Sylvain Ponga, prêtre prédicateur jusqu’en 2008 de la communauté
controversée des Béatitudes – créé en 1973 à Montpellier par
Gérard Croissant, alias Éphraïm, qui l’a quittée en 2008 -, a failli être nommé par l’archevêque Pierre-Marie Carré dans le diocèse de Montpellier. Selon le Petit Babillard Sacerdotal, nouveau
bulletin de liaison confidentiel des ecclésiastiques, Sylvain Ponga faisait partie des quatre prêtres, «attendus pour cette année pastorale » et qui « sont bien arrivés». « Nous n’en voulons pas !» s’insurgent des fidèles. Face au tollé, Mgr Carré y a renoncé «fin octobre, quand on m’a dit l’inquiétude que ça suscitait. Le vicaire chargé d’écrire le bulletin ne le savait pas ». Ce prêtre devait donner des cours de christologie à
l’institut diocésain de formation à l’évêché. Mgr Carré le remplacera
au pied levé. Présenté comme l’une des nouvelles recrues africaines
(il vient du Gabon, où il avait créé son propre mouvement, lui aussi très
controversé, la Troisième vague), «Sylvain Ponga est l’ex-responsable d’Afriquede la communauté des Béatitudes où il se faisait appeler père Silouane », précise un ancien membre. « Ce n’est pas un péché
d’être sorti des Béatitudes! » Mgr Carré, archevêque
Ce prêtre est sous le coup d’une lourde peine ecclésiastique prise en 2008: il est interdit de ministère pour cinq ans
par… Mgr Carré lorsqu’il était évêque d’Albi. Mgr Carré avait mis le prêtre à pied pour «un peu de tout»: «Des questions de moeurs, de prédication et de soi-disant guérisons miraculeuses. La peine, rétroactive, a en fait débuté en 2007. Il l’a suivie, croyez-moi.»
Même si Sylvain Ponga a, selon l’église, repris le droit chemin, «il ne viendra jamais dans l’Hérault », assure Mgr Carré. Idem pour soeur Blandine, l’une de ses secrétaires: elle a occupé elle aussi un poste clé aux Béatitudes. « Elle en est sortie en 2001», affirme l’archevêque,
qui l’a embauchée peu de temps après en 2002 à Albi. Elle l’a rejoint à Montpellier «pour sa grande expérience de douze ans auprès d’un évêque à Toulon, mort depuis, et qui en avait même fait son exécuteur testamentaire. C’est dire.
Et puis ce n’est pas un péché d’être sorti des Béatitudes! D’autre part,
est-ce qu’il y aura un espoir de rédemption pour Sylvain Bonga, quand il
aura purgé sa peine ?» C’est dans ce contexte que, le 30 novembre, le tribunal de Rodez jugera Pierre-Étienne Albert, en présence d’une dizaine de parties civiles. Cet ex-religieux des Béatitudes, est soupçonné
d’avoir agressé sexuellement une quarantaine de mineurs.
Soeur Blandine, l’une des secrétaires de Mgr Carré, le connaît bien: tous deux étaient entre 2000 et 2001 à Cordes- sur-Ciel (Tarn), le siège des Béatitudes.
Le Centre contre les manipulations mentales, qui oeuvre avec la Miviludes, accompagne « plus de cent victimes des Béatitudes », confie Annie Guibert, la présidente.
Sylvain Ponga est injoignable, même à l’université de Strasbourg où il prépare un diplôme de théologie.

Source : OLIVIER SCHLAMA
oschlama@midilibre.com

Lundi dernier, sur Canal + dans le documentaire Les Béatitudes, une
secte aux portes du Vatican ?, Georges Fennec, président de la
Miviludes (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) était sans ambiguïté. « Il y a des dérives sectaires, porteuses de dangers. Avec abandons de biens, travail dissimulé. Les adeptes sont totalement dépendants de la communauté. » Sur le site de l’église catholique, l’émissaire du Vatican, Henri Donneaud, envoyé aux Béatitudes il y a un an, pour faire le ménage, a réagi, mercredi, par un communiqué sévère envers les ex-pontes de la communauté présente dans trente pays, et qui occupe vingt maisons en France, y compris à Pont-Saint-Esprit (Gard) et à l’abbaye du Canigou (P-O). « Sylvain Ponga a joué un rôle important aux Béatitudes qui commence à changer. Cette affaire est consternante. Mais il y a 95 % d’innocents », précise-t-il au téléphone.