À l’occasion de la journée mondiale contre l’abus de la drogue, une fondation soutenue par l’Église de scientologie veut informer les Genevois.

 Dimanche, c’est la journée internationale contre l’abus et le trafic de drogue. Une date qui tombe à point nommé avec la nouvelle scène du crack aux Pâquis. Au journal, on a reçu un communiqué de la fondation «Non à la drogue, oui à la vie», qui tiendra un stand d’information ce samedi à la gare. Il y aura, lit-on, la «possibilité de signer un engagement à ne pas consommer de drogue». Ça me rappelle l’«anneau de pureté» porté par des ados américaines, censé encourager la chasteté.

Finalement, il y a bien du ricain là-dessous: «Non à la drogue» est une branche de la fondation californienne Drug Free world, et toutes leurs vidéos de promotion sont tournées aux États-Unis. On repère un paradoxe: d’un côté, une mission noble, soit prévenir l’addiction. De l’autre, une vision plutôt sectaire – un verre d’alcool ou un anxiolytique, c’est déjà le mal. Or, les attitudes radicales séduisent souvent des personnes en quête de sens, comme des dépendants. On n’est donc pas étonné que l’Église de scientologie soutienne cette fondation.

Ce paradoxe me rappelle celui des États-Unis sur la drogue, où le pire côtoie le meilleur. D’un côté, on gère mal la problématique. Les prisons sont pleines de petits trafiquants, le crack accentue les inégalités en faisant des ravages chez les plus pauvres, et les médecins prescrivent des antidouleurs aux opiacés, ce qui grossit le rang des dépendants. Mais c’est aussi le pays des Alcooliques Anonymes et autres groupes de pairs, où on s’encourage pour s’en sortir. Par ailleurs, l’expression des émotions et la communication non violente, permettant d’éviter les comportements de dépendance, se sont développées là-bas.

Genève serait bien inspirée d’observer ce qu’il se passe aux États-Unis, en bien comme en mal, pour faire des choix judicieux.

https://www.tdg.ch/drogue-usa-et-scientologie-930818175962