Une fête religieuse célébrée par la communauté à Villiers-sur-Marne, aux Cosseux. La Famille compte 3000 membres, mais seulement huit patronymes.
Une fête religieuse célébrée par la communauté à Villiers-sur-Marne, aux Cosseux. La Famille compte 3000 membres, mais seulement huit patronymes. DR

 

C’est une histoire de Famille. Celle d’une communauté religieuse secrète puisant ses racines dans le XVIIIe siècle finissant, et qui a perduré jusqu’à nos jours. Une Famille – c’est ainsi qu’elle se nomme – dont les quelque 3000 membres ne comptent que huit patronymes, et qui fait aujourd’hui l’objet d’une note d’information de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). L’organisme s’inquiète de possibles dérives sectaires, estimant que l’isolement de ce mouvement « par rapport au monde extérieur constitue une menace d’un point de vue psychologique » pour les centaines d’enfants qui en font partie.

Jusqu’alors, la Famille n’était connue que d’elle-même. La rejoindre est impossible. La quitter signifie rompre avec ses proches, son passé. Au fil des dernières décennies, plusieurs dizaines de ses membres ont toutefois franchi le pas. Certains disent avoir subi des menaces. La plupart présentent des séquelles psychologiques. Mais une poignée a accepté de parler. Pour la première fois, ils lèvent le voile sur cet inframonde dans lequel ils ont grandi.

La Famille est une lointaine descendante des « convulsionnaires de Saint-Médard ». Née de la vision de deux patriarches en 1819, elle a pris sa forme contemporaine en 1892, lorsque « mon oncle Auguste », l’un de ses illustres aînés, a décidé qu’elle ne serait plus qu’un huis clos, désormais composé de huit noms.

Les origines de la Famille remontent aux « convulsionnaires » du XVIIe siècle, un courant mystique issu du jansénisme dans lequel les adeptes expérimentaient la transe./Bianchetti/Leemage
Les origines de la Famille remontent aux « convulsionnaires » du XVIIe siècle, un courant mystique issu du jansénisme dans lequel les adeptes expérimentaient la transe./Bianchetti/Leemage  

« Comme beaucoup de millénaristes, à l’instar des Témoins de Jéhovah ou des Mormons aux Etats-Unis, ses membres anticipent la fin du monde, analyse l’historien Jean-Pierre Chantin, chercheur à l’ISERL, l’Institut supérieur d’étude des religions et de la laïcité. Ils se voient comme les élus de Dieu, qui doivent pour cela être les meilleurs croyants possibles. »

La légende veut que leur prophète, Elie Bonjour, ait laissé l’avant-garde de son « troupeau » rue de Montreuil, à Paris. C’est là qu’à la fin des temps, il est censé venir récupérer ses ouailles. Longtemps, la Famille s’est donc épanouie dans le quartier, avant que ses membres n’essaiment dans les XIe, XIIe ou XXe arrondissements, chassés par la hausse des loyers.

« Les gens se marient entre eux, coupés du monde »

Par essence, la Famille est un mouvement religieux. Chaque père est son propre prêtre. Une partie des cérémonies, dont les baptêmes, se font à domicile. Mais la Famille est beaucoup plus qu’un rassemblement spirituel. A travers une multitude de règles édictées au fil des décennies, elle conditionne strictement la vie de ceux qui y sont nés. Pauline (tous les prénoms ont été modifiés), 59 ans, l’a fuie lorsqu’elle en avait 20. Elle parle d’une « secte passive », dans laquelle « les gens vivent entre eux, se marient entre eux, coupés du monde ». « On ne peut en être adepte que par le sang », complète Robin, 40 ans.

source :

Le 21 juin 2020 à 07h58, modifié le 25 juin 2020 à 18h35
https://www.leparisien.fr/faits-divers/dans-le-secret-de-la-famille-une-communaute-religieuse-tres-discrete-en-plein-paris-21-06-2020-8339295.php
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