La parole de Dieu, sous forme de Nouveau Testament, offerte aux lycéens par les Gédéons, une association chrétienne. Le cas, devant Watteau, la semaine dernière, n’a guère été du goût d’une mère.

{{PAR LAURENT BREYE}}

valenciennes@lavoixdunord.fr PHOTO DIDIER CRASNAULT

« Ça m’a interpellé. » Un peu plus, serait-on même pensé de croire. Quand elle apprend, ce week-end, dans la bouche de sa fille, que des Gédéons ont distribué gratuitement, à la sortie du lycée Watteau, des exemplaires du Nouveau Testament et des Psaumes, cette mère de famille en est restée aussi baba que les apôtres devant les premiers miracles du Christ. À tel point que sa première réaction sera d’imaginer qu’une plainte pouvait être déposée contre une telle pratique.

Pour être tout à fait franc, l’information nous était parvenue dès la semaine dernière. Durant laquelle ils avaient effectué leur prosélytisme à deux reprises devant des établissements de la ville. Mais ils sont comme ça, les Gédéons, un jour ici, un jour là. À multiplier la diffusion des Saintes écritures comme les petits pains. Leur interlocuteur se fiche-t-il des Évangiles comme de l’an 40 et refuse l’exemplaire tendu ? Ils n’en prennent pas ombrage et passent au suivant.

Mais qui sont-ils, ces Gédéons, du nom d’un personnage biblique du Livre des Juges ? Association internationale chrétienne, née aux États-Unis à la fin du XIXe siècle, elle a été fondée par des hommes d’affaires dans le seul but d’évangéliser en déposant des Bibles dans les hôtels, hôpitaux, prisons, bases militaires, établissements scolaires, etc. Point. Ils seraient plus de 250 000 dans le monde, dans 187 pays. Dernier chiffre : ils ont inondé le globe d’1,4 milliard de Bibles, financé par des dons.
« Transparence »

{ {{ « Les Témoins de Jehovah frappent à la porte, eux distribuent le Nouveau Testament, c’est leur façon de faire.»}} }

Au commissariat de Valenciennes, les Renseignements généraux, chargés de la surveillance des sectes (et les Gédéons ne sont pas classés comme tels), confirment : « Avec nous, ils jouent la transparence. Ils viennent régulièrement aux portes des lycées et leur passage est toujours précédé d’un coup de fil. » Reste que leur présence, au nez d’un lycée dans une République laïque, a indigné cette mère. « Dans un hôtel, vous prenez le livre ou pas, c’est notre libre choix. Là, on vous le met dans la main. C’est s’attaquer à plus vulnérable. » Pas l’avis de cette déléguée au conseil d’établissement, élue de la PEEP, Isabelle Martinez : « Comme c’est distribué à l’extérieur, ça ne me pose pas de souci, j’estime que ça fait partie de la libre expression. Ensuite, les jeunes sont assez sérieux pour faire la part des choses. » •