Face à la montée des sectes évangéliques, le pouvoir a voulu mettre de l’ordre en encadrant juridiquement ces mouvements. 1 200 sectes auraient ainsi été recensées et attendent une reconnaissance juridique de l’Etat. Or, fin octobre, le ministère de la Justice a rejeté les demandes d’environ 200 mouvements religieux, dont huit organisations islamiques. Des cultes contraints en théorie de cesser leurs activités et de fermer leurs bâtiments. La polémique enfle entre la communauté musulmane et le gouvernement.
Pour les leaders musulmans du pays, l’Etat se livre à une véritable chasse aux sorcières. Ce recensement religieux est, selon eux, un instrument de discrimination contre les quelques centaines de milliers de fidèles, dans un pays en grande majorité catholique.

Mais la polémique ne s’arrête pas là. Le refus d’agrément à ces huit organisations musulmanes auraient entraîné la fermeture, et parfois la destruction, d’une grande partie des mosquées du pays. « Le gouvernement considère notre religion comme une secte, s’indigne David Alberto Já, leader de la communauté islamique d’Angola. Les critères sont politiques, pas juridiques, et ils font fermer nos lieux de culte pour en finir avec notre religion. Certains représentants de l’Etat pensent que l’islam n’est pas dans la culture de l’Angola. Le gouvernement dit même que tout contrevenant sera arrêté pour désobéissance, ça veut dire que tout musulman pratiquant risque d’être interpellé. »

Désamorcer la crise

Face au scandale, le gouvernement a voulu désamorcer la crise. Hier, le ministre des Affaires étrangères a notamment convoqué les ambassadeurs en poste dans le pays.
Mais dans son discours, Georges Chikoti n’a pas levé toutes les ambiguïtés : « Le gouvernement ne chasse pas les musulmans. On nous dit que des mosquées ont été détruites. Or, aucune mosquée du pays n’a reçu de permis de construire. En Angola, beaucoup de musulmans sont arrivés illégalement. Ils pratiquent souvent leur foi dans des lieux non conformes, ou sans avoir reçu d’autorisation et où ils ont aussi une activité commerciale. »

Selon des spécialistes, Luanda joue avec le feu dans cette affaire. Un risque de radicalisation des musulmans n’étant pas à exclure.

source : RFI