve que la maladie « se propage dans de nombreux pays qui n’ont pas de réseau mobile 5G », la rumeur prend de l’ampleur. Elle finit aussi de radicaliser les plus convaincus, qui passent à l’action en endommageant les antennes. Rien qu’en Europe, l’association qui représente opérateurs et constructeurs de téléphonie mobile (GSMA) recense au mois de juillet plus de 150 attaques et des destructions en Belgique, Italie, Suède ou aux Pays-Bas commises depuis le début de l’année. La France en a subi une vingtaine à cette date.

Août : la mention Covid sur un certificat de décès rapporte 5 000 euros aux hôpitaux

Et si les hôpitaux recevaient une « prime » de 5 000 euros à chaque fois qu’ils déclarent un décès dû au Covid-19 ? Cela les inciterait à gonfler les chiffres et pourrait expliquer le nombre important de décès depuis le début de l’épidémie, affirment des milliers d’internautes à la fin de l’été, alors que le spectre d’une deuxième vague se rapproche.

Cette rumeur part d’une publication belge qui rapporte le cas d’« une dame dont la maman est décédée d’un cancer » mais dont l’acte de décès aurait « reçu la mention “Covid-19” ». Pour l’auteur de ce message, l’explication de cet acte est simple : « l’hôpital reçoit un subside de 5 000 euros à chaque décès dû au virus ». Les hôpitaux auraient donc intérêt à falsifier les certificats de décès de leurs patients.

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Sauf qu’une telle prime n’a jamais existé, ni en Belgique, ni en France. Les hôpitaux français ont bien reçu un « soutien financier » de 475 millions d’euros en avril et en mai, pour « faire face aux surcoûts qu’ils ont supportés », et 10 millions d’euros ont été apportés aux « projets de recherche labellisés », rapporte le ministère de la Santé, mais jamais en fonction de quotas de patients décédés.

La rumeur est démentie dès le mois d’août par le ministère de la Santé et plusieurs centres hospitaliers belges, mais cela ne l’empêche pas de se propager de façon virale en France. Quelques mois plus tard, Olivier Véran lui-même se voit obligé de rétablir la vérité sur cette affirmation, « évidemment fausse ». « Je vais essayer de rester calme mais je trouve ça insultant pour les soignants, pour les médecins, pour les équipes, pour les familles de malades, pour les malades eux-mêmes », s’agace alors le ministre.

Septembre : les tests PCR ne détectent pas le Covid

À la fin de l’été, le gouvernement décide de revoir sa stratégie en augmentant les capacités de tests. Il devient alors possible d’effectuer jusqu’à 1,4 million de tests RT-PCR par semaine. Plus besoin d’ordonnance pour se faire dépister. Ces tests deviennent alors la cible de nombreuses rumeurs. La plus fréquente assurant que ces tests ne distingueraient pas le SARS-Cov-2 des autres types de coronavirus.

Ce texte rapporte que, selon les estimations de plusieurs médecins, « 90 % des personnes testées positives ne portaient pratiquement aucun virus ». Le nombre de dépistages effectués chaque semaine serait, suivant cette théorie, complètement faussé. Pourtant, cela ne signifie pas que ces personnes sont faussement positives à proprement parler. En réalité, elles ont bien été contaminées mais leur organisme ne contient qu’une faible quantité de matière virale. Or le test PCR est suffisamment sensible pour le détecter. Ce qui est vrai, c’est que ces personnes peu infectées sont sans doute moins contagieuses que d’autres. Le but de cet article était donc de s’interroger pour savoir s’il faudrait relever le seuil de détection de la quantité de virus.

Octobre : les services de réanimation ne sont pas débordés

En octobre, la deuxième vague frappe de plein fouet la France. Les hôpitaux, dont la capacité des services de réanimation a été augmentée depuis la première vague, se rapprochent de la saturation dans plusieurs régions, poussant Emmanuel Macron à instaurer un deuxième confinement. Pourtant, une vidéo virale partagée 37 000 fois sur Facebook, assure que les hôpitaux « ne sont pas débordés ». Franck Renda, un internaute ne travaillant pas dans le domaine de la santé et connu pour ses interventions controversées sur les réseaux sociaux, dénonce face caméra une « supercherie de dingue ».

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En se basant sur les statistiques du nombre de personnes en soins intensifs et en réanimation, l’auteur de la vidéo assure qu’il y a largement assez de lits disponibles pour accueillir les malades du Covid-19. Mais dans ce calcul, il ne prend pas en compte les patients souffrant d’autres pathologies qui doivent, eux aussi, être accueillis. Or, à la date du 30 octobre, 60 % des lits de réanimation français sont occupés uniquement par des patients Covid-19, selon les chiffres du ministère de la Santé. De plus, de nombreux hôpitaux ont déjà anticipé la seconde vague et déprogrammé leurs opérations habituelles afin de garder de la place pour les patients souffrant du nouveau coronavirus. Mais cette stratégie n’est pas viable au long terme, car il faudra pouvoir pratiquer de nouveau les opérations prévues avant le Covid-19.

En outre, additionner le nombre de lits en réanimations et en soins intensifs comme le fait l’auteur de la vidéo n’a que peu de sens, puisque les patients du Covid peuvent être transférés du jour au lendemain d’un service à l’autre.

Enfin, les capacités calculées tiennent déjà compte des mesures sanitaires mises en place pour limiter l’épidémie telles que le port du masque, la distanciation physique, la généralisation du télétravail et, pour finir, l ‘instauration de confinements. Sans ces mesures, les chiffres de la pandémie seraient sans doute beaucoup plus importants, et les hôpitaux auraient encore plus de mal à gérer l’afflux de patients.

Novembre : Hold-up, toute la vérité sur la pandémie dans un documentaire

Alors que la pandémie touche la planète depuis près d’un an, un « documentaire » français, prônant la « vérité » sur le Covid-19, paraît en novembre sur Internet. Produit par un ancien journaliste, Pierre Barnérias, « Hold-Up – Retour sur un chaos » promet de dénoncer les mensonges des autorités, à travers un florilège de théories complotistes. Des tests PCR aux vaccins, en passant par l’origine du virus ou la chloroquine, tous les grands thèmes de l’épidémie sont abordés. Ces théories sont exposées par le biais d’entretiens avec des experts, souvent controversés ou apparaissant à plusieurs reprises avec différentes fonctions.

L’argumentaire de ce « documentaire » consiste en fin de compte à minimiser la gravité de l’épidémie et décrédibiliser la gestion de la crise sanitaire.


 

Le film, long de deux heures et quarante-cinq minutes, accumule plus de 50 000 vues le jour de sa sortie sur Dailymotion avant d’être supprimé de la plate-forme.

Preuve que les réseaux sociaux ont un rôle clé dans la propagation de thèses complotistes, le documentaire a été financé à l’aide d’une campagne de financement participatif très fructueuse. Comme le rapporte Checknews, l’équipe a rassemblé plus de 200 000 euros, sur Ulule et Tipeee, alors qu’elle ne demandait que 20 000 euros. Ce succès est dû à la campagne de financement, lancée fin août, et promue par des personnalités influentes sur les réseaux sociaux, comme le Gilet jaune Maxime Nicolle ou encore l’éditorialiste André Bercoff. Aujourd’hui, ce sont même des stars qui promeuvent le résultat final sur leurs plate-formes, comme Sophie Marceau sur Instagram.

Décembre : les vaccins à ARN vont modifier notre ADN

En décembre, le lancement de la campagne de vaccination contre le Covid-19 en France, avec le produit de Pfizer-BioNTech, donne lieu à de nombreuses rumeurs en ligne. Le vaccin du duo américano-allemand, comme celui de Moderna, utilise la méthode de l’ARN messager, qui consiste à pousser l’organisme à produire lui-même des molécules qu’on injecte traditionnellement via un vaccin à virus « inactivé » ou « atténué ». Des fragments d’ADN susceptibles de transformer les cellules en véritables usines à protéines ou « antigènes », les fameux « spicules » du coronavirus, sont ainsi introduits. Ces pointes, inoffensives en elles-mêmes, vont alors être expulsées en dehors des cellules, et pousser le système immunitaire, qui les détecte, à produire des anticorps.

Covid-19 : «Hold-up», 5G, eau de Javel, «grippette»... une folle année de fake news

Cette technologie suscite de nombreuses rumeurs, alors que la France fait partie des pays les plus réfractaires au vaccin. Le « fantasme » le plus répandu concerne le risque pour les personnes vaccinées de voir leur propre ADN définitivement modifié.


 

Pourtant, les experts affirment que la probabilité que cela se produise est infinitésimale. « Beaucoup de gens confondent l’ARN messager avec la thérapie génique qui consiste à produire du matériel génétique qu’on va volontairement pénétrer dans le noyau », explique Claude Leclerc, docteure honoraire à l’Institut Pasteur.

La raison de cette méfiance vis-à-vis de cette méthode porte également sur sa prétendue « nouveauté », alors que le vaccin a été développé en moins d’une année. Pourtant, dire que la méthode de l’ARN messager est récente est faux puisqu’elle est développée depuis plus de 20 ans. Facile à produire, ce type de vaccin était depuis gardé sous le coude par la communauté scientifique en cas d’émergence d’un pathogène de la virulence du SARS-Cov-2. « Aujourd’hui, on arrive à maturation de cette technologie, et c’est le moment idéal pour s’en servir sur un virus pas très différent d’autres qu’on connaît bien », résume, en fin de compte, Jean-Daniel Lelièvre, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Henri-Mondor de Créteil.

source :https://www.leparisien.fr/societe/covid-19-hold-up-5g-eau-de-javel-grippette-une-folle-annee-2020-de-fake-news-31-12-2020-8416790.php

Le 31 décembre 2020 à 13h31, modifié le 31 décembre 2020 à 14h53