Selon Foodwatch, l’infusion détox de la marque Éléphant vous trompe énormément. L’ONG a dévoilé ce jeudi 21 mars, une enquête mettant en cause une vingtaine de produits de consommation, présentés par leurs fabricants comme ayant des vertus bénéfiques pour la santé.
Ces produits – tisanes, céréales, margarines, gélules de fruits – présenteraient des propriétés détox, minceur, anticholestérol et même anticancer. Des allégations sans fondement, pas encore homologuées, voire parfois carrément illégales, dénonce Foodwatch.
Dans ce nouveau volet de sa campagne « Arnaques sur l’étiquette », l’ONG réclame aux fabricants et aux distributeurs « plus de transparence et d’honnêteté dans l’utilisation de promesses santé sur les produits alimentaires, et exige des autorités qu’elles renforcent les règles pour éviter le flou dont les consommateurs paient le prix ».
Quels produits sont mis en cause ?
Plusieurs produits de grandes marques sont cités. Parmi eux l’infusion « Détox, pas d’intox » d’Éléphant, l’infusion « Drainage et élimination pamplemousse » de La Tisanière, le Thé vert « Ligne » de Lipton, le Thé « BB Détox » de Kusmi Tea ou l’Infuselle « Bonne nuit » de Ricola.
On trouve aussi des margarines : tartine et cuisson Auchan, la Proactiv - expert de Fruit d’Or ou encore Oméga 3 tartine et cuisson Bouton d’Or d’Intermarché ; des boissons comme le « Super smoothie energise » d’Innocent ou le jus le jus Tropicana Essentiels « Antioxydant ». Des biscuits : « Choco magnésium - Vitalité magnésium vitamine B6 » de Gerblé et enfin certains compléments alimentaires : feuilles de graviola corossol, myrtilles en gélules, extrait de feuilles de thé vert et mûres blanches séchées.
L’ONG compare les allégations santés attribuées à ces produits aux « promesses des charlatans de foire qui vendaient des élixirs aux vertus miraculeuses » et accuse les fabricants de « vendre du rêve ».
Elle a relevé quatre failles, exploitées par les industriels, qui sont trompeuses pour les consommateurs : l’inaction des autorités, notamment européennes, en matière de législation, une mauvaise information sur les conditions d’utilisation de ces produits ou sur leur composition, ou encore le paravent des arguments marketing. Foodwatch alerte également sur la vente de certains produits dits anticancer, une allégation thérapeutique interdite.
« Les industriels de l’agroalimentaire n’ont aucune limite… si les autorités ne leur en posent pas. La Commission européenne doit fixer des règles claires en commençant par passer en revue les plus de 2000 allégations santé qu’elle a mises en attente en 2012 et qui peuvent, depuis, être tout de même utilisées. Les consommateurs.rices ont le droit de savoir si les promesses faites sur les emballages sont fiables ou pas. Et ce n’est pas aux industriels de décider », commente Mégane Ghorbani, responsable des campagnes chez Foodwatch France, dans un communiqué.
Quels risques pour les consommateurs ?
Certaines allégations peuvent être trompeuses mais pas forcément toujours dangereuses pour le consommateur. En revanche, celles prêtant des vertus thérapeutiques à certains produits, notamment pour des maladies graves comme le cancer, sont réellement inquiétantes.
Certaines mentions ne relèvent que de l’argumentaire marketing. Interrogée par Foodwatch, la marque Ricola reconnaît ainsi que l’inscription « Bonne Nuit » apposée sur ses boîtes d’infusion n’est pas liée à une promesse de santé, mais plutôt « au moment de consommation conseillé et au bien-être en général ».
Dans le cas de l’infusion « Détox, pas d’intox » d’Éléphant, Foodwatch rappelle que la reine-des-prés, une plante présente dans sa composition, posséderait des propriétés de drainage et d’élimination. Mais que cette allégation figure parmi la liste des plus de 2 000 mises en attente par la Commission européenne. De son côté, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) avait remis en 2010 un avis négatif sur cette allégation. Foodwatch a lancé une pétition sur ce produit.
Parmi eux, Elephant (@UnileverFR) et son infusion ‘Détox, pas d’Intox!’ qui vante les propriétés de la Reine-des-prés. @EFSA a émis un avis négatif sur cette allégation. Nous lançons une pétition pour ue ces pratiques cessent ! > https://t.co/6WEyPXkQfe #LT#PromessesNonTenues pic.twitter.com/KQfxNvTQny
— foodwatch France (@foodwatch_fr) 21 mars 2019
Gare également à certains produits dits « antioxydants », « vitalité » ou « énergie », comme les céréales « Fitness Énergie nutritive » au chocolat au lait de Nestlé ou encore le jus Tropicana Essentiels « Antioxydant ». Ce sont de véritables bombes à sucre, signale Foodwatch. Le « Super smoothie energise » d’Innocent est presque aussi sucré qu’un Coca-Cola, note l’ONG.
Concernant les bénéfices de certaines margarines anticholestérol, Foodwatch souligne que, pour espérer en tirer le moindre effet, ces produits doivent être consommés en grande quantité. Ainsi, il faudrait avaler au moins six tartines de margarine Bouton d’Or d’Intermarché, par jour, pour prétendre maintenir son taux de cholestérol.
En revanche, concernant les compléments alimentaires anticancer, « les faits sont graves et les limites sont ici clairement franchies », met en garde Foodwatch qui dénonce le ciblage de « personnes vulnérables ». Les promesses de santé qui prétendent guérir des maladies sont interdites, rappelle l’ONG. Cette dernière indique d’ailleurs qu’elle a porté plainte le 5 février dernier contre le site biologiquement.com qui commercialise ce type de produits.
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