LORIENT, 26 mai 2008 (AFP) – Le parquet du tribunal correctionnel de Lorient a requis lundi deux ans de prison ferme contre un couple accusé d’avoir profané de nombreux lieux de culte en 2005 et 2006 en Bretagne et en Loire-Atlantique.
Le procureur a requis pour Amandine Cariou, 23 ans, “élément moteur”
notamment à cause de ses liens avec le milieu sataniste, cinq ans de prison dont trois avec sursis. Il a requis pour son mari Ronan Cariou, 30 ans, quatre ans de prison, dont deux avec sursis.
“Vous avez largement minimisé les faits, leur portée, leur nombre, leur
gravité, or on ne peut pas minimiser cette gravité-là”, a affirmé le procureur Martin Genet, n’excluant pas la possibilité de récidive.

Les accusés comparaissaient libres pour “dégradation grave de lieux de
culte”, “destruction de bien” et “violation de sépulture”.
Le couple, sans antécédent judiciaire, est accusé d’avoir mis le feu en
janvier 2006 à la chapelle de Saint-Tugdual (Morbihan), un édifice du XVIe siècle classé monument historique qui a en grande partie été détruit.
Ils ont également reconnu avoir profané 63 tombes dans le cimetière de
Saint-Thurien (Finistère) et dégradé plusieurs autres chapelles et un calvaire dans les quatre départements bretons et en Loire-Atlantique.
Le couple a encore à son actif le vol de crânes dans des tombes et des
relations sexuelles dans une église sur un drap mortuaire. Desinscriptions à caractère satanique (croix à l’envers, chiffre 666, tags
injurieux envers la religion) ont chaque fois été trouvées sur place.
Tentant d’expliquer ces gestes, le couple parle d'”autodestruction” et de
volonté “suicidaire”. “Aller vers la mort à deux, c’est beaucoup plus facile”, explique Ronan Cariou, au visage émacié.
Adepte de “Black Metal”, la jeune femme blême, au passé marqué par
l’instabilité et la violence familiale, récuse tout forme d’antisémitisme ou de satanisme, malgré des liens avérés avec ce milieu.
“Je ne suis pas sataniste, ni néonazie, je ne l’ai jamais été”,
affirme-t-elle, ses cheveux noirs cachant la croix inversée tatouée sur son cou. “J’avais seulement besoin d’exploser. Sans lui, je ne l’aurais pas fait. Sans moi, il n’aurait rien fait”, dit-elle, s’excusant auprès de “tous” pour le mal qu’ils ont pu causer.
“Ne remettez pas ce jeune couple en prison”, a plaidé Me Yves Daniel, l’un
des deux avocats de la défense, demandant la clémence du tribunal pour les deux accusés qui ont déjà passé plus de six mois en prison. “Ce sont des orgueilleux qui ont voulu être plus forts que les dieux (…) mais ils ont reconnu qu’il était important que ce genre d’actes ne se reproduise pas”.

“Ce couple n’est pas si jeune que ça et le QI (de l’accusée) est au top
niveau”, a souligné Me René-Marie Bouin, l’un des avocats des 21 parties
civiles.

Le délibéré sera rendu le 30 juin.

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A262129 MAI 08