Gabrielle Fréchette, Ginette Duclos et Gérald Fontaine font face à des chefs de négligence criminelle causant la mort de la femme de 35 ans, décès survenu au cours d’une expérience de sudation corporelle.
Ce matin, l’écoute des enregistrements de la séance de sudations’est poursuivie en présence de l’enquêteur Maxime Leblanc.
L’enregistrement débutait à 20 h 04 dans la soirée du 28 juillet 2011.
On y entend la responsable de l’activité, Gabrielle Fréchette, sur un ton plutôt théâtral, donner des directives aux participants: «Vous baignez dans la lumière, vous êtes dans le corps de la lumière, la dimension de l’âme, renoncez à toutes sensations, adhérez à la légèreté», peut-on entendre la chamane dire sur un fond de musique classique.
«Votre chaleur s’intensifie, réalisez à quel point les chaleurs du ciel et de la terre sont intenses et réelles.»
«Vous les momifierez, l’expérience devrait durer entre dix et quatorze heures, on va s’ajuster au fur et à mesure. Prévoyez des collations et de l’eau pour vous, pour eux, rien du tout.»
Dans un extrait plus intense, Mme Fréchette crie aux participants: «Poussez le canal, poussez! Votre canal est ouvert, la lumière pénètre en vous, vous pénétrez le corps céleste», des directives entrecoupées de cris et de gémissements… c’était quatre heures avant le premier appel logé au 911.
Vers la fin de l’enregistrement d’une durée de 35 minutes, on tombe dans une phase plus intense de la séance où l’on incite les participants à s’engager sur la voie qui guide l’être vers l’esprit: «Passez du corps de la lumière au corps de la consécration, laissez-vous guider au-delà des portes de l’esprit. Nul ne peut accomplir le passage de la mort pour vous. La mort, c’est la liberté, c’est la vérité, le retour à Dieu.»
C’est à ce moment qu’on peut y entendre les voix des deux coaccusés, Ginette Duclos et Gérald Fontaine, crier aux participants: «Inspirez profondément, expirez puissamment, plus rapidement», des consignes données de manière répétitive et de plus en plus soutenue.
En fin de journée hier, des enregistrements de conversations entre Mme Fréchette, Ginette Duclos et Gérald Fontaine ont été déposés en preuve. Dans l’un des extraits, on peut entendre la responsable de l’activité dire à ses assistants : «Vous les momifierez, l’expérience devrait durer entre dix et quatorze heures, on va s’ajuster au fur et à mesure. Prévoyez des collations et de l’eau pour vous, pour eux, rien du tout.»
C’est Ginette Duclos et Gérald Fontaine qui étaient chargés d’enrober les participants de plastique et de boue et de les recouvrir ensuite avec plusieurs couvertures.
Précédemment, un policier a déposé des photos de barges de plastique, de couvertures et de sacs de terre noire qui ont été retrouvés dans la pièce de la maison où se déroulait la séance de sudation.
Une des neuf participants au séminaire intitulé «Mourir en conscience», Julie Théberge, a commencé son témoignage en après-midi. La femme de 53 ans partageait une chambre avec la victime, Chantal Lavigne.
Les huttes sudation, auxquelles Julie Théberge avait participé par le passé, n’avait rien à voir avec l’activité de juillet 2011. Les précédentes duraient environ une heure et n’impliquaient que quelques couvertes, rien d’aussi intense et long.
Juste avant elle, le conjoint de la victime est venu témoigner sur la relation que Chantal Lavigne entretenait avec Gabrielle Fréchette. C’est en 2007 qu’elle a fait sa rencontre.
Quelques années plus tard, la mère de famille de 35 ans décidaitd’intensifier ses formations pour pouvoir à son tour devenir guide spirituel: «Chantal lui vouait une grande admiration, vers la fin, elle partait deux, trois semaines à la fois, je m’inquiétais», a témoigné Patrick Naud.
Lors de l’expérience de sudation fatale, elle participait à un stage d’un mois sur l’ancienne ferme Reine de la paix à Durham-Sud.
Jeudi, Julie Théberge devrait poursuivre son témoignage. Nous devrions aussi entendre le pathologiste judiciaire nous expliquer comment Chantal Lavigne est morte.
source : http://tvanouvelles.ca/lcn/judiciaire/archives/2014/10/20141015-120717.html
Par Jean-François Desbiens