Un diplôme inter-universitaire (DIU) pourrait être créé pour la rentrée 2015, précise le docteur Jean Becchio, directeur du DU hypnose clinique à Paris-XI. Il a reçu 320 demandes cette année pour… 20 places.

De même, l’Institut privé de formation Emergences, créé en 2001 par le psychiatre Claude Virot, prochain président de la Société internationale de l’hypnose, va former 500 personnes sur l’année 2013-2014. Des sessions de formation plus courtes sont aussi proposées dans les hôpitaux. Un quart de la centaine de projets financés en 2013 par la Fondation Apicil contre la douleur concernait l’hypnose, soit environ 600 soignants formés depuis 2006, précise Nathalie Aulnette, sa directrice.

La plupart des soignants formés à l’hypnose l’utilisent au quotidien dans leur pratique comme un outil parmi d’autres. Il existe, en revanche, des consultations spécialisées et nombre de thérapeutes libéraux. La Confédération francophone d’hypnose et de thérapies brèves, qui réunit une trentaine d’associations, dit représenter environ 3 000 praticiens en France, en Belgique, en Suisse et au Québec.

« IL FAUT ÊTRE TRÈS VIGILANT »

La quasi-totalité de ces formations est réservée aux médecins, dentistes, psychologues, infirmiers. « Ces approches doivent rester entre les mains de personnes ayant une grande compétence professionnelle. Nous sommes persuadés qu’on peut aider avec des mots ; mais on peut également détruire avec des mots. Il faut être très vigilant, insiste le professeur Marie-Elisabeth Faymonville, du CHU de Liège (Belgique). Certaines personnes suivent une formation et s’octroient le titre d’“hypnothérapeutes” sans pour autant être psychologues ou psychothérapeutes. Cela m’interpelle. Il n’y a pas de réglementation dans ce domaine. Or, cela peut être dangereux. » L’hypnose a été pointée du doigt par le rapport de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) en avril 2013. « Il faut, en effet, une éthique irréprochable », ajoute le docteur Chantal Wood, du centre de lutte contre la douleur du CHU de Limoges.

L’hypnose ne fait l’objet à ce jour d’aucun encadrement légal, mais la jurisprudence la considère comme un acte médical. Pourtant, « c’est devenu une discipline reconnue », affirme le psychiatre et enseignant Gérard Salem, coauteur de Soigner par l’hypnose (Elsevier-Masson, 2012). « Il existe un corpus d’éléments pour une reconnaissance officielle », insiste le docteur Virot. Longtemps frileuse, l’Académie de médecine a rendu un avis plutôt positif en mars 2013 : « Les indications les plus intéressantes semblent être la douleur liée aux gestes invasifs chez l’enfant et l’adolescent et les effets secondaires des chimiothérapies anticancéreuses, mais il est possible que de nouveaux essais viennent démontrer l’utilité de l’hypnose dans d’autres indications. »

source : LE MONDE SCIENCE ET TECHNO 20.01.2014 à 16h15 par Pascale Santi
http://www.lemonde.fr/sciences/article/2014/01/20/des-formations-a-homologuer_4351225_1650684.html