PARIS, 16 jan 2008 (AFP) – Deux ans de prison ferme ont été requis mardi contre Jean-Michel Tengang-Bogogam, un producteur de musique qui aurait manipulé, voire agressé sexuellement, plusieurs aspirantes chanteuses, dont Tatiana, la finaliste du jeu de téléréalité de TF1, Secret Story, a-t-on appris de source judiciaire.
Le jugement a été mis en délibéré au 12 février.
L’homme, qui comparaissait mardi devant le tribunal de grande instance de Paris, est poursuivi pour « abus de faiblesse », « agressions sexuelles » et « menaces de mort » sur quatre de ses anciennes élèves.
Après avoir porté plainte, Tatiana ne s’est pas constituée partie civile.
Pourtant sa situation a été évoquée par le tribunal, ainsi que par la
procureure, au même titre que celle des trois autres, présentes à l’audience.
Créateur de la société Noise of Rose, M. Tengang-Bogogam, un quinquagénaire d’origine camerounaise, y attirait des jeunes filles afin, promettait-il, d’en faire « les meilleures chanteuses du monde ». Il se disait l’inventeur d’un nouveau concept, le « jazz sexy ».
Le problème, a dénoncé mardi Me Sylvie Breton-Lardenois, avocate de deux victimes, c’est qu’il est passé « du chant aux photos, des photos habillées aux photos nues, puis aux vidéos et aux attouchements sexuels », jusqu’au viol sur l’une d’entre elles.
« Le processus démarre par une école bien sous tout rapport, puis ça dévie », a-t-elle regretté.
Selon un rapport d’expertise versé à l’instruction, « les méthodes sectaires ont toutes été employées dans le cadre de cette école »: coupure du milieu familial, thématique sexuelle pour former les élèves, menaces de mort, mise à disponibilité complète de leur vie à leur « gourou ».
« Elles ne savaient plus qui elles étaient », a résumé la procureure, Murielle Deshereaux.
Evoquant « un charlot », « sans compétence musicale », qui cherchait « à
récupérer de l’argent par tous les moyens », elle a requis contre le prévenu 4 ans de prison, dont 2 avec sursis, assortis d’une mise à l’épreuve durant 3 ans, ainsi qu’une interdiction définitive d’enseigner.
Pour Me Jean-Marie Viala, un des avocats du prévenu, ces jeunes femmes sont victimes non pas de son client, mais « de la société française » qui ne donne plus qu’une ambition aux jeunes filles: « devenez une star, devenez Tatiana… »
Selon lui, c’est cette société qui les a rendues « capables d’avoir envie de
faire ce qu’elles ont fait » et d’adhérer aux principes d’un homme qui leur
promettait d’être star.