Les Témoins de Jéhovah ont tenu leur assemblée de district à Charleroi. Depuis 1997, ils sont considérés comme un organisme sectaire.
Selon certaines statistiques de la société Watchtower, la « Tour de garde », qui est leur instance fédératrice au niveau mondial et qui a son siège aux Etats-Unis, il y aurait entre 7 et 18 millions de Témoins de Jéhovah sur la planète bleue !
Une différence du simple au plus que double qui s’expliquerait par le fait que l’on doit différencier les pratiquants proclamateurs, c’est-à-dire ceux qui bon an, mal an, s’investissent à fond dans le prosélytisme actif – notamment dans le porte-à-porte – des pratiquants moins engagés qui se rendent au moins une fois l’an dans une « Salle du Royaume », leur très fonctionnel « temple » où les adeptes viennent se faire enseigner la doctrine.
C’est vers 1874 que Charles Taze Russel, un dissident adventiste américain, créa outre-Atlantique les Témoins de Jéhovah, un groupe religieux qu’un grand nombre de pays dont la Belgique qualifie aujourd’hui de secte ou de groupe à tendances sectaires, suite aux travaux de diverses commissions d’enquête parlementaires. Et ce, notamment, pour leurs structures organisationnelles qui surveillent les membres à divers degrés.
Si les Témoins de Jéhovah peuvent être considérés comme appartenant au tronc judéo-chrétien, il ne sied cependant absolument pas de les ranger sous l’enseigne du christianisme et encore moins dans le protestantisme contemporain.
Leur doctrine s’inspire certes du Livre de l’Apocalypse – et de la Bible en général – mais celui-ci est interprété de manière littérale sinon littéraliste : le monde est livré au mal et la lutte finale est engagée entre les troupes de Dieu – les Témoins ! – et les forces du mal, incarnées par Satan en personne. Des forces du mal qui, selon les Témoins, habitent aussi les tenants d’autres convictions religieuses.
En découle une vision du monde très étriquée et repliée sur soi. Une vision du monde marquée par de nombreux interdits et le refus de la modernité.
Il suffit pour s’en convaincre de surfer sur leur site officiel où s’alignent une série de positions apparemment ouvertes mais dont les réponses dans la pratique quotidienne ne laissent guère de place au doute pour un libre examen et un libre arbitre normalement consenti.
Comment les Témoins de Jéhovah se sont-ils retrouvés dans le collimateur de la commission d’enquête parlementaire belge au milieu des années 1990?
Parce que, selon moult témoignages, leur action de persuasion est souvent synonyme d’une certaine déstabilisation de l’individu. Les enfants de Témoins de Jéhovah se voient imposer de nombreux interdits. Par exemple pour ce qui est de leur intégration sociale. Ils ne peuvent participer aux fêtes, qu’elles soient d’anniversaire ou même scolaires. Et pas davantage aux grandes fêtes carillonnées qui sont considérées comme perverties par la société moderne. De la sorte, comme le précise un document du CIAOSN, « ce choix conscient induit un « démarcarge », une marginalisation du Témoin par rapport aux non-Témoins et cela participe à son retrait psychologique d’avec le monde et l’isolement de sa famille ».
A l’inverse, les enfants de Témoins sont priés d’assister à de nombreuses réunions pour l’étude des textes sacrés et d’accompagner leurs parents en quête de nouvelles recrues.
De même, si les Témoins ont officiellement admis que la femme était l’égale de l’homme, dans les faits, elle reste soumise à son mari à qui elle doit témoigner un grand respect parce qu’il est le chef de famille.
Le rapport de la commission d’enquête avait aussi stigmatisé la rupture sociale encouragée par les Témoins – à savoir, en refusant d’aller voter mais aussi d’effectuer toute forme de service pour la société. Les Témoins de Jéhovah ont également très mauvaise presse parce qu’ils refusent certaines formes de soins et toute transfusion sanguine, ce qui met souvent la vie de leurs enfants en danger. Et lorsque certains parents passent outre à cet interdit, il n’est pas rare de les voir rejetés et écartés du groupe. Enfin, la commission d’enquête parlementaire notait que le mouvement semblait marquer un intérêt évident pour le patrimoine de ses membres, qui étaient invités à lui verser 10 % de leurs revenus.
Pour être complet, on signalera que les Témoins furent victimes de discrimination religieuse dans l’ex-URSS alors que, sous le régime nazi, les Témoins reconnus comme tels furent déportés dans les camps où ils avaient leur signe distinctif propre.
La Libre Belgique
Christian Laporte
http://www.lalibre.be/actu/belgique/article/517794/des-temoins-de-jehovah-sous-tutelle.html