(Autralie du sud) (20h09)
{{Senateur XENOPHON}}
» Je me lève ce soir pour parler d’un sujet de la plus haute importance qui mérite d’être décortiqué par les services de renforcement des lois et par ce parlement.
Au cours des semaines précedentes, j’ai été contacté par d’ex-membres de l’Eglise de Scientologie à la suite d’interrogations que j’ai eues au sujet de l’exemption d’impôts dont jouit cette organisation sous notre régime de lois, exprimées lors d’une interview pour Seven Network’s, sur Today Tonight.
Je souhaite profiter de cette oportunité pour rendre hommage au travail du reporter Bryan Seymour, qui, sous la direction de Craig McPherson (producteur de Today Tonight), a préparé plus d’une douzaine de sujets sur cette organisation.
Je loue également le réseau pour avoir volontairement attribué des ressources considérables dans les tribunaux, assurant ainsi le juste traitement de ces sujets.
J’étais aussi concerné par le fait récent paru dans l’Australian, sur l’autopsie d’Edward McBride. Comme le veut la procédure, le légiste John Lock avait fait la demande de documents de santé personnels du défunt, détenus à ce jour par l’Eglise de Scientologie qui ne les communique pas. Au lieu de cela, ces documents ont été déplacés de Brisbane à Sydney, pour s’envoler aux USA.
Depuis que j’ai évoqué cette non-taxation sur Today Tonight, d’anciens disciples de la Scientologie m’ont écrit.
Je laisse à disposition des copies de ces lettres. Certaines d’elles contiennent des noms de disciples, communiqués avec la permission des auteurs de celles-ci.
Vous pouvez disposer. »
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{{Senateur XENOPHON}}
« Informé par ces déclarations, ayant consécutivement rencontré les personnes , et mené avec mon cabinet un travail conséquent de recherche et de documentation, je suis donc profondément concerné par cette organisation et l’impact dévastateur qu’elle peut avoir sur ses membres.
De mon point de vue, il s’agit d’une organisation à deux visages.
D’un coté, il y’a la façade publique d’une organisation fondée en 1953 par l’écrivain de science fiction L Ron Hubbard, qui affirme proposer soutient et aide à ses disciples. De l’autre, il y’a le visage plus privé d’une organisation qui abuse de ses membres, qui détient le vice de bien cibler ses critiques, et semble dans l’ensemble pétrie de paranoïa.
En France, l’organisation a été saisie par le Parquet pour fraude, et est également poursuivie en Belgique.
Pendant ce temps, aux USA, un nombre d’ex-cadres hiérarchiques de la Scientologie ont rompu la loi du silence en s’exprimant au St Petersburg Times en Floride, où leur QG international est situé. Ces personnes déclarent avoir été témoin de douzaines d’agressions de la part du leader, David Miscavige, sur des membres de son équipe. Il en aurait également commandité certaines. Ces cadres affirment également que l’organisation a fait usage de chantage et de menace contre d’anciens membres, a fait main-basse sur des accusations, et que l’organisation est connue pour avoir fait obstruction à la justice en série.
Les révelations font part du fait que les informations fournies par les membres lors de ce qui est nommé les ‘auditions’ (une forme de soumission à la Question sous forme de séances de conseil, dans lesquelles cette église tient son rôle) étaient utilisées pour faire chanter et manipuler ces membres.
Ce que nous voyons là est un schéma d’abus et de criminalité d’étendue mondiale.
Par les preuves, ceci n’est pas un accident, il y’a préméditation.
La Scientologie n’est pas une organisation d’ordre confessionnel. C’est du crime organisé, que l’on cache derrière des soit-disant croyances religieuses. Ce que l’on croit ne dédouane pas de la responsabilité de ses actes.
Ces lettres que j’ai reçues, écrites par d’ex-membres en Australie, contiennent des allégations de crimes et d’abus en profusion, et qui sont réellement choquants ( des crimes commis sur leur personne et des crimes qu’ils ont été forcés de faire par coercition) :
– séquestrations, avortements forcés, détournements des fonds de l’église, violence physique, intimidation, chantage, et utilisation étendue et abusive des informations personnelles obtenues par l’organisation.
Il est déclaré que les informations concernant les morts suspectes et les abus d’enfants ont été détruites, et un des disciples a admit que l’organisation l’a obligé à se parjurer lors d’enquêtes menées sur le decès de ses deux filles. Ces victimes de la Scientologie clament que c’est une organisation violente, manipulatrice, abusive et criminelle, et que cette criminalité est instiguée en haut de la pyramide.
Aaron Saxton est une des victimes qui m’a écrit.
Il est né au sein du groupuscule, et s’est élevé à une position influente à Sydney, puis aux USA. Il déclare que lorsqu’il était enfant,sa mère à été forcée à se démunir de l’autorité parentale, en faveur de la Scientologie, afin de délocaliser le petit en Australie. Il déclare aussi qu’en janvier 1990, l’organisation lui a imposé le silence sur une tentative de viol par un individu sur sa personne. Il dit que cela était possible grâce à la politique de relations publiques de cette organisation. Aaron était encore un enfant lorsqu’on lui a demandé de couvrir un trafic et vol d’espèces et de cartes de crédit par un employé Scientologue. L’organisation poussait les limites du contrôle sur les personnes à des seuils effrayants. Dix fois au moins, il fut forcé à une pénitence de 15 jours d’un régime de riz et haricots secs. Et à cause de l’interdiction de soins médicaux, il fut forcé de s’extraire lui-même ses dents sans l’aide d’anti-douleurs. A 16 ans on le promut garde de l’église. Son rôle consistait aussi à distribuer des ‘injonctions de non-communication’ à 5-6 familles, dont la sienne. Les ordres étaient que tout contact avec la famille et les proches devaient être bannis, sous peine de punition. Dans ses déclarations, Aaron dévoile qui a été forcé à participer à la séquestration illégale et à la torture sur un membre détenu chez lui. Aaron dit aussi avoir eu accès à plus de 150 dossiers contenant des informations personnelles des membres, obtenues principalement lors des séances d’ ‘auditions’. Ces informations supposées confidentielles ne l’étaient pas. Selon Aaron, elles étaient utilisées pour exercer du chantage sur les membres afin de les maintenir au sein de l’église, mais également utilisées à postériori pour discréditer d’anciens membres lors de leur départ. Cette violation était institutionnelle.
Aaron nous dit aussi qu’il a été impliqué dans l »élimination de dossiers concernant un membre suicidé.
Fait inquiétant, Aaron révèle au grand jour la politique d’avortement menée par l’organisation. Il avoue que sous contrôle de la Scientologie, il a été impliqué dans un travail de coercition sur des femmes pour les mener à l’avortement. Ceci était dans la droite lignée de cette politique de management destinée à maintenir les disciples fidèles et corvéables. Aaron dit que les femmes qui tombaient enceintes étaient emmenées à des cabinets et travaillées jusqu’à ce qu’elles aillent au bout. Si elles refusaient elles étaient dégradées et envoyées au travaux forcés. L’objectif étant: de faire céder ces femmes, ou bien de déclancher une fausse-couche. Aaron révèle qu’une femme a utilisé sur elle-même un cintre afin d’avorter, par crainte des représailles. Elle fut libérée par l’organisation et les dossiers détruits.
En 1991, lorsqu’ Aaron fut envoyé au QG de Floride, il a été impliqué dans le détournement de fonds de la Scientologie, pour payer des gratifications aux cadres de l’organisation. Il devait aussi falsifier des relevés de comptes bancaires, et a ordoné le transfert d’un trentaine de personnes vers des camps de travail, où ils étaient forcés au dur labeur. Il a également utilisé des informations personnelles et financières pour tracer des membres qui tentaient de s’échapper. Aaron ajoute que l’organisation l’a forcé à produire des faux certificats de scolarité pour les enfants de moins de 15 ans, afin de pouvoir utiliser leur main d’oeuvre.
Sous les ordres de la Scientologie, il a également opéré 5 séquestrations à domicile. Tant que les détenus ne livraient pas ce qu’on attendait d’eux, ils ne pouvaient être libres de leurs allées et venues. Aaron aurait aussi eu vent de deux cas de meurtres aux USA, mais ces informations ne seraient pas remontées aux autorités. Il revèle avoir fait disparaître des documents qui reliaient un membre scientologue à un meurtre, pendant qu’il résidait aux USA, ceci toujours en obédience à ses supérieurs.
Lui-même et d’autres membres auraient glanné dans les dossiers de célébrités scientologues des informations susceptibles d’être utilisées comme levier pour provoquer plus de dévouement et de dons à l’organisation. On pourrait nommer cela du chantage. D’autres détails sont livrés sur le fait d’avoir tenté de forcer une célébrité scientologue à pratiquer un avortement. Le jeune homme coupable d’avoir engrossé la célébrité fut banni et coupé de tout contact de ses parents, qui restèrent eux scientologues.
Aaron avoue qu’il était tellement sous influence et contrôlé par la structure hiérarchique spécifique à l’organisation qu’il fut complice d’un lynchage commandité d’un membre, et qu’il participa également à un autre pour la mise en place. Il dit avoir dissimulé un scientologue en cavale, et avoue aussi avoir ordonné qu’on jette un individu par dessus-bord du Freewinds, le bateau de la Scientologie. Il ignore si cet ordre à été accompli.
Aaron a aujourd’hui quitté cette organisation et se porte volontaire pour coopérer dans le sens des enquêtes de police à ce sujet. Né dans cette secte, il regrette le contrôle qu’elle a eu sur lui, et les choses qu’il a pu faire alors.
Je demande à mes confrères sénateurs: sont-ce des activités à caractère religieux?
Est-ce que cela ressemble à une organisation qui mérite le soutient du contribuable australien, sous prétexte qu’elle se proclame être une religion?
J’ai aussi reçu une correspondance de la part de Carmel Underwood, une autre ex-membre et victime de la Scientologie.
Elle dit que lorsqu’elle travaillait à Sydney pour l’organisation, elle est tombée enceinte, et pressurée à l’extrème pour avorter. Comme elle refusait, on l’a condamnée à un ‘programme de disparition’.
Carmel a aussi travaillé dans le département comptable, et elle livre que les demandes de fonds pour les avortements n’étaient jamais contestés, alors que l’on pinaillait et traînait pour toute autre requête. Carmel aurait aussi été témoin de la maltraitance commise par un père sur sa jeune fille afin de la travailler sur ce qu’elle aurait à déclarer aux autorités afin couvrir des crimes.
Carmel a été agressée physiquement par un dirigeant lors d’une dispute.
Lorsqu’elle quitte enfin l’organisation, toutes les informations qu’elle avait livrées à son sujet (pendant les ‘auditions’) sont retournées contre elle pour la décrédibiliser. Carmel dit qu’elle a décidé de parler parce qu’elle sait qu’il y’a bien plus de victimes qui sont prises dans les filets de l’organisation, et qui sont abusés physiquement, financièrement et mentalement. L’époux de Carmel, Tim, soutient les déclarations de sa femme, et dit que le couple a traversé des difficultés financières grâves liées à leur implication dans l’organisation. Il dit qu’ils ont été forcés à payer plus de 100 000 dollars pour financer la promotion du groupe, et pour l’accès à des soit-disant textes religieux et des cours.
C’est inconcevable, quand on y pense: la Bible est libre d’accès dans toute chambre d’hôtel du pays, mais les textes et les cours de Scientologie peuvent coûter aux disciples toutes leurs économies et même des fortunes qu’ils n’ont pas en les poussant à contracter des emprunts.
Une des lettres les plus désolantes que j’ai reçues (elles le sont bien toutes), parvient de la part de Paul Schofield.
Il affirme également la dissimulation d’abus d’enfants de la part de l’organisation, et ils avoue avoir lui-même participé à une campagne de couverture pour masquer des faits relatifs au décès de deux de ses filles. Paul dit que sa fille aînée, Lauren, se faisait garder dans les locaux de la structure à 14 mois lorsqu’elle est tombée dans les escaliers. Elle est décédée deux jours plus tard à l’hôpital. Paul dit qu’il se senti mis sous-pression par la hiérarchie scientologue afin qu’il n’éxige pas d’autopsie. Il céda évidemment. On l’a menacé, lui et sa femme, d’être dépourvus de tout droit et service s’il demandait des dommages et interêts.
Kristy, la seconde petite fille, est morte à 2 ans et demi, après avoir ingéré du chlorure de potassium, une substance utilisée pour purger dans les programmes de purification du groupe. Sous la direction des leaders scientologues, Paul s’est parjuré en fournissant de faux témoignages à la police et pour l’enquête légiste, afin de protéger l’organisation. C’est sous une pression terrible qu’il accepta de mentir, par peur d’être très grâvement puni s’il révélait la vérité.
C’est une décision qu’il regrette aujourd’hui.
J’ai reçu des déclarations de la part d’Anna et Dean Detheridge, clamant avoir été sujets à des abus physiques et mentaux du temps de leur adhésion. Anna écrit qu’on lui ordonna de couper les ponts avec sa soeur du fait de son homosexualité, et donc, conformément à la Scientologie, un individu dangereux, perverti et mauvais. Anna et Dean ont aussi fourni les preuves de l’utilisation d’informations qu’ils auraient livrées, (eux-mêmes et d’autres membres) pour opérer chantage et contrôle. Ils apportent aussi des informations sur les avortements forcés.
Kevin Mackey m’ a écrit en détail ses 26 ans d’existence abusé par la Scientologie.
Dans cette lettre, nous pouvons lire: « Lorsque l’on débute en Scientologie, rien ne parraît bizarre ou étrange…en fait, la Scientologie est perçu par les yeux d’un débutant comme le Consolateur envoyé du ciel. » Et il poursuit ainsi: » Après que vous ayez mordu à l’hameçon, la véritable Scientologie vous est dévoilée, très progressivement, au fil des années. »
Ce conditionnement psychologique dont parle Kevin l’ont tout de même poussé à débourser pratiquement un million de dollars pour des produits et services scientologues.
D’autres familles m’ont contacté, exprimant une grande inquiétude au sujet de leurs enfants sous l’emprise de l’organisation. Mais ils m’ont demandé de ne pas réveler leurs noms de peur de ne plus jamais les revoir.
Une autre victime de la Scientologie, Peta O’Brien, écrit au sujet du travail de sape effectué par le groupe pour l’empêcher de soigner son cancer. Elle apporte aussi des preuves d’agressions et d’avoir été arrachée à son fils, alors qu’ils étaient tous deux membres.
Ces déclarations sont grâves, et beaucoup des noms ont été masqués dans les lettres mises à disposition du Sénat ce soir, mais les noms n’ont pas été éliminés des copies que j’ai fournies à la police.
Il doit y avoir enquête au sujet de cette organisation.
Ces victimes de la Scientologie se sont livrées en prenant de grands risques, et leur acte est honorable.
Je souhaite donc encourager toutes les autres victimes de la Scientologie à se faire connaître, à contacter la police ou contacter mon cabinet, le plus important étant de révéler la vérité.
Je pense également que les activités de la Scientologie devraient être suivies de très près par le Parlement, parce que le contribuable australien soutient cette organisation, de part son statut d’éxemptée d’impôts.
Je le demande à tous les australiens: alors que vous remplissez votre formulaire de déclaration d’impôts, comment vous sentez-vous en sachant que vous payez, et pas cette organisation criminelle?
Souhaitez-vous que l’exemption d’impôts soutienne une organisation qui force ses membres à avorter contre leur volonté?
Voulez-vous accorder votre soutien à un groupe qui pratique la fraude, l’escroquerie, le chantage et la séquestration de personnes?
D’après le poids des preuves fourni par les victimes de la Scientologie, c’est ce qui ce passe en ce moment.
Souhaitons-nous réellement favoriser financièrement une organisation qui transforme ses membres en victimes, dans sa quête de pouvoir et d’argent?
C’est pourquoi j’en appèle au Sénat pour lancer une enquête sur cette organisation et son exemption d’impôts.
Au cours du passé, la Scientologie à rétorqué que ceux qui interrogeaient leur organisation attaquaient la liberté de culte.
Une logique bien retorse, c’est le moins que l’on puisse dire!
La liberté de culte n’implique pas que l’Église Catholique ou Protestante n’aient pas été tenues responsables des crimes et abus perpetrés par leurs prêtres, nonnes et autres représentants, même à postériori.
Pour conclure, le sujet n’est pas la liberté de culte.
En Australie, nous n’avons aucune limites aux croyances de chacun.
Mais il y’a bien des limites concernant la manière de se conduire.
ça s’appelle la loi, et personne n’est au-dessus. »
http://www.aph.gov.au/hansard/senate/latesthansard/shansard.pdf
November 17, 2009 p. 73-76