photo les associations lgbt dénoncent depuis longtemps les pratiques, parfois violentes et sectaires, des « thérapies de conversion ».  ©  archives

Les associations LGBT dénoncent depuis longtemps les pratiques, parfois violentes et sectaires, des « thérapies de conversion ». © Archives

Le gouvernement ne soutient pas pour le moment de loi pour interdire les pratiques de « thérapies de conversion » qui prétendent « guérir » de l’homosexualité. Mais les appels pour leur interdiction se multiplient et la parole commence à se libérer.

Des pratiques « terriblement violentes » et « moyenâgeuses ». De plus en plus de voix s’élèvent en France pour demander une loi interdisant les « thérapies de conversion », qui visent à imposer l’hétérosexualité aux personnes lesbiennes, gays, bi et trans (LGBT).

Mardi 11 mai 2021, les victimes de ces soi-disant « thérapies » avaient les yeux tournés vers Londres, où Boris Johnson a exprimé sa volonté d’y mettre fin. Une consultation auprès de responsables religieux et de médecins va être lancée au Royaume-Uni avant de finaliser la loi sur l’interdiction.

Les artistes relaient des appels pour interdire ces « thérapies »

Il y a un certain flou sur le sujet, mais les témoignages sont de plus en plus nombreux et la mobilisation augmente. Les chanteurs Eddy de Pretto et Hoshi ont demandé fin avril aux députés d’agir contre ces pratiques. Les messages de soutien se multiplient sur les réseaux sociaux, sous le hashtag #RienAGuerir, du nom d’un collectif de victimes lancé en 2020.

Benoit Berthe, cofondateur de ce collectif, a lui-même subi une « thérapie de conversion » de ses 15 à 18 ans. Quand il a annoncé à ses parents, des catholiques pratiquants, son attirance pour les garçons, ceux-ci se sont rapprochés de la Communauté des béatitudes. Benoit a suivi lors de « retraites spirituelles » des sessions « guérison des blessures profondes ». Il se souvient des questions « hyper intimes » de son « père spirituel » et de sa « honte et culpabilité ». « Le cocktail parfait pour faire une dépression ou avoir des idées suicidaires », souligne Benoit Berthe, qui a maintenant 32 ans.

Jean-Michel Dunand a 55 ans mais se dit toujours « dans la reconstruction ». Alors qu’il voulait devenir prêtre, il a confié à 18 ans son homosexualité à son entourage. « On m’a proposé une prière de guérison pour que le Christ me guérisse de cette sexualité compulsive ». Un prêtre a ensuite suggéré des séances d’exorcisme. « Jean-Michel est possédé pour le démon de l’homosexualité », a-t-il entendu.

« C’était très violent. On s’adresse à vous, à votre corps, en disant au démon : Sors de ce corps-là », raconte-t-il. Il a subi huit séances d’exorcisme. « On nage en plein obscurantisme », souligne cet homme, toujours très croyant, qui travaille dans un lycée catholique. « On ne sort jamais d’une emprise comme celle-ci », explique-t-il.

« La parole commence à se libérer »

Pour Jean-Michel Dunand, « la parole commence à se libérer, mais beaucoup n’osent pas car il y a une certaine honte ». Il est difficile de savoir combien de personnes ont subi ces pratiques.

« Des dizaines et des dizaines de témoignages sont sorties », explique Timothée de Rauglaudre, coauteur du livre « Dieu est amour » et du documentaire « Homothérapies, conversion forcée ». Mais, selon lui, aucune plainte n’a été déposée. « Dans l’esprit des victimes, ce n’est pas quelque chose d’interdit en soi, car il n’y a pas de qualification pénale spécifique ».

La députée LREM Laurence Vanceunebrock porte le combat contre ces « thérapies » depuis des années. Elle a déposé une proposition de loi et espère qu’elle sera bientôt promulguée.

Le gouvernement voudrait « les interdire »

Ce sont des pratiques « terriblement violentes » qui se produisent « généralement dans des cercles religieux fermés, à l’abri des regards dans des cabinets médicaux, chez des charlatans ou encore dans le cercle familial », a-t-elle redit à l’Assemblée nationale mardi, lors des questions au gouvernement.

La ministre Élisabeth Moreno lui a répondu en rappelant les textes existants sanctionnant l’abus de faiblesse, le harcèlement, la discrimination, les propos homophobes, etc. Mais pas un mot sur une nouvelle loi. En octobre, Élisabeth Moreno avait pourtant qualifié les « thérapies de conversion », « de pratiques abjectes et moyenâgeuses » et affirmé vouloir « les interdire purement et simplement ».

Le cabinet d’Élisabeth Moreno soutient qu’elle reste favorable à une loi. Selon une source parlementaire, cette loi pourrait cependant ne pas voir le jour sous ce quinquennat en raison de l’embouteillage parlementaire.

En plus d’une loi, Jean-Michel Dunand demande « une parole claire de l’Église catholique française ». La Conférence des évêques de France affirme que « l’Église n’a jamais cautionné ces thérapies ». L’Église « souhaite se mettre à l’écoute des victimes et être engagée dans le combat contre ces pratiques […] avec détermination et humilité », a assuré Vincent Neymon, porte-parole de la CEF.

  source : https://saint-brieuc.maville.com/actu/actudet_–de-plus-en-plus-d-appels-a-interdire-les-therapies-de-conversion-pour-les-lgbt-en-france-_54135-4622424_actu.Htm 

Ouest-France