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LYON — Pour lutter contre les dérives sectaires, le secrétaire d’Etat à la Justice, Jean-Marie Bockel, veut développer la coordination au sein de l’Europe et propose notamment la création d’un “Observatoire européen sur les dérives sectaires”.

Le ministre a fait cette proposition dans son discours de clôture du premier colloque national organisé à Lyon par la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), auquel assistaient environ 300 élus, membres d’associations, fonctionnaires de la Santé, de l’Education ou de l’Intérieur.

Le ministre a en effet souligné qu’au cours des dernières années, la législation française a “évolué et permet désormais de mieux protéger les victimes de dérives sectaires, notamment avec la reconnaissance du délit d’abus de faiblesse (loi About-Picard)”.

En revanche, il y a encore des “différences” entre les législations des divers pays européens et il convient, estime-t-il, de “définir des règles communes”.

Pour améliorer la coordination, il propose ainsi -outre l’Observatoire européen sur les dérives sectaires- la “création d’un espace juridique européen doté d’un cadre législatif visant les activités illégales des organisations à caractère sectaire, l’élaboration d’un code européen de règles déontologiques applicable à toute association à but non lucratif et enfin l’instituion d’un organe permanent d’harmonisation des jurisprudences des états membres”.

De son côté, le président de la Miviludes, Georges Fenech, a lui aussi proposé “la mise en oeuvre d’un programme européen sur les dérives sectaires” qui pourrait être placé auprès de l’Agence européenne des droits fondamentaux (basée en Autriche).

Selon M. Fenech, les dérives sectaires, caractérisées notamment par l’emprise morale et la coupure avec l’environnement d’origine, touchent actuellement “500.000 de nos concitoyens, de manière directe ou par ricochet”.

Les intervenants ont tous rappelé qu’il était bien question de la lutte contre les dérives sectaires et donc de la protection des victimes, notamment des enfants, et non de la lutte contre les sectes elles-mêmes.

Il a ainsi été question du contrôle de l’enseignement dispensé dans les établissements hors contrat ou au sein des communautés, et des propositions fantaisistes de coaching au titre de la formation professionnelle.

Les présidents du CCMM (Centre contre les manipulations mentales), Jacques Miquel, et de l’Unadfi (Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes), Catherine Picard, ont déploré la baisse de leurs subventions alors que les mouvements sectaires ne font que se renforcer selon eux.

Faisant référence à la liste de 173 sectes publiée en 1995 en annexe d’un rapport parlementaire sur les sectes, Mme Picard a estimé qu’elle était “bien sur obsolète parce que maintenant elle en compterait au moins 600”.