Le courrier est arrivé jeudi soir à la mairie de Saintes en provenance du ministère de l’Intérieur. Son objet : le signalement de la présence, tout ce week-end, de Jean-Jacques Crevecoeur à la 14e université de l’environnement et de la santé qui se tient à l’auditorium de l’abbaye aux Dames, à Saintes, jusqu’à la fin de la semaine. Une sorte de salon dédié aux médecines parallèles.

L’intéressé, d’origine belge, qui se présente comme « physicien quantique, philosophe, formateur et conférencier international », est dans le collimateur de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) pour son soutien, entre autre, aux travaux du docteur Ryke Geerd Hamer. Ce dernier a vu ses pratiques qualifiées de déviances sectaires par plusieurs rapports parlementaires. « Ce pseudo-guérisseur allemand a encouragé des patients, notamment atteints de cancer, à cesser leurs traitements médicaux », indiquait, dans un courrier en 2008, Jean-Pierre Brard, vice-président du groupe d’études sur les sectes à l’Assemblée nationale.

Jean-Jacques Crevecoeur, hostile à toute forme de vaccination, dit, quant à lui, défendre « la notion d’autonomie et de respect de chaque individu ». Et lorsqu’on l’accuse d’être un gourou, il répond ironiquement sur son blog : « Oui, je le reconnais. Je suis une secte à moi tout seul, et dans cette secte unipersonnelle, je décide tout de manière souveraine en ce qui concerne ma vie. Et comme j’ai déjà assez de travail à rester autonome moi-même, je ne suis pas capable d’accueillir d’autres membres dans mon organisation. Désolé pour ceux qui voudraient me rejoindre : il n’y a pas de place. »

L’intéressé devait tenir trois conférences, samedi et dimanche, à l’auditorium de l’abbaye aux Dames. Parmi les thèmes abordés : « La physique quantique au service de la guérison », « Mettre l’alchimie au cœur de sa vie » et « Prenez soin de vous, n’attendez pas que les autres le fassent. » La salle, au moins lors de sa seconde intervention, était bondée.

Aucune directive officielle

« C’est la première fois que le ministère de l’Intérieur nous envoie un tel courrier », constate l’organisateur de l’université, Jack Lionet. Et de préciser que l’intervenant n’était pas interdit de conférence. « D’ailleurs, il devait en tenir une dans une salle municipale à Nantes, mais il en a été empêché. Je trouve ça désolant », insiste t-il.

En revanche, à Saintes, personne ne s’est élevé contre sa présence. « On ne nous a donné aucun ordre, justifie Paul Durand, le directeur de cabinet du maire Jean Rouger. On nous a juste signalé sa présence. Le maire n’est pas juge de paix, policier ou préfet… M. Crevecoeur n’a pas été interdit de s’exprimer. S’il existe un problème, c’est à la justice et au corps médical de s’emparer du dossier. »

Du côté de l’association Abbaye aux Dames, qui a loué l’auditorium à Jack Lionet, on rejette toute responsabilité. « Nous avons loué à une association qui a pignon sur rue et qui a le droit d’exister. Après, nous ne sommes pas responsables des intervenants qu’elle invite », précise le président Jean-Pierre Cazelle.

source :
http://www.sudouest.fr/2012/07/02/derive-sectaire-un-invite-surveille-759238-644.php

Par Stéphane Durand

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