La mission interministérielle chargée de la veille et la lutte contre les dérives sectaires alerte sur une hausse des signalements concernant les extrémismes alimentaires. Explications.
La santé est un secteur largement propice aux dérives sectaires. La Miviludes, mission interministérielle chargée de la veille et la lutte contre les dérives sectaires, met en garde contre les régimes alimentaires extrêmes.
Dans son viseur le « crudivorisme » – un régime alimentaire constitué d’aliments crus – ou encore le « respirianisme » – alimentation circonscrite au soleil et à l’air.
L’instance s’inquiète du nombre élevé de signalements liés à ces dérives. Elle révèle au Parisien qu’en 2018 et au 1er semestre 2019 elle a ainsi reçu 161 signalements concernant les régimes alimentaires extrêmes sur les 2 800 qu’elle reçoit chaque année.
Thierry Casasnovas
La Miviludes pointe notamment du doigt Thierry Casasnovas à la tête d’une chaîne YouTube réunissant pas moins de 300 000 abonnés. Son crédo, rejeter toute forme de médecine conventionnelle. Il affirme, notamment, que l’on peut guérir d’un cancer en renforçant son système immunitaire grâce au jeûne, au repos et aux fruits et légumes.
« Le problème, c’est qu’il va jusqu’à qualifier la chimiothérapie de mort au rat », dénonce dans les colonnes du Parisien Audrey Keysers, de la Miviludes. « Il appelle à remplacer les médicaments par le crudivorisme et non en complément, là, c’est la ligne rouge. On parle alors de perte de chance. »
L’homme totalise ainsi pas moins de 400 signalements depuis 2016.
« Exercer une emprise »
La Miviludes pointe également du doigt d’autres thérapies alternatives, telles que les jeûnes extrêmes exercés sans aucun suivi médical. « Ces phénomènes trouvent un écho amplifié sur les réseaux sociaux et sur internet », expliquait à l’AFP le président de la Miviludes, Serge Blisko, à l’occasion de la remise de son rapport 2016-2017.
Le document expliquait ainsi que les « leaders qui cherchent à exercer une emprise sur leurs adeptes » jouent ainsi sur un engouement général pour les thérapies ou pédagogies « alternatives », les « méthodes de développement personnel », ou encore les « pseudo-psychothérapies ».
« Beaucoup de pseudo thérapeutes n’hésitent pas à afficher (…) des médailles et des diplômes », est-il expliqué. »
« Ces phénomènes trouvent un écho amplifié sur les réseaux sociaux et sur internet. »
Des effets néfastes sur la santé publique
Ces thérapeutes autoproclamés construisent ainsi « un environnement institutionnel avec des fédérations destinées à faire oublier que ces pratiques ne sont pas reconnues par les Autorités sanitaires et qu’ils interviennent en dehors de tout cadre légal. »
L’instance rappelle également que si vouloir adopter un mode de vie plus sain « peut avoir des effets positifs », en revanche « la défiance et le dénigrement de la science médicale » peut avoir des effets néfastes sur la santé publique.
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Mis en ligne le 9/10/2019 à 15:04