{{Les personnalités d’Hollywood quittent l’église d’escrocs alors que le premier ministre australien menace de lancer une enquête .}}

The Observer, Dimanche 22 Novembre 2009.

Les services de sécurité devant le palais de justice John Joseph Moakley, (un bâtiment en U, de briques rouges et de murs de verre posé sur le front de mer à Boston), étaient in habituellement tendus.

Quiconque n’était pas membre du barreau se trouvait sondé à la baguette. Les photos d’identité étaient vérifiées. Les téléphones portables confisqués du public, incluant la star d’Hollywood : Tom Cruise.

C’était l’occasion d’un mémorial en l’honneur d’un haut dirigeant de la Scientologie pour un quart de siècle, Earle Cooley. David Miscavige, personnage controversé à la tête de la Scientologie livra les hommages, remerciant son ami pour sa contribution à cette ‘nouvelle religion’, contribution qui se résumerait à poursuivre les journalistes et les ex-membres qui s’exprimaient à leur encontre.

Miscavige a bien du se demander ce que Cooley aurait fait des événements de ces dernières semaines.

La Scientologie, (fondée en 1953 par le romancier à succès L Ron Hubbart, mythomane récidiviste et promoteur invétéré de son propre culte de la personnalité) fait face à un feu nourri autour de la planète, après des années de lutte pour être reconnue, non sans résultat, comme une église reconnue.

L’église vient tout juste d’être dénoncée par le parlement australien dans les termes les plus forts. Le premier ministre Kevin Rudd a exprimé son inquiétude face à des déclarations dévoilant ‘un schéma mondial d’escroquerie et de criminalité’, et il songe à lancer une enquête parlementaire. L’organisation se trouve déjà sous enquête policière; et il se trouve qu’hier, d’anciens membres mécontents de la Scientologie, rameutés par les accusations se sont rassemblés devant le QG australien, en demandant que l’exemption d’impôts soit révoquée.

Et la Scientologie doit faire face ailleurs qu’en Australie. Dans un nouveau livre aux USA, Blown for Good -derrière le rideau de fer de la Scientologie , Marc Headley (un employé de l’église de Los Angeles depuis plus de 15 ans) nous donne des détails, comme d’autres l’on déjà fait, sur des abus systématiques ainsi que d’autres épisodes pour le moins étranges, comme ces trois semaines qu’il aurait passé sous la houlette de Tom Cruise afin d’être instruit sur comment faire bouger des bouteilles et autres objets en se concentrant.

Le livre d’Headley arrive suite à une rude année pour la Scientologie, qui à du essuyer des révélations non souhaitées de la part de ressortissants haut placés, et des enquêtes de média infiltrés dans leurs usages.

Le mois dernier en France, l’église accusée de fraude à évité de justesse la dissolution, suite à des déclarations mettant en cause quatre dirigeants (tous condamnés à de la prison avec sursis), qui auraient abusé et ponctionné des disciples dans les années 1990. En Belgique aussi, l’organisation se trouve empêtrée dans une longue enquête criminelle.

Plus embarrassant encore pour cette église qui se targue d’avoir des disciples nantis d’Hollywood, le réalisateur oscarisé Paul Haggis vient de les abandonner en octobre après 30 années d’adhésion, les accusant d’homophobie.

Et ce n’est pas tout. Le pire semble avoir été malencontreusement auto-infligé. Un peu plus tôt cette année, le porte parole officiel des USA, Tommy Davis, fils de l’actrice Anne Archer, a quitté en trombe un plateau d’ABC TV lors d’une interview avec Martin Bashir. Ce dernier aurait eu l’audace de l’interroger au sujet d’une des grandes croyances impliquant un vilain seigneur de guerre intergalactique nommé Xenu.

Le plus ridicule est survenu par malchance avec Cruise, fer de lance de l’église, dans une vidéo interne produite par l’organisation l’année dernière qui s’est retrouvée sur le net. Elle montrait un Tom fanfaron, au rire tonitruant alors qu’il expliquait que les Scientologues possédaient un savoir unique qui permettrait de guérir la plupart des maux du monde, dont le crime, la drogue, les problèmes mentaux et la violence.

Peut-être une religion, certainement un commerce, et une secte pour beaucoup: les hauts dignitaires portent des pseudo uniformes de marine, les principes de la Scientologie sont une mixture d’étapes de développement personnel (au moins au début), et de métaphysique cosmico-délirante, révélée seulement aux plus méritants. L’église à souvent été accusée de briser les cellules familiales et d’abuser de la faiblesse d’individus. La genèse même de l’église, les critiques à son encontre délivrées lors d’interminables procédures judiciaires ont joué un rôle de médiatisation à l’égard de la carrière très lucrative de M. Cooley, soutenue par une pratique religieuse profitable qui consiste à faire payer aux disciples d’énormes sommes d’argent afin de progresser lors de sessions d’entraînement: les ‘auditions’.

Dans une citation, attribuée à l’ancien Hubbard lui-même proférée au sein d’une cour de justice américaine, il est clairement dit que les cas de justice leur sont utiles, même perdus. Selon Hubbard, {‘la loi peut-être très facilement utilisée pour harceler…Si possible, bien sur, pour ruiner à sec.’}

La Scientologie a bien sur tenté de poursuivre la presse écrite, incluant le Washington Post. Le magazine Time vient juste d’échapper à une condamnation de 400millions de dollars pour diffamation, pour avoir nommé l’église sur sa couverture comme ” le culte de l’avidité”. Elle n’a de cesse de poursuivre en justice ses opposants et ressortissants mécontents. Elle a également tenté de faire passer ses pratiques secrètes pour du secret industriel , un copyright, une marque se devant d’être protégée de l’espionnage et de la divulgation.

Ces tentatives répétées d’utilisation du système de loi pour museler les critiques ont été pointée du doigt dans les jugements menés contre la Scientologie, dont celui de 1996, décrivant ‘une chronologie fournie de comportements de harcèlement’, et d’abus ‘de la cour fédérale américaine en l’instrumentalisant pour détruire ses opposants, au lieu de résoudre le différent sur leur marque de fabrique, ou autre sujet légal.’

Alors lorsque Nick Xenophon s’est levé la semaine dernière au parlement australien, c’était la dernière critique d’une longue liste. Xenophon a pris une décision de calcul : sous la protection du privilège parlementaire, il pouvait dénoncer une organisation qu’il dit ‘abuser ses fidèles, sait sciemment choisir comme cible ceux qui la critiquent, et semble largement menée par la paranoïa’. Le but de Xenophon était simple: attaquer l’exemption d’impôts de la Scientologie comme religion.

Même si les déclarations de Xenophon (incluant les dires d’anciens membres haut-placés que David Miscavige aurait agressé physiquement des Scientologues de troisième âge) étaient forcement des redites, son discours a pu apporter à un public élargi une synthèse des accusations menées contre la Scientologie, émaillée d’exemples choisis autour du monde et compactée en quelques minutes de parole.

Il décrit “la séquestration, avortements forcés, détournements de fonds, violence physique, chantage, et une utilisation abusive et délibérée des informations obtenues par l’organisation”. Au milieu de son long discours passionné, Xenophon à nommé un certain Aaron Saxton, “né” dans la Scientologie, et “mené à une position influente à Sydney et aux USA”.

Selon Xenophon, l’abus a commencé alors qu’il était enfant, lorsque sa mère a été forcée à soumettre la garde à l’organisation. A 16 ans, on le fait garde de sécurité. “En 1991, Aaron nous dit qui a été envoyé au QG de Floride où il a été impliqué dans la séquestration à domicile de cinq individus”, et que “ses supérieurs lui ont ordonné de faire disparaître des documents qui lieraient un Scientologue à un meurtre.”

“Aaron révèle que les femmes qui tombaient enceintes étaient emmenées à des cabinets où on les travaillait au corps pour qu’elles avortent. Si elles refusaient, on les dégradait et on les envoyait aux travaux forcés…Aaron dit qu’un des membres a utilisé un cintre afin de s’auto-avorter, par peur des représailles. Il dit qu’on l’a libérée et que les dossiers furent détruits.”

Saxton aurait aussi “ordonné que plus d’une trentaine de personnes soient envoyées dans des camps de travail, où ils étaient forcés au labeur”, nous livre Xenophon.

Il nous dit également qu’une ex-Scientologue, Carmel Underwood, qui travaillait dans le service comptable de l’organisation s’est fait agressée, qu’elle a vu “une jeune fille se faire maltraiter par son père, afin de la préparer sur ce qu’elle aurait à dire aux autorités afin de garder des crimes secrets.”

Dans une lettre qu’il qualifie “d’une des plus tristes que j’ai reçues”, un père, Paul Schofield, avoue avoir couvert les circonstances de la mort de ses deux petites filles.

La réaction de la Scientologie en Australie a été d’accuser d’Xenopohon d’usurper le privilège parlementaire, en ajoutant que ses allégations étaient “fausses, sans l’ombre d’un doute”.

“Ce n’était pas des paroles en l’air. C’était de l’abus de pouvoir et de la diffamation protégée par notre parlement” déclare Cyrus Brooks, porte-parole Scientologue. Il n’a pourtant pas jugé nécessaire de répondre à la liste de questions écrites soumise par l’Observer , au sujet des nombreux cas détaillés.

Mais si quelque chose a changé ces dernières années, c’est bien l’opposition grandissante et de mieux en mieux armée contre les Scientologues. Cette croissance a surtout été nourrie par le Mouvement Anonyme sur internet (celui qui a livré la vidéo de Tom Cruise sur YouTube l’année dernière), instigateur de nombreuses procédures contre les sites de la Scientologie, en protestant depuis qu’ils l’ont enlevée du site, pour cause d’infraction au copyright.

L’intervention de l’australien Xenophon fait partie d’une riposte à plus grande échelle contre une des mouvements les plus controversés du monde.

Si catalyseur à tous les problèmes dont doit faire face la Scientologie récemment il y’ a, c’est bien celui procuré par un journal de Tampa, en Floride, le St Petersburg Times, qui fait part des activités locales, dont le centre spirituel de Clearwater. Le journal déroule son enquête dont figurent des interview d’ex-membres dirigeants de l’église. Marty Rathbun et Mike Rinder, deux cadres très haut-placés ont quitté la Scientologie et parlent.

Selon ces deux hommes, déjà pointés du doigt par Miscavige et Tommy Davis comme des ‘menteurs’, Miscavige avait l’habitude d’agresser ses lieutenants, dont Rinder, environ 50 fois. Dans un article, appuyé par le témoignage de quatre ex-membres, le journal décrit Miscavige battant avec vice un monsieur âgé, membre de l’église, Tom De Vocht. Les personnes interviewées expliquent un système complexe de justice interne, enfoncé par des vérifications de sécurité et la menace d’être isolé si l’on avait le malheur d’être un SP, une personne-boulet.

Dans ces interviews, les hommes avouent avoir fait usage de violence à l’encontre d’autres membres, et souvent, à la demande de Miscavige, utilisaient des informations d’ordre privé répertoriés au sujet de chaque fidèle, afin de les forcer à bien être généreux pour les donations.

Quelque unes des allégations récentes pourraient être familières à l’acteur américain, Jason Beghe. L’année dernière, il était une des premières top célébrités à rompre avec le mouvement, après s’être délesté de plus d’un million de dollars pendant ses douze années de fidélité. (La Scientologie lui voue encore un ‘Celebrity Centre’.)

Maintenant, Beghe préfère avertir que l’église ‘détruit et dépouille’. Il annonce que depuis qu’il a quitté la Scientologie, on le poursuit lors de conférences en Europe, dans lesquelles il parle des dangers de cette organisation, par des détectives privés embauchés par la Scientologie, et qu’il est ‘coupé de tout contact’ des anciens amis qui sont restés au sein de l’église.

La décision de quitter la SCientologie, émise par Beghe et Haggis est devenue la cause des plus grands problèmes entre l’église et le public, pas seulement pour des raisons de dépendance financière aux personnalités aisées d’Hollywood qui payaient lourdement les cours et faisaient une publicité gratuite de la pratique. L’implication de si grandes personnalités médiatiques comme John Travolta, Haggis et Cruise avait le pouvoir de drainer les foules et agir comme assurance contre toute mauvaise presse.

Et alors que Haggis quitte l’église pour son attitude face au mariage gay, sa longue lettre de doléances écrite à Davis contenait autre chose: qu’il avait autrefois menti à la télévision concernant une pratique Scientologue importante.

Haggis avoue avoir été abasourdi lors du visionage d’un clip CNN où Davis niait que l’église pratiquait une police de ‘disconnection’, en encourageant les membres à couper les liens avec les non-membres qui désapprouvaient leurs croyances. “J’étais choqué”, écrit Haggis. “Nous savons tous que cette politique existe. Je n’avais même pas à aller plus loin que chez moi pour vérifier.” Il donne alors des détails sur comment l’église à ordonné à sa femme de couper les liens d’avec ses parents, parce qu’ils étaient d’anciens membres eux-mêmes.

Son épouse a donc obéi aux ordres, et n’a pas eu de contact avec ses parents pendant un an et demi.

“Ce n’est pas de l’histoire ancienne, Tommy. C’était il y a un an…A te voir mentir avec autant d’aplomb, je me demande ce que tu serais capable de couvrir en mentant comme ça?”

La réponse à cette question nous sera peut-être livrée avec les suites de l’enquête parlementaire en Australie.

Rendue fameuse par ses litiges, et connue pour ses secrets cachés, la Scientologie se trouve encore une fois sous le faisceau du microscope.

Après une mauvaise année pour l’église de Tom Cruise, les choses pourraient encore empirer.

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{{Histoire de la Scientologie}}

Fondée par L Ron Hubbard (1911-1986), un romancier de science fiction devenu romancier de gare, après une carrière militaire marquée par nombre de disgrâces. Pendant l’écriture d’Astounding Science Fiction en 1949, il publie un premier article sur la dianetique, qui deviendra plus tard la Scientologie. Une critique l’a qualifiée de ‘version psychopathe de la psychologie freudienne’. Son livre, Dianetics: the Modern Science of Mental Health est publié en 1950. Ses tentatives pour ériger la dianetique comme thérapie s’effondrent.

{{1952}}

Après avoir essuyé l’échec de pouvoir présenter la dianetique comme une système scientifique vérifiable, Hubbard fonde sa religion, qu’il nomme Scientologie, comme le résultat d’années de recherches. En utilisant des ‘e-meters’ pour ‘mesurer’ l’esprit, il annonce qu’il a le pouvoir de ‘clarifier’, de ‘nettoyer’ par un processus d’auditions’. Basé en Angleterre il a des problemes avec les autorités. Il fonde la ‘Sea Organisation’, qui deviendra le noyau du groupe.

{{1970}}

La Scientologie établit ses Centres pour Célébrités à Los Angeles, afin d’attirer des people d’Hollywood.

{{1977}}

La Scientologie fait face à des problèmes aux USA, pour des raisons d’espionnage contre le gouvernement intérieur. L’épouse de Hubbard, ainsi qu’une douzaine de membres sont accusés de conspiration.

{{1986}}

Hubbard meurt d’une attaque en Californie..

{{1993}}

La Scientologie est exemptée d’impôts en tant qu’église aux USA, après 40 ans de bataille juridique.

{{1999}}

La commission du Royaume-Uni lui refuse ce statut d’exemption de taxes, en statuant sur l’état de non-religion. Néanmoins, dans les années à venir, l’organisation est reconnue comme église dans nombre de pays, incluant la Suède, la Nouvelle Zélande et le Portugal.

{{2006}}

On annule une rediffusion d’un épisode de South Park qui parodie Tom Cruise et la Scientologie.

{{2009}}

L’église est reconnue coupable de fraude en France. Le scripte Paul Haggis rompt avec la Scientologie pour homophobie. Tom Cruise et John Travolta sont toujours membres de l’église de Scientologie.