Selon le professeur de psychologie israélien Benjamin Beit-Hallahmi, sous différentes formes organisationnelles, la Scientologie a été active dans la société depuis plus de trente ans. Mais leurs membres ne se disent pas être les représentants d’une religion, au contraire d’ailleurs. Les Scientologues israéliens se présentent comme laïcs. De plus, ils s’organisent également en associations ou en petites sociétés payant des impôts en tant que compagnies. Ces formes d’organisation comprennent une organisation officielle de la scientologie à Tel Aviv. Un autre groupe de Scientologie appelé « Le Chemin du Bonheur » (ou « Association pour la prospérité et la sécurité au Moyen-Orient ») fonctionne par l’entremise des membres scientologues pour promouvoir le Chemin du bonheur. D’autres campagnes de Scientologie, tels que « Youth for Human Rights International » sont également actives.
D’autre part, il existe un groupe juif ultra-orthodoxe qui s’oppose à la Scientologie et aux autres sectes ou organisations missionnaires en Israël. Lev L’Achim, dont le département anti-missionnaire a été créé en 2001, offre une assistance téléphonique et d’autres services à tous les Israéliens qui le souhaitent, pour ne pas tomber dans le piège de cette organisation.
C’est d’ailleurs cette association qui lutte, depuis des années, pour faire fermer une crèche et une école maternelle créée par les adorateurs de Ron Hubard à Mikva Israël au sud de Tel-Aviv.
Il existe également d’autres groupes, non-religieux, tels les Anonymous, qui luttent à travers le monde contre l’influence de la Scientologie.
Mais la Scientologie israélienne est officielle et elle peut organiser des manifestations sur la grande place de Tel-Aviv par exemple. Forte de quelques milliers de membres, la Scientologie a d’ailleurs installé son centre à Tel Aviv et elle vient même d’acquérir une somptueuse propriété, sur le boulevard Jérusalem de Jaffa.
Les scientologues ont en fait acquis l’un des plus anciens cinémas d’Israël, situé sur la rue principale de Jaffa, l’Alhambra. Après des travaux monstrueux qui ont duré plusieurs mois, la rénovation de la façade touche enfin à sa fin et l’on peut s’apercevoir que les Scientologues n’ont pas lésiné sur les dollars. En plus d’une superbe rénovation, on ne compte plus le nombre de système de sécurité et de vidéos-caméras déjà apparents.
En Israël, elle se garde bien de s’affubler du titre d’”Église” pour ne pas éveiller les soupçons des milieux juifs orthodoxes luttant contre les activités missionnaires chrétiennes. Elle ne se présente pas non plus comme une religion mais plutôt comme une philosophie de vie, une science de l’âme. Elle s’adresse donc à tous, religieux ou laïcs, Juifs, Chrétiens ou Musulmans. Depuis quelques années, elle se tourne aussi vers les Arabes d’où son installation dans le quartier de Jaffa où la population arabe est majoritaire.
En Israël, elle n’est ni l’une, ni l’autre, sachant qu’il n’y a ni religion officielle – le Judaïsme n’est pas religion d’État -, ni de loi définissant le phénomène sectaire. La Scientologie agit en Israël à travers deux types d’associations. Les unes sont officiellement dirigées par des membres de la Scientologie, comme par exemple une association de lutte contre la drogue, d’autres, au contraire, sont officieuses. Ainsi, “La route vers le bonheur” propose des cours pour devenir autonome financièrement et acquérir un savoir en vue d’un développement personnel. Ce n’est qu’en menant une enquête un peu plus approfondie que les liens unissant cette structure à la Scientologie apparaissent.
Le Centre Israélien des victimes des sectes reçoit des centaines d’appels à l’aide par an. En Israël comme en France ou ailleurs, la Scientologie cause des dégâts importants particulièrement chez les personnes les plus fragiles. Selon Danit Keren, la Scientologie est une secte dangereuse parce qu’elle « exploite les personnes financièrement, exerce des pressions psychologiques fortes et entraîne parfois une dégradation de la santé. C’est un processus destructeur ! » Elle oblige notamment les nouveaux membres ou les simples auditeurs à interrompre leur traitement médical, particulièrement s’ils sont atteints de troubles psychologiques ou psychiatriques. Les pressions exercées sur les nouvelles recrues sont parfois très fortes. Danit Keren raconte le cas d’une jeune fille, victime de la Scientologie, qui fut obligée de payer des sommes astronomiques pour participer aux séminaires organisés par la secte, ce qui l’a contrainte à renoncer à entamer des études universitaires. Pour s’assurer de son engagement financier, un des membres de la secte l’accompagna même à sa banque pour la forcer à verser toutes ses économies au groupe. A l’issue de cette douloureuse expérience, la jeune fille fut internée en hôpital psychiatrique…
Source : Amos Lerah – JSSNews le Jun 1st, 2011