Ces détournements ont été effectués par Ruth Eugène, qui occupait les fonctions de directrice des finances au Parc Safari. Mme Eugène, qui était membre de l’Église Béthel, a fait des transferts de fonds principalement à Actions Béthel, une entité corporative distincte de l’Église, dont le pasteur Lesoka est le président. Dans sa décision, le juge Pierre Nollet décrit Actions Béthel ainsi: «Elle a été constituée pour faire, entre autres, ce que les statuts de l’Église n’autorisent pas. À titre d’exemple, Béthel projette un développement immobilier.»
De fait, l’église était située dans une ancienne école, au 211, boulevard Henri-Bourassa Est, attenante à un vaste stationnement. Actions Béthel ambitionnait d’y ériger des condos.
Pleine confiance
Jean-Pierre Ranger, dirigeant et actionnaire principal du Parc Safari, à Hemmingford, connaissait déjà Ruth Eugène quand il l’a embauchée, en 2006. Il avait pleine confiance en elle. Mais la femme a prêté les fonds à Béthel, qui a été incapable de rembourser. Au procès, Mme Eugène a prétendu qu’elle avait agi avec l’autorisation de M. Ranger, ce que celui-ci a nié. M. Ranger a fait valoir que Mme Eugène avait falsifié des documents pour détourner l’argent. Mme Eugène a fait 37 transferts; 743 734$ sont allés à Actions Béthel. Des transferts ont aussi été faits à Mme Eugène elle-même pour 6084$, à son conjoint Jasmin St-Louis pour 13 000$, à son frère, Yonel Eugène, qui est aussi diacre de l’Église, pour 69 598$, ainsi qu’à la femme de celui-ci, Gilberte Mardi, pour 145 661$.
Le pot aux roses a été découvert en mai 2008, après que le pasteur eut fait une suspension de paiement sur un chèque de 420 000$ qu’il avait émis pour garantir une partie du prêt.
M. Ranger a intenté une poursuite civile. Toutes les personnes citées plus haut, sauf M. St-Louis, qui a déjà remboursé la somme qu’il avait reçue sans droit, sont condamnées à rembourser à hauteur des sommes qu’elles ont reçues, qui ont transité dans leur compte, ou dont elles se sont rendues responsables. Reste à voir si Parc Safari pourra récupérer son argent, vu que certains ont déclaré faillite.
Endoctrinement
Dans cette affaire, Mme Eugène poursuivait en garantie Actions Béthel et le pasteur Lezoka, au motif que c’est à leur demande qu’elle avait agi ainsi. Elle affirmait qu’elle avait été endoctrinée. Le juge n’a pas retenu cette prétention. «Le tribunal ne peut d’office conclure à l’endoctrinement simplement parce qu’un pasteur demande à ses fidèles de lui trouver du financement», a conclu le magistrat.
Il est à noter que le pasteur Lezoka, Ruth Eugène et Jasmin St-Louis ont été accusés de fraude dans la foulée de cette affaire. Ils n’ont pas encore subi leur procès.
Source : le 06 juillet 2013
par CHRISTIANE DESJARDINS
La Presse
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