{{Le fondement aux Béatitudes (1992-2000)}}

1992: Première intuition de l’Agapè – qui ne portait pas encore ce nom – à Château Saint-Luc. Fernand Sanchez (médecin généraliste) et Bernard Dubois (pédiatre) commencent à réfléchir au projet d’une école de formation à un accompagnement spirituel appuyé sur l’expérience personnelle. Cette première idée a ensuite été mûrie au sein de la Communauté des Béatitudes fondée par Ephraïm, autour de deux médecins communautaires: Fernand Sanchez et Philippe Madre (généraliste). Ils ont élaboré les théories d’une anthropologie chrétienne spécifique qui a fourni le fil conducteur pour construire la pédagogie des sessions psycho-spirituelles, et qui est le fondement de l’Agapè :
“La session Agapè tente de synthétiser le travail et l’expérience de la communauté des Béatitudes dans le domaine de la recherche anthropologique et de l’accompagnement spirituel”.

1995: Au sein des Béatitudes, une commission communautaire se forme pour élaborer des « exercices spirituels » propres aux Béatitudes. Bernard Dubois est à ce moment-là «le berger de la Communauté des Béatitudes de Château Saint-Luc; il y dispense un enseignement psycho-spirituel au cours de séminaires consacrés à la guérison intérieure.» Daniel Desbois, psychothérapeute, sera aussi pendant plusieurs années enseignant aux séminaires de Château Saint-Luc.
La mise en place de l’Agapè par Château Saint-Luc (2000-2003)
2000-2001. A côté des séminaires et des retraites de guérison intérieure qui avaient cours jusque là, la Communauté de Château Saint-Luc propose des «sessions Agapè»
” L’Agapè était prête, il ne manquait plus que l’expérience. La “première pierre” a été posée au mois d’août 2000, au cours d’un séminaire à Saint Luc, sur la guérison des mémoires. Mais la maison ne pouvant pas cette activité à son ministère, il a été décidé de séparer l’Agapé de Château Saint Luc. La première session a vu le jour à L’Abbaye Saint Martin du Canigou (communauté des Béatitudes) le 7 octobre 2001.”

Les dépliants de 2001-2002 et de 2002-2003, qui donnent les programmes de Château Saint-Luc ne parlent plus d’Agapè, mais d’Agapè thérapie en précisant que ces sessions se font en dehors de Saint-Luc.
En 2001, le discernement continue cependant à se faire à Saint-Luc.
En 2002, les lieux où ces sessions ont lieu sont mentionnés: il s’agit de cinq maisons de la Communauté des Béatitudes: Casteil (66), Sables d’Olonnes (85), Lisieux (14), Nérac (47) et Nouan-le-Fuzelier (41). L’inscription se fait à Château Saint-Luc.
Bernard Dubois quitte Château Saint Luc tout en restant membre de la Communauté des Béatitudes.

2003: création de l’association ANNE-PEGUY AGAPE. Association loi 1901 qui a pour objet: «accueil de détresses humaines en apportant présence, consolation et soutien personnalisé à celui (ou celle) qui le lui demande.» Le siège de l’association est dans la Haute-Garonne.

{{Transfert au Puy-en-Velay}}

«Le 15 août 2005 en la fête de l’Assomption de Marie, quelques membres de la Communauté des Béatitudes et des accompagnateurs de l’Association Anne-Peggy Agapè se sont installés au Puy-en-Velay afin d’y développer cet apostolat dans le cadre des « Journées de Notre-Dame du Puy », sous la bienveillance de Monseigneur Henri Brincard.»

Le siège de l’association “Anne-Peggy-Agapè” est transférée de la Haute Garonne au Puy le 24 octobre 2005.

La Communauté des Béatitudes est toujours partie prenante de l’Agapè du Puy, car les membres des Béatitudes fondateurs de l’association “Anne-Peggy-Agapè” ont besoin de l’accord de leurs supérieurs pour exercer un apostolat.

{{Un historique de l’Agapè ne serait pas complète si l’on n’évoquait pas ses victimes.}}

Dès 2000-2001, des personnes et des familles ravagées par les faux souvenirs induits dans ces “thérapies sauvages” faites au nom de la foi, ont alerté l’Eglise et les pouvoirs publics.
Depuis, la liste des victimes continue de s’allonger.

En septembre 2011, un rapport de l’épiscopat vient de démontrer donc de reconnaître la nocivité de ces pratiques psycho-spirituelles. Ce rapport fait références aux victimes et s’appuie sur les analyses d’experts qui ont travaillé sur les documents de ces sessions.
On peut consulter ce rapport sur le site du CCMM

Comment se fait-il que l’Agapè continue au Puy sous la responsabilité de Mgr Brincard et qu’attend l’épiscopat pour aider les victimes et leurs familles à se reconstruire ?

{{Source : Collectif CCMM des victimes du psycho spirituel}}

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Les retraites Agapè du Puy-en-Velay sont devenues célèbres et il est de bon ton d’y être allé. Aujourd’hui qui ne cherche la libération de ses entraves, la guérison, bref le bien-être?

Comme on le dit couramment, on juge un arbre à ses fruits. Mais diront certains qui croire? ceux qui n’en font que des éloges, ou les victimes de l’enseignement reçu, qui voient leurs familles brisées en quelques jours?

Les fruits ne suffisent donc pas, il faut se poser la question de la qualité du contenu. Pour cela, nous allons commencer par chercher la source de ces retraites: comme le disait Ephraïm à propos des ordres religieux: «Lorsqu’il s’agit de fondateurs, on retrouve leurs défauts et leurs faiblesses transmis de génération en génération à leur congrégation». On peut en dire autant de ce qui est issu de l’héritage d’Ephraïm. Nous allons donc commencer par parler de la naissance de l’Agapè à Château Saint-Luc, donc aux Béatitudes. L’anthropologie des Béatitudes s’y retrouve: l’analyse de l’introduction du séminaire fondamental donné à Château Saint-Luc à cette époque présente donc un certain intérêt.

Dans un second temps nous verrons comment Cacouna a été la deuxième source d’inspiration: la confrontation du livret des retraitants avec celui de l’Agapè de B. Dubois le montre aisément.
Nous terminerons sur l’anamnèse, thème récurant dans les écrits de B. Dubois et qui est prédominant dans la plaquette pour accompagnateurs de 2011. La psychologie est regardée comme un instrument
d’accompagnement spirituel, au mépris de toutes les règles tant de l’accompagnement spirituel que de la réglementation en vigueur pour l’utilisation des outils des psychologues.

{{Introduction du séminaire fondamental du Château Saint-Luc}}

Mgr Brincard veut faire croire que l’Agapé n’a aucun lien avec les Béatitudes et Château St Luc. Or, quelle que soit les formes successives prises par l’Agapé, elle repose sur l’anthropologie du “Séminaire fondamental”, élaborée à Château St Luc par Bernard Dubois alors qu’il était berger. (en rouge les éléments constants)
Cette même anthropologie se retrouve de façons diffuse tant dans la plaquette pour les accompagnateurs “La libération intérieure” que dans le livre du même nom auquel renvoie cette plaquette. Ce livre n’est d’ailleurs plus disponible chez l’éditeur et comporte de grossières erreurs au niveau de l’historique de l’Agapé.

{{Une constatation: l’homme a perdu le sens de sa vie.}}

Il est dit d’emblée que ce séminaire fondamental a pour but de donner les fondements nécessaires pour accompagner quelqu’un sur les chemins de la guérison intérieure. Il faut donc déterminer la direction et le but. Ce chemin de guérison est posé d’emblée comme lié à un accompagnement psycho-spirituel et nécessairement la personne qui vient est dans la souffrance. Donc il y a une demande cachée de trouver un sens à ce qu’elle vit. On est passé du sens de la vie au sens de la souffrance vécue. Il est dit d’ailleurs que découvrir le sens de la vie est nécessaire pour traverse les épreuves et les souffrances.
N’est-on pas dans le cadre de la psychothérapie existentielle? Elle est très abondante sur internet. Entre autre, on peut lire:
«La psychothérapie existentielle de Yalom se fonde sur quatre enjeux essentiels : l’angoisse de mort, la liberté, l’isolement fondamental de l’être humain et l’absence de sens existentiel.»

{{Retrouver le sens de Sa vie en cherchant ses racines.}}

Il est proposé, après la prise de conscience du besoin de retrouver le sens existentiel, de chercher comme le retrouver: en retrouvant ses racines. Alors qu’il y avait référence à Jn 1, 38-39 dans le premier paragraphe, on fait appel maintenant au judaïsme.
Pour trouver ses racines il faut recourir à l’anthropologie judéo-chrétienne; toutes les autres anthropologies sont écartées, car déviantes, mais il est nécessaire de comparer: puisque nous avons le Christ, nous pouvons retrouver nos racines et apprendre à les discerner.

{{Tout est dans le commencement}}

Les bases sont posées dans la Genèse: l’homme est à l’image de Dieu. Dans la première cellule qui est à l’origine d’un être humain il y a un adulte en puissance, «plus précisément une créature à l’image de Dieu». On peut accepter cette affirmation même si les deux éléments ne se placent pas du même point de vue: le premier est une constatation humaine, le second un regard de foi. Mais les deux étant séparés, on peut accepter. La suite est moins acceptable: dans la cellule initiale il y a toutes les informations pour guider la croissance et aboutir à la formation d’un adulte, appelé à devenir un homme parfait qui réalise la plénitude du Christ. Est-ce que cette vocation chrétienne est en germe dans les cellules??? On est en droit de le penser, puisque dit-on «L’Ecriture, la nature et la science se rejoignent pour affirmer que tout est contenu dans le commencement! donc dans les racines.
Parti d’une phrase du Talmud: «tout est dans LE commencement», l’auteur en vient à la nécessité de se souvenir de SES origines: le singulier à fait place au pluriel. Pour comprendre le glissement il faut se souvenir que nous sommes dans un accompagnement de gens en souffrance: la pseudo-théologie qui vient d’être mise en place a pour but de donner confiance au patient en le mettant dans un contexte religieux. En fait après la mémoire de l’origine, illustrée par ces citations bibliques sur la mémoire des merveilles de Dieu et le «faire mémoire» de chaque eucharistie, on en vient à ce qui est la vraie question en jeu: «faire mémoire de l’enfance, des bons et des mauvais souvenirs en revivant les événements blessants dans leur expression émotionnelle». En effet pour que ce soit «véritablement thérapeutique», il faut y découvrir la présence de Dieu. Ce n’est pas pour rien que le psychiatre Frankl avait été mentionné au commencement de l’instruction: il avait remarqué que quand la foi donne un but à la vie, les énergies sont canalisées. Il est donc indispensable d’utiliser une pareille ressource!!!!

Le fondement de l’accompagnement psycho-spirituel est posé: l’histoire douloureuse est angoissante peut devenir une page d’histoire sainte. C’est donc une thérapie existentielle qui est proposée, avec pour élément thérapeutique essentiel et original: la foi judéo-chrétienne.

Retrouver ses racines, c’est entrer dans le projet de Dieu, dans la mémoire de l’être
Une constatation: beaucoup n’ont plus de racines, ils ne savent plus qui est leur père, qui est leur mère. Ce vide existentiel provoque une attitude de fuite sous diverses formes qui sont mentionnées. La réponse à la question: qui est l’homme? D’où vient-il? sera celle de la tradition judéo-chrétienne. On peut se demander si en disant à quelqu’un qu’il est à l’image de Dieu, il pourra sortir de la question angoissante: qui est mon père? qui est ma mère?????? La réponse donnée n’est pas au même plan que la question posée.
Quoi qu’il en soit, on propose au participant de se pencher sur deux points:
– l’homme est un être d’amour car Dieu est amour
– «L’homme est une personne unique ou Dieu est UN».
La traduction d’image de Dieu par réplique de Dieu, a conduit à considérer l’homme comme amour et unique puisque Dieu est amour et est UN. Il est difficile de suivre parce que Dieu est UN mais cette unité est une communion de personnes. Comment faire de la personne unique la réplique du Dieu UN?

Le séminaire fondamental explique clairement le fondement de tout ce que le Dr Dubois a enseigné pendant des années. Face à la perte de sens et aux conséquences qu’elle entraîne chez les gens, il s’est lancé dans une psychothérapie existentielle. Ayant constaté que les gens qui ont la foi ont moins de problème au niveau de la quête du sens de la vie, il a pensé que la foi pouvait être un remède pour la psychothérapie existentielle. Sa méthode est simple. Il constate une analogie entre le monde créé et le monde de Dieu, entre notre vie humaine et notre vie de foi. Pour que cette vie de foi devienne un remède, il suffit de la substituer aux données avec lesquelles elle entretient une analogie.
Le problème c’est qu’il ne s’est pas aperçu que transformer l’analogie en univocité ne suffit pas pour rendre identiques les deux réalités en cause et transférer le contenu de l’une dans l’autre. D’où les dégâts provoqués, car les personnes sont toujours en porte-à-faux mêlant les divers ordres de l’existence. Au lieu de guérir le malaise existentiel, il introduit les gens dans une profonde confusion à tous les niveaux de leur existence.
En résumé je crois que Dubois a voulu faire une greffe de la foi sur un psychisme déficient, pensant que la greffe tiendrait et résoudrait les problèmes existentiels! Mais il a greffé la mort au lieu de greffer la vie.

{{L’Agapè du Puy et ses racines à Cacouna}}

Le livret d’accompagnement donné aux retraitants, au Cénacle de Cacouna, s’appelle Agapèthérapie ou libération intérieure, 1996. Il est spécifié des la première page: «Ce livret est strictement réservé à mon usage personnel»… mais il a été mis en vente sur Internet. Il est donc possible de profiter de l’enseignement sans avoir besoin d’aller au Canada.
L’Agapèthérapie de Cacouna «est la libération des traumatismes de la vie par l’amour de Dieu… L’expérience montre que ces sessions ont conduit à des libérations qui équivalent à des vies nouvelles». L’Agapè du Puy est la manifestation dans ta vie de l’amour du Christ qui revisite chaque instant de ton histoire – de la conception à l’âge adulte – en te consolant et en te guérissant.»

{{L’agapèthérapie, identique à l’Agapè}}

Un constat s’impose: la plaquette proposée aux retraitants du Puy de 2005 à 2010 reproduit presque à l’identique le livret de Cacouna (édition 1996).
Quelques différences cependant: avant d’examiner la conception, l’Agapè du Puy proposent une matinée consacrée à l’arbre généalogique.

Le déroulement de l’examen proposé pour chaque étape de la vie (conception, vie intra-utérine, naissance,… le père, la mère, l’adolescence, etc.) est bâti sur le même schéma, avec quelques variantes:

{{Livret de Cacouna}}
Versets de l’Ecriture en exergue suivis d’une réflexion
Mise en situation
Prière d’auto-guérison

{{Livret du Puy-en-Velay}}Dieu parle par sa Parole
Mise en situation
Prière
Le cri des Psaumes, La glaise, Garde mémoire

Dans les deux livrets, un chapitre est consacré aux traumatismes sexuels et un autre à l’homosexualité: dans la prière finale le retraitant affirme que Dieu peut «corriger ce qui a été brisé».

Dans la mise en situation, des questions sont posées auxquelles il est impossible que quelqu’un de normalement constitué puisse répondre. Comme remarque le P. Auzenet : «La prière pour la guérison des étapes de la vie “de la conception à la naissance” me semble très problématique. Car comment connaît-on ce qui s’est passé au moment de la conception? Par suite d’un suivi par un psychiatre? Par la médiumnité? Par les faux souvenirs induits?»

{{Agapèthérapie et libération intérieure}}

A Cacouna, Agapèthérapie est synonyme de libération intérieure. Cela n’est pas sans intérêt quand on sait que B. Dubois a remplacé le terme d’Agapèthérapie employé de 2001 à 2005 lorsqu’il dépendait de Château Saint-Luc, par Agapè lorsqu’il est arrivé au Puy en 2005 (cette dernière dénomination était , il est vrai, utilisée à Château Saint-Luc en 200-2001). Mais en 2011, «Libération intérieure» est devenu le terme officiel si l’on en croit le titre du livret des accompagnateurs.
Le changement de terminologie voudrait montrer l’orientation purement spirituelle des retraites proposées au Puy, mais en réalité c’est la dimension psychologique qui a été plus explicitement mise en place, d’après le contenu du livret «La libération intérieure». La conception, la relation aux parents, l’enfance, l’homosexualité, sont abordées à partir de questions posées par un accompagnateur dit spirituel, avec un schéma repris du domaine de la psychologie, et qui peut conduire à de faux souvenirs induits, et provoquer l’éclatement des familles. Nous allons y revenir dans le chapitre suivant à propos de l’anamnèse.

{{L’évolution de l’anamnèse dans les écrits de B. Dubois}}

Quand l’agapè a-t-elle commencé? Est-elle en lien avec les Béatitudes? Autant de questions soulevées ces derniers temps. On peut répondre en faisant des recherches sur les dates, mais une autre question est beaucoup plus importante. Le contenu de l’Agapè vient-il de Château Saint-Luc, donc des Béatitudes, ou a-t-il été élaboré par Dubois et Desbois à frais nouveaux?
Les écrits de B. Dubois permettent de voir que l’essentiel de l’Agapè: l’anamnèse qui permet de transformer une histoire de malheur en histoire de bonheur, vient des Béatitudes.

Une des plaquettes pour les accompagnateurs des sessions organisées par l’association Anne-Peggy Agapè, porte le même titre que le dernier livre écrit par Bernard Dubois en collaboration avec Daniel Desbois: La libération intérieure, paru aux Presses de la Renaissance en 2010. Ils en sont d’ailleurs aussi les auteurs et l’ont mise au point en 2011. Cette plaquette des accompagnateurs, comme celle qui concerne le ministère de délivrance… du diable, est dans la continuité de l’enseignement des Béatitudes à Château Saint-Luc. Le nouveau livret a en effet pour centre la démarche de l’anamnèse.

L’anamnèse revient de façon récurrente dans les écrits de B. Dubois. Dans la plaquette sur La libération intérieure, il renvoie d’ailleurs à un article qu’il a publié en 1995 dans la revue Carmel (n° 75): «La guérison intérieure», alors qu’il était berger de la Communauté des Béatitudes de Château Saint-Luc et qu’il collaborait étroitement avec F. Sanchez pour tout ce qui concernait le psycho-spirituel. La guérison intérieure y est définie comme «le regard de miséricorde du Christ se posant sur les blessures intérieures de l’homme», la blessure étant une expérience douloureuse de manque d’amour. Cela est possible grâce à l’anamnèse: il s’agit de «faire mémoire des évènements douloureux de l’enfance pour prendre conscience des émotions sous-jacentes, leur donner sens et y vivre les réconciliations nécessaires: ainsi cette histoire de malheur devient progressivement une histoire de bonheur»; le socle de l’agapè est déjà posé — la reviviscence émotionnelle pouvant être provoquée par des techniques; (la P.N.L. est évoquée).

En 1998, le livre Guérir en famille, où B. Dubois a rassemblé les enseignements donnés lors des Séminaires Saint-Luc, recevait son imprimatur, même s’il n’a été édité qu’en 2001. L’auteur revient sur l’anamnèse et fait un parallèle avec le sacrifice du Christ. «Notre histoire de malheur, dit-il, s’inscrit à l’intérieur du sacrifice de Jésus. Elle devient une histoire sainte puisque, associée à celle de Jésus, elle prend sens jusqu’à devenir divine et glorieuse.»

En décembre 2000, l’anamnèse simplement effleurée dans l’article précédent, est développée, toujours dans la revue Carmel (n° 98) dans un article intitulé: «Faire anamnèse ou la guérison de la mémoire». La définition a été modifiée. Elle ne désigne plus simplement la démarche du retraitant, mais «la manière bien codifiée de mener un accompagnement lors d’une guérison intérieure.» On voit pointer la définition technique de l’anamnèse dans le domaine de la psychologie. La relation parentale et la relation à soi, la relation spirituelle qui donne «d’une manière indirecte de précieux renseignements sur le psychisme et les réactions de la personne», la relation à Marie et à Joseph, vont être explorés. La relation avec les parents commence dès la vie intra-utérine… L’expérience de l’enfance prend en compte le contexte de la conception… L’influence de l’agapèthérapie de Cacouna se fait sentir. Cette anamnèse est proposée comme «un processus dynamique et guérissant vécu dans la prière» et B. Dubois la relie directement à la messe où le prêtre reproduit les gestes du Christ «en mémoire» de lui. En entendant ces mots, dit-il, un chrétien pense immédiatement à l’offrande du Christ à son Père sur la croix pour le salut du monde. Et il établit une relation entre l’anamnèse faite par le patient — terme médical — et l’anamnèse de la messe… Ainsi, d’après lui, en découvrant les manques d’amour qui ont ponctué son histoire, en revivant «les événements blessants dans leur expression émotionnelle», l’homme peut faire de sa vie une histoire sainte et entrer dans la Vie. Nous sommes exactement dans la perspective de Château Saint-Luc.

Dans le programme de Château Saint-Luc de 2000-2001, des sessions agapè — relecture de son histoire de la conception à l’adolescence pour soulager et guérir d’éventuelles souffrances de cette période — sont proposées à côté des sessions de guérison intérieure déjà existantes. En 2001-2002, la thérapie chrétienne est complétée par l’Agapéthérapie. Ces sessions n’ont pas lieu à Château Saint-Luc même, mais dans les environs: c’est le Cénacle de Cacouna qui devient la référence. On propose: «Relecture systématique de votre histoire de la conception à l’adolescence visant à soulager et à guérir d’éventuelles souffrances de cette période.»

La libération intérieure, livre paru aux Editions Presses de la Renaissance, le 27 mai 2010, décrit l’anamnèse comme le premier des quatre piliers de la libération intérieure: il s’agit de la relecture de sa vie de la conception à l’adolescence en prenant acte que, selon l’auteur, la mémoire initiale a souffert de traumatismes et cette triste histoire mise sous le regard de Jésus devient une histoire sainte. Guérison a été remplacé par libération, mais la réalité concernée est la même.

La plaquette La libération intérieure, dernier écrit sur la question, reprend tous les éléments de Château Saint-Luc, mais les amplifie dans le quatrième chapitre consacré à l’anamnèse. Le mot anamnèse y est nettement pris au sens qu’il a en psychologie, c’est-à-dire «recueillir un ensemble d’informations touchant à la situation familiale, conjugale, professionnelle, aux loisirs, aux antécédents médicaux et personnels (par exemple, la grossesse a-t-elle été désirée? comment s’est déroulé l’accouchement?), le tout étant de se donner un aperçu de la situation passée mais aussi actuelle du sujet pour mettre en lien le vécu avec la problématique amenée.» C’est bien ce que fait l’accompagnateur du Puy, lorsqu’il apprend à mener une anamnèse. Il est invité à examiner chez le retraitant la relation parentale, l’expérience de l’enfance de la conception à l’adolescence. Dans ce cadre la relation à Dieu est utilisée à des fins psychologiques. Il est d’ailleurs question de patient (p. 27) venu consulter (p. 25.26) et vingt-deux fois on dit que l’accompagnateur pose des questions, recherche, explore, etc. C’est un entretien de type semi-directif où sont menées des investigations, même s’il ne n’agit pas d’un interrogatoire. Or cela est proscrit dans un accompagnement spirituel où l’accompagnateur ne doit pas poser question: «Le ministère de l’accompagnement spirituel est essentiellement un ministère d’écoute du travail que l’Esprit réalise en quelqu’un» (P. Pitaud). Il serait indécent pour un accompagnateur spirituel de s’immiscer de cette façon dans la relation avec les parents, dans la relation qui existe dans un couple, etc.; il y a de quoi faire exploser une famille. De quel droit supposer qu’une mère n’a pas désiré son enfant tout simplement parce qu’il est le troisième? Comment rentrer dans tant de détails pour ce qui concerne la conception?
Il est déconseillé d’ailleurs dans l’Eglise catholique, que ce soit la même personne qui fasse un accompagnement psychologique et un accompagnement spirituel et il est encore plus déconseillé de faire les deux en même temps. Lorsqu’il indique l’esprit de l’anamnèse, B. Dubois reprend l’enseignement qu’il professe depuis une douzaine d’années: il fait un mélange entre l’anamnèse au sens psychologique et l’anamnèse au sens liturgique. Avec les retraites du Puy nous sommes en pleine dérive psycho-spirituelle.

Que retenir? L’Agapè se veut, au dire de ses responsables, une «démarche spirituelle qui ne néglige pas les interactions possibles avec la dimension psychologique de l’homme; elle ne néglige pas non plus les outils de la connaissance humaine et psychologique en évitant toutefois d’en mélanger les plans et aussi de se tromper d’objectif: le but de l’agapè n’est pas la guérison, au sens médical du terme, ni même le mieux-être psychologique..»
Une question se pose: la P.N.L. n’est peut être plus utilisée comme en 1995, mais l’anamnèse l’est encore. Or c’est la première phase d’un entretien psychologique; c’est donc un outil réservé à des professionnels. Quelle est la qualification des accompagnateurs en ce domaine?

source : collectif CCMM des dérives du psycho spitituel