«Je suis consciente d’avoir bravé la justice, mais je l’ai fait pour sauver ma fille». À l’écouter, rien ne prédestinait cette mère de famille à enlever son propre enfant. Pourtant, fin août 2011, épaulée par son mari et son fils, elle passe à l’acte et enlève sa fille Marie, alors âgée de 24 ans, pour l’emmener en Corse.
Aucune intention de nuire selon elle, il s’agissait au contraire de l’éloigner temporairement de son compagnon et de sa belle-famille résidant à Aubagne (Bouches-du-Rhône), qui l’auraient convertie au culte «antoiniste», un mouvement considéré comme sectaire par un rapport parlementaire. «Ma fille ne s’alimentait plus correctement, elle vivait dans des conditions très précaires. Lorsqu’elle est tombée gravement malade à deux reprises, elle a refusé de se médicaliser, c’est à ce moment-là que j’ai décidé d’agir».

«Aujourd’hui, je ferais sans doute appel à des associations antisectaires»

Seulement le compagnon donne l’alerte et la jeune femme, entendue par les services de police corses, porte plainte pour «enlèvement et séquestration» contre son frère et ses parents. Elle les accuse notamment de l’avoir menottée et droguée. Une méthode qui poussera le juge d’instruction à poursuivre le couple. Après deux années d’enquête, aucun lien avec la secte n’a été formellement établi et les Truong encourent une peine de dix ans d’emprisonnement. Pourtant, Danièle ne regrette rien, si ce n’est «le mode opératoire». «Aujourd’hui, je ferais sans doute appel à des associations antisectaires», nuance-t-elle.

source : interview de Danièle Truong
le Figaro.fr